Le festival Riyadh Season 2022, une bouffée d'art, de culture et de divertissement

Le festival Riyadh Season qui a démarré en octobre a accueilli jusqu'à présent plus de 6 millions de visiteurs venus du monde entier (Photo fournie).
Le festival Riyadh Season qui a démarré en octobre a accueilli jusqu'à présent plus de 6 millions de visiteurs venus du monde entier (Photo fournie).
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Publié le Lundi 26 décembre 2022

Le festival Riyadh Season 2022, une bouffée d'art, de culture et de divertissement

  • Le nombre d'attractions a doublé cette année
  • Le festival a permis de générer des milliers d'emplois pour les jeunes Saoudiens

RIYAD: La troisième édition du festival Riyadh Season, la plus grande et la plus animée à ce jour, célèbre l'art et la culture dans la capitale comme jamais auparavant dans le Royaume.

Selon Turki al-Sheikh, président de l'Autorité générale du divertissement, le festival Riyadh Season de cette année comprend plus de 8 500 activités et expériences différentes dans 15 zones diverses.

On y trouve notamment le plus grand lac artificiel du monde, un système de téléphérique et des espaces de détente, sans compter le Cirque du Soleil.

Le festival compte également 252 restaurants et cafés, 240 magasins, huit spectacles internationaux, plus de 150 concerts, 108 expériences interactives, sept expositions mondiales, deux matchs de football internationaux, 17 pièces de théâtre saoudiennes et arabes et des événements de la World Wrestling Entertainment (WWE).

Il prévoit, en outre, la tenue de la Riyadh Season Cup, qui réunira l'équipe du Paris Saint-Germain et des stars des clubs de football Al-Hilal et Al-Nassr.

Pour couronner le tout, le festival propose 65 jours de feux d'artifice, plusieurs pièces de théâtre saoudiennes et arabes, des concerts, des expositions locales et internationales dans les domaines de l'animation, des parfums et des jeux, ainsi qu'une variété d'événements pour les familles, les adultes et les enfants.

Le festival est divisé en plusieurs zones dont Boulevard World, Boulevard Riyadh City, Winter Wonderland, Al-Murabaa, Sky Riyadh, Via Riyadh, Riyadh Zoo, Little Riyadh, The Groves, Imagination Park, Al-Suwaidi Park, Souq Al-Zel, Qariat Zaman, Fan Festival et Riyadh Front.

Par exemple, Winter Wonderland est l'une des dizaines d'activités organisées dans la capitale depuis le lancement de Riyadh Season le 21 octobre.

Ce parc d'attractions, situé en plein cœur de Riyad, a attiré des milliers de personnes pour sa troisième édition, devenant l'une des attractions les plus populaires de la capitale.

Winter Wonderland, traditionnellement organisé de mi-novembre à mi-janvier à Hyde Park à Londres, a été inauguré à Riyad en 2019 pour la première édition du festival de la capitale.

La version de Riyad comporte un parc à thème de 37 hectares dans le King Abdullah Financial District avec plus de 80 manèges sur le thème de l'hiver, cinq nouveaux jeux et la plus grande patinoire du Moyen-Orient.

EN BREF

- Le festival Riyadh Season propose une variété d'événements et d'expériences dans ses nombreuses zones, notamment des concerts, des expositions locales et internationales, des représentations théâtrales, des spectacles du Cirque du Soleil et de la WWE, des feux d'artifice et des tournois de football. Il compte également des restaurants et des cafés, des salons et un large éventail d'activités interactives adaptées aux personnes de tous les âges.

- La troisième édition de Riyadh Season comprend 15 zones de divertissement diverses et dispose du plus grand lac artificiel du monde, des téléphériques et des événements sportifs tels que la Riyadh Season Cup, qui réunira l'équipe de football du Paris Saint-Germain et des stars des clubs Al-Hilal et Al-Nassr.

