BORDEAUX : Couloirs bondés aux abords des quais, groupes qui patientent sur le parking des bus: en gare de Bordeaux jeudi matin, c'est la ruée avant le week-end de Noël, perturbé par une grève des contrôleurs SNCF.
"Je voulais prendre un train pour aller à Orléans mais c'était beaucoup trop cher. J'ai hésité à prendre un Blablacar mais c'était le même prix que le bus, alors j'ai réservé un bus", explique à l'AFP Valentine, croisée à la gare routière.
Comme elle, quelque 200 000 personnes ont vu leurs trajets supprimés, de vendredi à dimanche, en raison du mouvement social d'un collectif informel, formé en dehors des syndicats, qui eux-même n'appellent pas à la grève.
Beaucoup tentent, depuis mercredi, de trouver une alternative pour rejoindre famille ou amis : changer de train, prendre le bus, covoiturer... La première solution est la plus hasardeuse, car les trains sont bondés en cette période, sans compter que jongler avec les billets n'est pas simple.
"Je n'ai pas pu annuler que l'aller, il a fallu que j'annule le retour aussi, même s'il y aura peut- être un train finalement. Je les avais achetés il y a trois mois, ils m'ont coûté une fortune et je ne serai remboursée que dans cinq jours, alors qu'il faut que je repaie pour prendre le bus", raconte Murielle, que la situation énerve "très fortement".
"Il va falloir que je passe sept heures et demie dans un bus à l'aller, et puis après neuf heures dans un autre au retour, pour être sûre de pouvoir rentrer chez moi... Y a un moment, faut arrêter", lâche-t-elle.
Certains ont anticipé les difficultés, à l'instar de Fabienne qui va passer Noël en Bretagne.
"Je me suis directement orientée vers les bus quand j'ai entendu parler des grèves. C'est beaucoup moins cher que le train. Il y avait aussi le covoiturage mais c'est une première pour moi, j'y vais en douceur... J'ai pris aussi mon billet pour le retour", indique-t-elle.
Bouteilles à la mer
"Quand il y a la grève, il y a du monde, ça fait le bonheur de Blablacar et Flixbus", assure un chauffeur à la gare routière. "On a deux fois plus de réservations que la semaine précédente, on sera sans aucun doute sur un record pour les fêtes, ça ne fait aucun doute", confirme un porte-parole de l'entreprise de covoiturage.
D'autres voyageurs ont adapté leurs jours de trajet en train.
"J'ai décidé de partir un jour avant, en posant un congé, et de décaler aussi mon retour, en faisant du télétravail", explique Xavier, qui rejoint Bayonne depuis Paris.
Mélanie, une autre voyageuse, se rend elle à Toulouse: "tous les ans ça arrive donc j'ai fait exprès de partir en milieu de semaine. En partant aujourd'hui et en revenant mercredi, j'évite les grèves mais j'écourte mes vacances, j'aurai dû rester jusqu'au Nouvel An."
Pour la Fédération nationale des associations d'usagers des transports, le système D a cependant ses limites et "certains vont annuler tout simplement leurs voyages", regrette son président en Nouvelle-Aquitaine, Christian Broucaret.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a exigé jeudi de la direction de la SNCF qu'elle résolve le conflit "dans les prochaines heures".
En attendant, certains jettent des bouteilles à la mer.
"Mon train a été annulé, je cherche une personne faisant Paris-Bordeaux le 24 décembre en fin journée", écrit Marie sur un groupe Facebook.
"Le train de mes deux enfants est annulé, Paris-Bordeaux vendredi, ils vivent à Rouen. Si quelqu'un peut m'aider, ça fait trois ans que je n'ai pas fêté Noël avec eux", écrit Christine.