Une pénurie de carburant accable les Syriens épuisés par la guerre

Un jeune travailleur syrien vend des poêles à l'approche de l'hiver à Raqqa, qui a connu certains des pires combats du conflit (Photo, AFP).
Un jeune travailleur syrien vend des poêles à l'approche de l'hiver à Raqqa, qui a connu certains des pires combats du conflit (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 26 décembre 2022

Une pénurie de carburant accable les Syriens épuisés par la guerre

  • La dernière crise, qui a éclaté début décembre, a paralysé la vie dans les zones contrôlées par le régime
  • Selon les experts, les sanctions ont appauvri la population sans pour autant favoriser la paix en Syrie

LONDRES: «La Syrie est morte, elle attend désespérément que quelqu'un la débranche». C'est ainsi que Nour, une nutritionniste de 26 ans originaire de Homs, a résumé la situation dans son pays, plus de dix ans après le début de la guerre civile et alors que la crise économique s'aggrave.

La pénurie de carburant, qui s'est renforcée avec l'arrivée de l'hiver, a paralysé la vie dans les zones contrôlées par le régime en Syrie, y compris dans la capitale Damas, obligeant les autorités à suspendre ou à réduire de nombreux services publics essentiels.

Le 5 décembre, le gouvernement a presque doublé le prix du carburant en une nuit. Les coupures de courant quotidiennes durent désormais vingt-deux heures en moyenne, même dans les quartiers chics de la capitale. De nombreux habitants n'ont pas les moyens de chauffer leur maison avec la chute des températures hivernales.

Des Syriens font la queue pour remplir leur réservoir dans un contexte de crise du carburant qui entraîne une dégradation du niveau de vie (Photo, AFP).

Malgré l'apaisement des combats entre le gouvernement et les factions rebelles ces dernières années, la Syrie reste confrontée à l'une des plus grandes crises humanitaires au monde, avec des millions de civils toujours déplacés, des infrastructures en ruines et une grande partie de la population vivant sous le seuil de pauvreté.

L'isolement de la Syrie s'est accentué depuis que les États-Unis ont imposé en 2020 les sanctions les plus sévères à l'encontre du régime du président Bachar Assad.

«La crise actuelle du carburant dans les zones contrôlées par le gouvernement n'est pas une nouveauté dans l'économie de conflit en Syrie», a déclaré à Arab News Mohammad al-Asadi, chercheur économiste basé en Allemagne au Syrian Center for Policy Research (SCPR).

Le SCPR a suivi plusieurs pénuries majeures de carburant depuis 2020, mais, selon M. Al-Asadi, «la pénurie actuelle est celle qui a le plus d'impact économique et social ces deux dernières années».

Le ministère syrien du Commerce intérieur a récemment annoncé son intention de vendre le diesel industriel et commercial à 5 400 livres syriennes le litre – contre 2 500 livres syriennes fin novembre – tandis que l'essence sera vendue à 4 900 livres syriennes le litre.

Le prix du carburant distribué par l'entreprise publique Syrian Petroleum Company restera à 2 500 livres syriennes par litre.

La demande contenue de carburant a eu un impact négatif sur la valeur de la livre syrienne, qui a atteint un nouveau record à la baisse le 10 décembre.

Le taux de change du dollar sur le marché noir a dépassé pour la première fois les 6 000 livres syriennes, tandis que le taux de la banque centrale s'est établi à 3 015 livres syriennes. En 2011, au début de la guerre civile, le taux officiel se chiffrait à 47 livres syriennes.

Selon les rapports, les pénuries de diesel et d'essence ont entraîné une forte affluence dans les terminaux de bus à Damas et dans les zones périphériques, car le gouvernement a réduit les allocations de carburant pour les services de minibus – le moyen de transport le moins cher dont disposent les Syriens.

«Après 13 heures, les minibus cessent de circuler, et nous prenons n'importe quel véhicule que nous trouvons sur la route pour rentrer chez nous», explique Nour. «Les passagers se battent parfois à coups de poing pour les sièges dans les minibus et les taxis collectifs.»

Khaled, un étudiant en comptabilité de 21 ans qui n'a communiqué que son prénom, gagne environ 50 000 livres syriennes par mois en tant que serveur. Un voyage en taxi collectif de Zabadani, dans le Rif Dimashq, à l'autoroute de Mezzeh à Damas – une distance de seulement 48 km – lui a coûté 6 800 livres syriennes au début du mois.