- Les zones sont les suivantes: Boulevard World, Boulevard Riyadh City, Winter Wonderland, Al-Murabaa, Sky Riyadh, Via Riyadh, Riyadh Zoo, Little Riyadh, The Groves, Imagination Park, Al-Suwaidi Park, Souq Al-Zel, Qariat Zaman, Fan Festival et Riyadh Front.

«L'industrie du divertissement est l'un des instruments dont se sert l'Arabie saoudite pour concrétiser ses ambitions pour 2030», a indiqué à Arab News Ahmed al-Refaie, responsable de projet du Winter Wonderland.

«Nous avons conçu Winter Wonderland cette année en le divisant en cinq zones différentes destinées aux enfants et aux familles, et nous avons augmenté notre capacité grâce à un plan d'étage élargi qui nous permet d'accueillir jusqu'à 25 000 visiteurs par jour.»

L'événement de cette année compte 35 points de restauration et 20 boutiques. Selon, M. Al-Refaie, Winter Wonderland, comme d'autres événements du Riyadh Season, ne se contente pas de divertir des milliers de citoyens et de visiteurs étrangers, mais permet  également de créer des emplois pour les jeunes Saoudiens.

«Nous avons plus de 3 400 employés qui travaillent cette année sur l'événement», a-t-il déclaré à Arab News. «Nous avons beaucoup plus de visiteurs internationaux cette année, grâce à l'augmentation du nombre d'événements en Arabie saoudite mais aussi grâce à la Coupe du monde.»

Une autre attraction phare du festival est Boulevard World, qui offre un voyage autour du monde sans jamais quitter l'Arabie saoudite.

La zone, qui a ouvert à Hittin le 21 novembre, propose de faire l'expérience de neuf pays différents: la France, la Chine, le Mexique, les États-Unis, l'Inde, le Maroc, l'Espagne, l'Italie et la Grèce.

Boulevard Pier surplombe un immense lac artificiel et des manèges, dont Sky Loop, Star Flyer et Jumpoline.

Les amateurs de jeux trouveront une version grandeur nature du Monopoly et la plus grande attraction d'animé au monde, Anime Town, semblable à une ville japonaise colorée, avec des rues et des zones nommées Animeverse Street, Tokyo Real Nakamise, Neo Scramble Crossing et Matsuri Garden.

Ceux qui souhaitent s'amuser en altitude peuvent également profiter d’un vol en montgolfière.

Depuis que l'Arabie saoudite a rouvert les cinémas en 2018, les options de divertissement, de films et d'expériences cinématographiques se sont multipliées dans le pays.

VOX Cinema, qui connaît la croissance la plus rapide au Moyen-Orient sous l'égide de Majid al-Futtaim, participe à Riyadh Season grâce à un accord de parrainage avec Mrsool Park, qui accueille un large éventail d'événements sportifs et de divertissement.

«Nous fournissons aux salons Platinum et Sports notre service de restauration principal pour offrir aux clients une expérience culinaire de haut niveau», a déclaré à Arab News Mohammed al-Hashemi, directeur de Majid al-Futtaim Leisure, Entertainment, Cinemas & Lifestyle en Arabie Saoudite.

VOX Cinemas, a-t-il ajouté, mène également une campagne de cash-back en partenariat avec STC Pay dans la zone Riyadh Boulevard afin que ses clients puissent profiter d'un meilleur rapport qualité-prix sur leurs expériences de divertissement préférées.

«Le divertissement devient rapidement un pilier essentiel de l'économie du Royaume, et Majid al-Futtaim Leisure, Entertainment & Cinemas maintient son engagement à investir dans l'avenir prospère de l'Arabie saoudite» , a ajouté M. Al-Hashemi. «Nous sommes fiers de participer à Riyadh Seasons, étant donné notre engagement commun à développer un secteur du divertissement florissant.»

