JÉRUSALEM : Le chef de la diplomatie bahreïnie, Abdellatif al-Zayani, a plaidé mercredi pour la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens lors de la première visite officielle en Israël et à Jérusalem d'un ministre de cette monarchie du Golfe qui vient de normaliser ses relations avec l'État hébreu.
Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient signé en septembre à Washington des accords de normalisation de leurs relations avec Israël, une initiative qualifiée de « trahison » par les Palestiniens.
Ces derniers considèrent que la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe n'est envisageable qu'après un accord de paix israélo-palestinien et non l'inverse.
Or, à l'occasion de la première visite officielle d'un ministre de Bahreïn en Israël, M. Zayani a suggéré que la normalisation en cours des relations entre l'État hébreu et des pays arabes devait aussi inclure une solution « viable » au conflit israélo-palestinien.
« Je suis confiant que cette coopération naissante entre Bahreïn et Israël ouvrira la voie à une paix pour l'ensemble du Moyen-Orient et je continue de souligner dans toutes mes rencontres afin d'atteindre et consolider cette paix, le conflit israélo-palestinien doit être résolu », a déclaré M. Zayani.
« J'appelle donc les deux parties à s'asseoir à la table des négociations afin d'aboutir à une solution viable à deux États », une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, a déclaré M. Zayani lors d'un point de presse à Jérusalem avec le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Les derniers pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens avaient avorté en 2014. Ces derniers mois, les Israéliens ont proposé de discuter avec les Palestiniens sur la base du plan Trump qui prévoit non seulement de faire de Jérusalem la capitale d'Israël mais l'annexion près de 30% de la Cisjordanie par l'État hébreu.
Mais les Palestiniens ont rejeté le plan Trump, qu'ils jugent trop favorables à Israël, et plutôt proposé de reprendre les négociations là où elles avaient achoppé en 2014, soit sous l'égide du Quartette (ONU, UE, Russie, USA) ou simplement de relancer la coordination sécuritaire avec Israël gelée depuis des mois.
Mardi soir, les Palestiniens ont annoncé la reprise de cette coordination sécuritaire - qu'ils avaient eux-mêmes suspendue en mai pour protester contre les projets d'annexion de pans de la Cisjordanie par l'État hébreu - sans pour autant se lancer dans des pourparlers de paix.
Ambassades
Lors de sa visite à Jérusalem, le chef de la diplomatie de Bahreïn et son homologue israélien Gabi Ashkenazi ont annoncé l'ouverture sous peu d'une ambassade bahreïnie en Israël et d'une ambassade israélienne à Manama, capitale de cette monarchie du Golfe.
« J'espère que d'ici la fin de l'année nous pourrons tenir des cérémonies pour marquer ces inaugurations dans les deux pays », a déclaré M. Ashkenazi, disant vouloir profiter d'une visite possible à Bahreïn le mois prochain pour y inaugurer déjà une ambassade d'Israël.
Les demandes pour ouvrir une ambassade israélienne à Bahreïn et une ambassade bahreïnie en Israël ont été « approuvées », a confirmé M. Zayani, disant souhaiter des ouvertures « relativement rapides ».
Outre les ambassades, M. Ashkenazi a indiqué qu'à partir du 1er décembre les citoyens de Bahreïn pourront demander en ligne un visa pour visiter Israël et Jérusalem, ville dont la partie orientale a été annexée par l'Etat hébreu en 1967.
Monarchie arabe du Golfe où siège la Ve flotte américaine, le petit royaume de Bahreïn est devenu le quatrième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël, après les Émirats, l'Égypte (1979) et la Jordanie (1994), mais avant le Soudan qui a annoncé ce rapprochement avec Israël en octobre.
M. Zayani a d'ailleurs rendu hommage à Anouar al-Sadate, défunt président égyptien, pour avoir été le premier leader d'un pays arabe à se rendre officiellement en Israël, le 19 novembre 1977, « plantant ainsi la graine de la paix régionale que nous cultivons aujourd'hui ».