PARIS: Les Français pourront rentrer de vacances normalement après le Nouvel An, grâce à un accord entre la SNCF et ses syndicats vendredi, mais la trêve ne ramènera pas les trains supprimés ce week-end de Noël à cause de la grève d'un millier de contrôleurs.
"Le dialogue social permet toujours de trouver le meilleur chemin pour les salariés et les entreprises," a tweeté la Première ministre Elisabeth Borne, au lendemain d'une soirée de négociations longue de quatre heures pour trouver une issue rapide entre les quatre syndicats et la direction, qui avait été sommée par le gouvernement de trouver une issue.
Le collectif de contrôleurs à l'origine de la grève (CNA), ainsi que les deux syndicats SUD-Rail et CFDT, ont souligné dans un communiqué commun que "le conflit aurait pu être évité si les négociations avaient été plus importantes comme cela a été le cas hier soir" et se réjouissent "des avancées significatives" obtenues.
Parmi les mesures actées dans l'accord, la création d'une "direction des chefs de bord" afin d'être plus à l'écoute des problématiques qui pourraient surgir pour les contrôleurs.
La prime spécifique pour les contrôleurs va aussi passer de 600 à 720 euros et la direction s'est engagée à embaucher 200 contrôleurs supplémentaires en 2023, qui s'ajoutent aux 350 déjà prévus.
Enfin, des garanties de déroulement de carrière et de progression de salaires ont été promises par la direction.
Colère des voyageurs
Rien qui ne change la situation pour les 200 000 voyageurs, sur 800 000, qui ont vu leur train supprimé entre vendredi et dimanche.
"On était en vacances à Lille, on devait partir demain mais notre train est annulé", témoigne Johanna Lefevre, 36 ans, accompagnée de son mari et ses deux enfants en gare de Lille Flandres. "Comment rentrer chez nous? Si on devait prendre un nouveau billet, cela nous coûterait 500 euros de plus", expliquait vendredi la vacancière, qui tentait de monter dans un train direction Aix-en-Provence, sans billets.
Les trains se préparent plusieurs jours en avance et ne peuvent pas être reprogrammés du jour au lendemain, d'autant plus que les grévistes de Noël sont bien couverts par un préavis.
Dans les gares de France, les clients de la compagnie ferroviaire oscillaient entre fatalisme et agacement, mais dans le calme, les voyageurs "annulés" ayant été prévenus plusieurs jours en avance. A la gare de Lyon à Paris, les contrôleurs laissaient parfois monter des passagers pour remplir les dernières places vides, même sans le bon billet.
Et une partie des clients dépités de la SNCF se sont tournés vers la voiture ou les autocars pour rejoindre leurs familles en vue du réveillon.
C'est le cas de Patricia Jouanne, 64 ans, qui attendait vendredi matin son autocar pour Poitiers à la gare routière de Paris-Bercy.
“Je pars, c’est le principal, mais je vais prendre quatre heures au lieu de deux heures. Ça m’énerve un peu, ils embêtent énormément de monde”, avance Mme Jouanne à propos des grévistes de la SNCF.
D’autres voyageurs soutiennent la grève, comme Lucie Audau, 34 ans: "Personnellement, ça ne me dérange pas. J’imagine que les usagers ne sont pas les seuls à souffrir de la situation à la SNCF”, avance la trentenaire, qui regrette tout de même d’avoir dû payer "beaucoup trop cher" son trajet: 139 euros pour un aller-retour à Nantes.
Plus inhabituel, à la gare de Brest, une poignée de grands-parents a manifesté contre la grève qui les a empêchés, selon eux, de voir leur famille.
"Je voulais que les grévistes SNCF, qui vont nous empêcher tous de voir nos enfants et nos petits enfants, mettent des visages sur les gens qu'ils allaient pénaliser", explique à l'AFP Jean-Luc Péran, retraité de 65 ans, qui porte un bonnet de Père Noêl et une pancarte "Sans Noël C'est Foutu."
Un train sur trois a été annulé vendredi et deux sur cinq samedi et dimanche, presque uniquement des TGV.
En Île-de-France, 293 kilomètres de bouchons étaient observés vers 15H selon le site Sytadin.