M. Al-Hashemi a déclaré que l'ouverture progressive du secteur du divertissement est l'une des nombreuses forces motrices du changement social et économique en Arabie saoudite. «Elle a également jeté les bases d'une croissance à long terme et alimenté un projet ambitieux d'attractions de loisirs et de divertissement.»

«Alors que le marché du divertissement est relativement récent en Arabie saoudite, il évolue à un rythme rapide pour devenir une puissance mondiale en matière de loisirs et de divertissement et est prêt à connaître une expansion sans précédent», a-t-il ajouté.

Cette croissance peut être observée à travers l'expansion de VOX Cinemas dans le Royaume au cours des cinq dernières années, qui, selon M. Al-Hashemi, «présente une énorme opportunité» pour la société.

Selon Comscore, société de mesure et d'analyse des médias, l'Arabie saoudite est en passe de devenir un marché du divertissement d'un milliard de dollars avant la fin de la décennie.

VOX Cinemas a construit une solide infrastructure intégrée aux loisirs et au divertissement à travers le Royaume avec un total de 154 écrans dans 15 cinémas répartis dans six villes. Il a également été le premier à introduire des multiplexes dans les six villes.

«Après avoir établi une présence à Riyad et Djeddah, nous avons intensifié nos efforts pour améliorer l'accès au divertissement dans de plus petites villes et avons apporté la magie du cinéma pour la première fois à Hail, Tabuk et Jubail», a déclaré M. Al-Hashemi.

En 2023, VOX Cinemas étendra sa présence dans le Royaume avec trois nouvelles implantations à Riyad et à Djeddah. À l'instar des objectifs de la Vision 2030 en matière de divertissement et d'emploi, VOX Cinemas développe également son offre en privilégiant la création d'emplois pour les jeunes Saoudiens.

En septembre, il a ouvert Dreamscape Virtual Reality à Riyad, qui propose toute une série de nouvelles expériences, dont certaines permettent même aux spectateurs de devenir leurs propres héros.

«Comme la moitié des résidents saoudiens ont moins de 30 ans, la demande en matière de divertissement est importante et continue de croître en Arabie saoudite», a expliqué M. Al-Hashemi.

Le festival se poursuit dans la capitale du Royaume avec ses innombrables activités destinées à stimuler l'imagination et donner la joie. La plupart s'accorderont à dire que l'édition de cette année, outre sa taille et son dynamisme, a su offrir quelque chose à tous, Saoudiens et visiteurs étrangers.

«Ce qui rend l'événement si spécial, c'est qu'il y a quelque chose pour tout le monde», a conclu M. Al-Hashemi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Quai Branly: la saga du fil d’or à travers les siècles

Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen Orient, dont l'Arabie saoudite, le Yémen, le Koweït ou autres, jusqu’à l’Inde et la Chine, l’exposition offre une parcours chargé de beauté et d’esthétisme, et de pédagogie. (Photo Arlette Khouri)
Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen Orient, dont l'Arabie saoudite, le Yémen, le Koweït ou autres, jusqu’à l’Inde et la Chine, l’exposition offre une parcours chargé de beauté et d’esthétisme, et de pédagogie. (Photo Arlette Khouri)
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  • Conçue pour retracer l’épopée de l’or, mis au service de l’élégance, l’exposition intitulée « Au fil de l’or, l’Art de se vêtir de l’Orient au Soleil- Levant » rend hommage à l’artisanat, à l’heure des machines et des nouvelles technologies
  • Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen Orient, dont l'Arabie saoudite, le Yémen, le Koweït ou autres, jusqu’à l’Inde et la Chine, l’exposition offre une parcours chargé de beauté et d’esthétisme, et de pédagogie

PARIS: Depuis la nuit des temps, l’or fascine l’humanité, symbolisant la richesse, la beauté et la puissance. 

Aujourd’hui encore, il reste un signe de succès, de pérennité et de sécurité, ancré profondément dans l’imaginaire collectif. 