En revanche, «j'ai payé 3 300 pour le même trajet à la mi-novembre», a-t-il indiqué à Arab News.

En pratique, l'inflation élevée s'est traduite par une crise du coût de la vie, avec une augmentation généralisée des prix des biens mais une stagnation des salaires réels.

«Un programmeur informatique peut gagner environ 800 000 livres par mois dans le secteur privé, mais cela suffit à peine à payer le loyer, les produits de base et les frais de transport», explique à Arab News un journaliste de Damas, qui a requis l'anonymat.

En décembre 2021, le salaire minimum de l'État était d'environ 93 000 livres syriennes, selon Shaam Times, un site d'information affilié au gouvernement.

M. Al-Asadi, chercheur au SCPR, s'attend à ce que la pénurie nationale de carburant «dure aussi longtemps que durera la fragmentation du pays à plusieurs niveaux» – un état de fait auquel, selon lui, les autorités ont peu de chances de remédier.

Un Syrien remplit un bidon de diesel qu'il vend au bord d'une route, alors que le nord-est de la Syrie connaît une crise du carburant (Photo, AFP).

«Aucun des pouvoirs politiques locaux en Syrie n'a fait de réels efforts pour venir à bout des profonds défis socio-économiques auxquels le pays est confronté, notamment les pénuries d'énergie et de carburant», a-t-il déclaré à Arab News.

«Après 12 ans de conflit, la plupart des efforts sont encore consacrés à diriger les ressources financières, physiques et humaines restantes pour servir les activités liées à l'économie de guerre, au détriment du rétablissement du cycle économique normal fondé sur la production.»

«Par conséquent, les investissements dans des solutions énergétiques alternatives ont suscité peu d'intérêt au cours de la dernière décennie.»

Les revenus pétroliers représentaient entre 5 et 7 % du produit intérieur brut de la Syrie avant la guerre civile. Les réserves totales sont estimées à 2,5 milliards de barils, dont au moins 75 % dans les champs entourant Deir ez-Zor, en dehors de la sphère de contrôle du régime. 

Le régime Assad a accusé à plusieurs reprises les forces américaines déployées dans le nord-est du pays, à majorité kurde, de «piller» le pétrole syrien, aggravant ainsi la pénurie de carburant.

Le 1er décembre, l'agence de presse nationale syrienne SANA a affirmé qu'un convoi de 54 camions-citernes «chargés de pétrole pillé» avait été repéré à Al-Yaarubiyah, dans la province de Hasakah, alors qu'il traversait le poste frontière d'Al-Mahmudiyah en Irak.

Le nord-est de la Syrie est en grande partie autonome depuis que les forces du régime se sont retirées de la région en 2011 pour repousser le soulèvement qui a lieu ailleurs dans le pays. 

Au cours de l'été 2014, les militants de Daech ont exploité cette vacance du pouvoir, prenant le contrôle de plusieurs grandes villes, dont Raqqa, et de nombreux champs pétroliers lucratifs de la région.

«En l'absence d'un accord politique inclusif, les solutions définitives à ces pénuries sont encore loin», affirme Mohammad al-Asadi, chercheur économiste au Syrian Center for Policy Research (Photo fournie).

Une coalition de milices arabes et kurdes, appelée par la suite les Forces démocratiques syriennes, a rapidement délogé le groupe extrémiste avec le soutien militaire des États-Unis, prenant en charge les champs pétrolifères.

L'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES), qui a pris le contrôle de ces territoires, a commencé à vendre ce pétrole aux pays voisins et au régime Assad.

En 2019, le président Donald Trump a annoncé qu'il retirait les forces américaines du nord-est de la Syrie, tout en y laissant un petit contingent pour protéger le pétrole. 

Le même mois, il a été annoncé que des troupes américaines seraient déployées à Deir ez-Zor pour aider les FDS à préserver les champs pétroliers des mains de Daech.

Souvent incapable de s'assurer un approvisionnement suffisant en carburant auprès de ses alliés iraniens, le gouvernement Assad a fait pression sur l'AANES afin que celle-ci fournisse davantage de carburant aux zones tenues par le régime en bloquant l'approvisionnement de produits essentiels comme la nourriture, les médicaments et les matériaux de construction. 

