Iran: le régime confronté à une implacable volonté de changement

Les gens participent à une manifestation contre l'exécution du footballeur iranien Amir Nasr-Azadani -condamné à mort dans le cadre de manifestations après la mort de Mahsa Amini- et pour exiger le droit de l'homme en Iran, devant l'ambassade d'Iran à Mexico le 19 décembre 2022. (AFP)
Les gens participent à une manifestation contre l'exécution du footballeur iranien Amir Nasr-Azadani -condamné à mort dans le cadre de manifestations après la mort de Mahsa Amini- et pour exiger le droit de l'homme en Iran, devant l'ambassade d'Iran à Mexico le 19 décembre 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 28 décembre 2022

Iran: le régime confronté à une implacable volonté de changement

  • Le régime est incapable de mettre fin à ce mouvement populaire et «il n'y a pas de retour en arrière possible», a déclaré Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l'IHR
  • Pourtant, «en 43 ans d'histoire, jamais le régime iranien n'a semblé aussi vulnérable», a déclaré un spécialiste de l'Iran au Carnegie Endowment for International Peace

PARIS: Plus de 100 jours de manifestations en Iran ont brisé des tabous et touché aux fondements idéologiques de la République islamique dont les dirigeants sont confrontés à une implacable volonté de changement en dépit d'une répression féroce.

Les manifestations qui ont éclaté mi-septembre à la suite de la mort en garde à vue de Mahsa Amini, 22 ans, sont le reflet d'une colère face aux difficultés économiques et aux restrictions sociales, estiment des analystes.

Depuis ses débuts en 1979, la République islamique d'Iran a été régulièrement secouée par des manifestations. Mais ce mouvement est inédit de par sa durée et de l'étendue de la contestation à toutes les provinces du pays, de la participation de différents groupes ethniques et classes sociales et des appels directs à la fin du régime.

Des portraits du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, ont été brûlés, des femmes ont ouvertement défilé dans les rues sans foulard et des manifestants ont défié les forces de sécurité.

Les autorités iraniennes accusent des puissances étrangères hostiles d'attiser les "émeutes", notamment les Etats-Unis, ennemi juré de Téhéran, mais aussi d'autres nations occidentales comme le Royaume-Uni ou la France, ainsi que des groupes d'opposition en exil.

Point d'orgue de la répression, l'Iran a exécuté en décembre deux personnes en lien avec les manifestations, s'attirant les foudres de la communauté internationale et de nouvelles sanctions.

«Exécutions»

Début décembre, le procureur général d'Iran a annoncé que la police des mœurs avait été abolie. Cette unité redoutée était à l'origine de l'arrestation de Mahsa Amini à Téhéran pour infraction au code vestimentaire strict imposé aux femmes. Mais la déclaration du procureur avait été accueillie aussitôt avec scepticisme par des militants, compte tenu du maintien de l'obligation pour les femmes de porter le voile islamique en public.

Il n'y a pas eu de "réel changement" et les femmes sont toujours "punies d'une autre manière", a déclaré à l'AFP Shadi Sadr, fondatrice de l'ONG Justice for Iran, basée à Londres. Et cela n'a rien changé à la principale revendication du mouvement: "Les manifestants veulent la fin de la République islamique", a-t-elle souligné.

Même si leur ampleur a pu diminuer ces dernières semaines, les manifestations se poursuivent "tous les jours dans tout le pays", affirme l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

Le régime est incapable de mettre fin à ce mouvement populaire et "il n'y a pas de retour en arrière possible", a déclaré à l'AFP Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l'IHR.

Des ONG accusent les autorités de commettre des violations flagrantes des droits humains depuis le début du mouvement, relevant notamment des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements à l'étranger et la prise en otage de ressortissants étrangers dans le pays.

Déjà en désaccord avec les puissances occidentales au sujet de son programme nucléaire, l'Iran est en outre le pays qui exécute le plus de condamnés à mort hormis la Chine, relève Amnesty International. Plus de 500 personnes ont été exécutées rien que cette année, détaille l'IHR.

Par ailleurs, l'Iran s'est rapproché de Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine fin février et fournit des drones bon marché aux forces russes, alors que Kiev bénéficie de son côté d'une aide militaire et humanitaire de l'Occident.

«Jamais aussi vulnérable»

Pourtant, "en 43 ans d'histoire, jamais le régime iranien n'a semblé aussi vulnérable", a déclaré Karim Sadjadpour, spécialiste de l'Iran au Carnegie Endowment for International Peace.

Au moins 476 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis mi-septembre, selon l'IHR. Environ 14.000 personnes ont été arrêtées, selon les Nations unies, parmi lesquelles plusieurs personnalités qui ont soutenu le mouvement de protestation, comme l'acteur Taraneh Alidoosti et le rappeur Toomaj Salehi, qui risquent la peine de mort s'ils sont condamnés.

Outre les exécutions de Mohsen Shekari et de Majidreza Rahnavard, neuf autres personnes ont été condamnées à mort, dont deux ont obtenu un nouveau procès.

Pour Kasra Aarabi, spécialiste de l'Iran à l'Institut Tony Blair, les manifestants pensent "qu'ils sont au milieu d'une révolution et qu'il n'y a pas de retour en arrière" possible.

Selon lui, ils s'inspirent de plusieurs figures de proue du mouvement comme Hossein Ronaghi, militant pour la liberté d'expression, et le dissident Majid Tavakoli, tous deux remis en liberté après leur arrestation, ainsi que la militante des droits des femmes Fatemeh Sepehri, qui est elle toujours détenue.

"Je suis sûre que nous allons gagner", a déclaré de son côté la militante des droits humains Narges Mohammadi, qui était en détention avant même le début des manifestations, dans un message depuis la prison d'Evine de Téhéran, transmis par sa famille au Parlement européen.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.