C’est une plongée dans l’histoire de l’or et son usage artisanal dans le textile que propose le musée Quai Branly-Jacques Chirac à ses visiteurs, jusqu’au 6 juillet prochain.

C’est surtout un éblouissant voyage dans la matière, le temps, et les géographies, selon les termes utilisés par le directeur du musée Emmanuel Kasarhéou, dans le préambule du catalogue de l’exposition.

Conçue pour retracer l’épopée de l’or, mis au service de l’élégance, l’exposition intitulée « Au fil de l’or, l’Art de se vêtir de l’Orient au Soleil- Levant » rend hommage à l’artisanat, à l’heure des machines et des nouvelles technologies.

Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen Orient, dont l'Arabie saoudite, le Yémen, le Koweït ou autres, jusqu’à l’Inde et la Chine, l’exposition offre une parcours chargé de beauté et d’esthétisme, et de pédagogie.

Au troisième millénaire avant notre ère, les orfèvres syriens mettent au point les premiers galons de fils d’or aplatis et tressés, marquant ainsi le début d’un artisanat textile d’exception.

Ainsi elle permet au visiteur d’apprendre que dès le cinquième millénaire avant notre ère, l’or est intégré aux premières étoffes de luxe, destinées aux souverains et aux classes dominantes. 

À l’origine, des pépites d’or martelées en fines feuilles sont cousues sur les vêtements des défunts, leur conférant un éclat éternel. 

Puis, au troisième millénaire avant notre ère, les orfèvres syriens mettent au point les premiers galons de fils d’or aplatis et tressés, marquant ainsi le début d’un artisanat textile d’exception.

Après la conquête du Maghreb par les Arabes au VIIe siècle, les populations adoptent de nouvelles influences textiles, inspirées de l’Orient musulman. 

Les Fatimides (909-1171), régnant sur l’Égypte et une partie du Moyen-Orient, établissent des manufactures royales à Mahdia (Tunisie), où sont tissées des étoffes somptueuses mêlant soie et or.

Avec l’expulsion des musulmans et des juifs d’Espagne en 1492, un renouveau de l’art textile s’opère au Maghreb, les exilés apportent avec eux leur savoir-faire et introduisent des vêtements somptueux, brodés d’or. 

Dès l’expansion musulmane du VIIe siècle, le goût du luxe et des riches étoffes se répand à travers l’Empire islamique, en Irak, en Égypte et en Perse, les ateliers de tissage produisent des étoffes somptueuses, agrémentées de fils d’or.

Les femmes de Fès, de Salé et de Tétouan adoptent ainsi le costume andalou, enrichi de soieries dorées et de caftans somptueux. 

Le chroniqueur espagnol Luis del Mármol (1524-1600) rapporte que les Marocaines, en particulier celles de la noblesse, arborent des robes blanches tissées d’or et de soie, reflétant une recherche de raffinement qui perdure jusqu’au XIXe siècle.

Dès l’expansion musulmane du VIIe siècle, le goût du luxe et des riches étoffes se répand à travers l’Empire islamique, en Irak, en Égypte et en Perse, les ateliers de tissage produisent des étoffes somptueuses, agrémentées de fils d’or.

Sous les Abbassides de Bagdad (750-1258), les vêtements des élites sont confectionnés à partir de tissus précieux appelés qasab, du lin orné d’or. 

En Égypte, les ateliers de Dabiq deviennent célèbres pour leurs étoffes luxueuses, plus tard, sous l’Empire ottoman, la broderie d’or se généralise dans les costumes des classes aristocratiques.

Dans la péninsule Arabique, le commerce maritime et les échanges avec l’Inde et la Chine favorisent l’introduction d’étoffes précieuses. 

Dès le IXe siècle, des soieries et brocarts tramés d’or affluent vers les grands ports arabes, où ils sont prisés par les élites locales.