Dans un rapport publié en 2021, le Washington Institute for Near East Policy a déclaré que bien que l'administration américaine ait nié avoir pillé le pétrole syrien, cette dernière a mis en œuvre un «plan moralement et juridiquement douteux», qui consiste à soutenir ses alliés kurdes en gardant le pétrole «hors des mains du régime Assad» et en «aidant à le raffiner et à le vendre».

Les spécialistes de la Syrie s'accordent généralement à dire que la modeste implication américaine n'est pas la cause première de la crise actuelle du carburant.

«Bien que les sanctions et le pillage du pétrole des régions orientales riches en pétrole vers la région voisine du Kurdistan irakien contribuent à aggraver la crise du carburant dans le pays, ces facteurs ne sont pas les plus importants», a déclaré M. Al-Asadi à Arab News.

«Les principaux responsables de la nouvelle crise du carburant – et de tous les défis socio-économiques similaires – ne peuvent être déconnectés de la nature de l'économie politique qui a prévalu dans le pays au cours de la dernière décennie, en particulier des aspects liés à la fragmentation politique, à la subordination à des acteurs politiques étrangers et à la domination par les alliés des principales ressources et opportunités d'investissement.»

Pire encore, les organisations humanitaires affirment que l'invasion russe de l'Ukraine en février dernier a relégué la crise humanitaire en Syrie au second plan.

Après avoir passé environ deux semaines en Syrie en novembre, Alena Douhan, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits de l'homme, a affirmé que les sanctions actuelles des États-Unis, de l'Union européenne et du Royaume-Uni «peuvent s'apparenter à des crimes contre l'humanité».

Un Syrien vend du carburant au bord de la route, dans la banlieue de Raqqa (Photo, AFP).

Mme Douhan a appelé à la levée immédiate des sanctions car elles «portent atteinte aux droits de l'homme et empêchent tout effort de redressement rapide».

Même certains critiques du régime Assad affirment que les sanctions économiques n'ont guère contribué à faire avancer les parties belligérantes de la Syrie vers une solution politique, tout en appauvrissant davantage la population.

«Le régime Assad n'est pas près de bouger, si bien que de nombreux observateurs s'interrogent de plus en plus sur l'utilité de sanctions qui nuisent non seulement au régime, mais aussi au peuple syrien», a déclaré à Arab News David Romano, professeur de politique du Moyen-Orient à la Missouri State University.

«Bien qu'il existe des dispositions prévoyant des dérogations à l'exportation de produits d'importance humanitaire pour le peuple syrien, dans la pratique, les sanctions américaines et européennes à l'encontre de la Syrie ont gravement nui à une économie déjà paralysée, à l'échelle du pays», a-t-il ajouté.

Le 5 décembre, les habitants de Suwayda, dans le sud-ouest de la Syrie, sont descendus dans la rue pour protester contre la dégradation du niveau de vie. La manifestation a rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité locales, faisant deux morts et huit blessés.

«On s'attend à ce que les souffrances des gens ordinaires augmentent», a déploré M. Al-Asadi. «(En particulier) les travailleurs qui dépendent principalement du transport pour assurer leur subsistance, comme les agriculteurs, les chauffeurs de taxi et de microbus, et les travailleurs du secteur de la livraison.»

En raison de la hausse des coûts de transport de nombreux biens et services couramment échangés, M. Al-Asadi s'attend à ce que les pénuries de carburant actuelles «durent au moins jusqu'à la mi-janvier 2023», que les pressions inflationnistes augmentent et que de nombreuses entreprises «soient confrontées à des interruptions majeures. «Bien que certains pétroliers devraient atteindre la Syrie au cours des prochaines semaines, les quantités fournies pourraient ne pas être suffisantes pour surmonter la crise.»

Au lieu de trouver des solutions à la crise du carburant, le gouvernement fait peser «le poids du conflit sur les ménages», a déclaré M. Al-Asadi à Arab News, ajoutant qu’«en l'absence d'un accord politique inclusif, les solutions définitives à ces pénuries sont encore loin».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
Short Url
  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
Short Url
  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".


Des progrès substantiels dans les négociations du Caire sur la trêve à Gaza

Un jeune garçon observe les parents de Palestiniens tués dans un bombardement israélien, pleurant près de leurs corps dans la cour de l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement Hamas. (AFP)
Un jeune garçon observe les parents de Palestiniens tués dans un bombardement israélien, pleurant près de leurs corps dans la cour de l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement Hamas. (AFP)
Short Url
  • La deuxième phase durera au moins six semaines, les deux parties acceptant de libérer un plus grand nombre d'otages et de prisonniers, et s'engageant également à un arrêt plus long des combats
  • Ahmed Moustafa, expert en sécurité et en politique, a déclaré à Arab News : « Selon mes informations, le Hamas a accepté la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ».

LE CAIRE : Les pourparlers au Caire entre une délégation du Hamas et des médiateurs égyptiens ont fait des progrès substantiels vers un cessez-le-feu à Gaza, selon une source de haut rang.

Cette source, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré à la chaîne d'information du Caire que les représentants du Hamas et une délégation égyptienne, chargée de la sécurité, étaient parvenus à un consensus sur de nombreux points litigieux.

Quelques heures avant l'arrivée de la délégation du Hamas au Caire samedi, le général Abbas Kamel, chef de la direction des renseignements généraux égyptiens, a reçu un appel téléphonique du chef du mouvement, Ismail Haniyeh, concernant les négociations.

Ahmed Moustafa, expert en sécurité et en politique, a déclaré à Arab News : « Selon mes informations, le Hamas a accepté la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ».

« Cela comprend la libération d'un certain nombre d'otages, avec l'assurance qu'Israël se retirera complètement de Gaza après 124 jours, à l'issue des trois étapes de l'accord majeur qui est coordonné ici au Caire ».

Moustafa a également déclaré que la délégation du Hamas au Caire devrait informer la partie égyptienne de son accord avec seulement des amendements mineurs.

« Je pense que le Hamas s'est mis d'accord sur certains termes avec les médiateurs égyptiens, et auparavant avec les médiateurs qataris sous les garanties américaines », a-t-il précisé.

Toutefois, Moustafa a indiqué que le refus d'Israël de mettre fin à la guerre à Gaza dans le cadre d'un accord sur les otages et sa détermination à éliminer ce qu'il reste du Hamas restent des « points de discorde majeurs ».

Selon Moustafa, un autre point de désaccord concerne l'autorisation de l'entrée dans l'enclave de matériaux à double usage, par exemple du matériel humanitaire qui pourrait également être utilisé à des fins de combat, tel le carburant.

Il a indiqué que la première phase, sur laquelle le Hamas « s'est provisoirement mis d'accord, durera jusqu'à 40 jours, au cours desquels 33 des plus de 100 otages israéliens détenus à Gaza depuis le 7 octobre seront libérés ».

La seconde phase durera au moins six semaines, les deux parties acceptant de libérer un plus grand nombre d'otages et de prisonniers et s'engageant également à interrompre plus longtemps les combats.

Aboud Jamal, chercheur en affaires palestiniennes, a déclaré à Arab News : « Le Hamas a annoncé vendredi soir que des accords avaient été conclus et qu'une délégation du mouvement se rendrait au Caire samedi pour obtenir un accord qui réponde aux exigences des Palestiniens ».

Jamal a ajouté : « Il est clair que les prochains jours devraient être marqués par un accord de cessez-le-feu et la libération de certains otages israéliens ».

« La seule question qui subsiste est celle de la position du gouvernement israélien, qui semble vouloir prolonger la guerre pour maintenir en place le gouvernement de (Benjamin) Netanyahou à la suite des récentes manifestations contre lui en Israël ».

Selon Jamal, le gouvernement israélien a tout intérêt à faire obstruction à tout accord.

« Ainsi, en envoyant sa délégation au Caire et en discutant de son acceptation des termes de l'accord potentiel par l'intermédiaire de médiateurs, le Hamas a devancé le gouvernement de Tel-Aviv, une initiative pour laquelle les dirigeants du mouvement doivent être félicités ».

Il a ajouté « qu’il semble que l'Égypte soit véritablement aux côtés du peuple palestinien et qu'elle soutienne la conclusion d'un accord garantissant un cessez-le-feu afin de sauver ce qui peut l'être de la vie des habitants de Gaza ».

« C'est ce qui ressort de la déclaration publiée par le Hamas avant que sa délégation de sécurité ne se rende au Caire, dans laquelle le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, dit apprécier le rôle joué par l'Égypte ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com