Si les femmes bédouines privilégient des habits simples en laine ou en coton, les épouses des émirs et des notables arborent des robes somptueuses brodées d’or. 

Aujourd’hui encore, ces robes d’apparat demeurent emblématiques dans la culture vestimentaire des pays du Golfe.

Connues sous différentes appellations—thob al-hashimi, thob al-nashal, ou encore thob al-mukhattam, elles conservent leur coupe ample et leurs superbes broderies dorées, perpétuant une tradition séculaire.

L’héritage des étoffes dorées trouve un écho dans le travail de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, dont les créations contemporaines et spectaculaires, ponctuent les différentes sections de l’exposition.

Un étalage de merveilles qui séduit les visiteurs de tout âge, et un plaisir assuré pour le regard et l’esprit.

 


L'art contemporain à l'honneur à la Biennale des arts islamiques

Réparties dans plusieurs galeries intérieures et intégrées dans des espaces extérieurs, les œuvres contemporaines sont intégrées de manière transparente dans le paysage de la Biennale, aux côtés d'artefacts anciens. (AN)
Réparties dans plusieurs galeries intérieures et intégrées dans des espaces extérieurs, les œuvres contemporaines sont intégrées de manière transparente dans le paysage de la Biennale, aux côtés d'artefacts anciens. (AN)
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  • Le commissaire de l’exposition Muhannad Shono explique comment les œuvres contemporaines établissent un lien entre le présent, le passé et l'avenir
  • De nombreux artistes ont été également présents lors du vernissage, échangeant avec les visiteurs. "L'art ne se résume pas à exposer des œuvres ; il s'agit de vivre des expériences, de partager des émotions. Il répond à votre présence, il réagit à vous"

DJEDDAH : « Le rôle de l'art contemporain est de servir de lien entre le passé, notre présent et l'imagination de notre avenir », a déclaré Muhannad Shono, commissaire de l’exposition pour l’art contemporain à la deuxième Biennale des arts islamiques de Djeddah, qui s'est ouverte en janvier et se poursuivra jusqu'en mai.

La section de la biennale consacrée à M. Shono présente 30 nouvelles commandes d'artistes locaux et internationaux "donnant forme au thème" qui, cette année, est "Et Tout Ce Qui Est Entre Les Deux", tiré d'un verset du Coran : « Il guide les artistes et le public dans leur réflexion sur les espaces qui existent entre les frontières connues, qu'elles soient physiques, spirituelles ou conceptuelles ». 

Réparties dans plusieurs galeries intérieures et intégrées dans des espaces extérieurs, les œuvres contemporaines sont intégrées de manière transparente dans le paysage de la Biennale, aux côtés d'artefacts anciens.

Un exemple frappant se trouve dans la section AlMidhallah, où l'installation de l'artiste japonais Takashi Kuribayashi, "Barrels", présente une formation de barils de pétrole d'où émerge un arbre, avec des miroirs réfléchissants qui brouillent la ligne entre les éléments artificiels et naturels.  

L'installation "Zubaydah Trail (Between Sacred Cities)" de l'artiste pakistanais Imran Qureshi est un espace immersif où les visiteurs sont invités à enlever leurs chaussures, à s'asseoir et à réfléchir entre les pavillons de la biennale de La Mecque et de Médine. Des bandes de couleurs saturées et vibrantes donnent à l'espace une impression à la fois ludique et sérieuse. Chaque couleur et chaque forme ont une signification symbolique - le motif en zigzag représente l'eau qui coule du puits Zamzam de La Mecque, tandis que la teinte verte évoque la tranquillité de Médine.

Il y a beaucoup d'autres œuvres magnifiques, comme "What I Heard in the Valley" de l'artiste saoudien Bilal Allaf, qui s'inspire du Sa'i, la marche rituelle effectuée par les pèlerins lors du Hajj et de l'Umrah.

"Le thème général de la biennale est interprété dans cinq galeries et, bien sûr, dans les interprétations contemporaines", explique le directeur artistique de la biennale, Abdul Rahman Azzam. L'art contemporain sert ici de pont, comme l'a suggéré M. Shono, reliant le passé, le présent et le futur.

« AlBidaya », qui se traduit par « le commencement », est l'une des galeries où ce concept prend vie, explorant les liens émotionnels entre les objets et les idées.

« Au début, nous nous concentrions sur les cieux et la terre. Mais nous avons ensuite réalisé que le véritable pouvoir et le potentiel de cette biennale étaient "tout ce qui se trouve entre les deux" », explique M. Shono à Arab News. « Cette idée d'un espace inclusif, expansif, stratifié, transformateur, liminal, qui ne s'intéresse pas à ses bords, qui ne se concentre pas sur les options binaires du bien et du mal, de la lumière et de l'obscurité, du bien et du mal. Il s'intéresse davantage à ce nouvel espace que nous explorons ».

M. Shono est l'un des artistes vedettes de la première Biennale des arts islamiques en 2023. Cette fois-ci, son rôle est très différent, mais c'est une occasion qu'il a saisie sans réserve.

« J'ai répondu sans hésiter et me suis entièrement consacré au travail », déclare-t-il. « C'est un changement de priorités, un tournant par rapport à ce que je pensais être mon année, et cela consiste avant tout à m'investir pleinement dans le processus, dans l'action. »

« Le plus surprenant dans cette préparation, c'est qu'elle m'a semblé naturelle. (Je voulais m'assurer que je traversais cette épreuve avec le sourire, et comme j'avais vécu l'édition précédente, je savais à quoi cela allait ressembler. Ce n'était donc pas une tentative de surpasser quoi que ce soit ou de rivaliser avec quoi que ce soit, mais plutôt de le faire honnêtement et naturellement, comme je le ferais pour mon propre travail », a-t-il ajouté. 

Ce qui est particulièrement important pour lui en tant que commissaire d'exposition, c’est de travailler avec des artistes saoudiens plus jeunes et des voix émergentes.

Le mot "changement" est très utilisé ici en Arabie saoudite et la Biennale incarne vraiment cela, en apportant le passé - qui était très rigide... qui ne voulait pas être négocié, qui ne voulait pas changer son récit ou les paramètres de ses définitions et de son espace - et en apportant des pensées contemporaines incarnées dans des pratiques artistiques contemporaines, dont le rôle est de remettre en question, de penser latéralement, de réimaginer, de réinterpréter", explique-t-il. "C'est un grand témoignage de ce que le pays traverse. C'est pourquoi, lorsque j'ai été invité, j'ai vraiment voulu le faire - cela correspond à mon travail et je veux l'étendre au rôle de commissaire de l'exposition".

De nombreux artistes ont été également présents lors du vernissage, échangeant avec les visiteurs. "L'art ne se résume pas à exposer des œuvres ; il s'agit de vivre des expériences, de partager des émotions. Il répond à votre présence, il réagit à vous", déclare M. Shono.

Il se réjouit de voir autant de visiteurs désireux de découvrir la scène artistique saoudienne. Pour lui, l'expérience parle d'elle-même.

"Chaque visite, chaque personne qui fait ce saut dans la foi - au-delà des stéréotypes - apporte un changement, fait l'expérience de quelque chose d'irréversible parce que vous entrez réellement en contact avec la vérité, avec les gens, leur vie, leur générosité, leur authenticité", déclare-t-il.

S'il est le conservateur des espaces, il ne veut pas être le conservateur des impressions.

« Je pense que la plupart des gens viennent ici et voient par eux-mêmes ce qui se passe dans ce pays », affirme-t-il. « J'ai grandi ici en Arabie saoudite, alors voir un pays traverser cette expérience de changement social très enracinée... il est important qu'elle réussisse, non seulement pour le bien de ce pays, mais aussi pour celui de toute la région ».