Grève SNCF: le grand rush pour ne pas rester à quai

Cette photo d'archives prise le 2 décembre 2022 montre un train arrivant à la gare Matabiau à Toulouse. (AFP).
Cette photo d'archives prise le 2 décembre 2022 montre un train arrivant à la gare Matabiau à Toulouse. (AFP).
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Publié le Jeudi 22 décembre 2022

Grève SNCF: le grand rush pour ne pas rester à quai

  • Quelque 200 000 personnes ont vu leurs trajets supprimés, de vendredi à dimanche, en raison du mouvement social d'un collectif informel, formé en dehors des syndicats, qui eux-même n'appellent pas à la grève
  • Beaucoup tentent, depuis mercredi, de trouver une alternative pour rejoindre famille ou amis : changer de train, prendre le bus, covoiturer...

BORDEAUX : Couloirs bondés aux abords des quais, groupes qui patientent sur le parking des bus: en gare de Bordeaux jeudi matin, c'est la ruée avant le week-end de Noël, perturbé par une grève des contrôleurs SNCF.

"Je voulais prendre un train pour aller à Orléans mais c'était beaucoup trop cher. J'ai hésité à prendre un Blablacar mais c'était le même prix que le bus, alors j'ai réservé un bus", explique à l'AFP Valentine, croisée à la gare routière.

Comme elle, quelque 200 000 personnes ont vu leurs trajets supprimés, de vendredi à dimanche, en raison du mouvement social d'un collectif informel, formé en dehors des syndicats, qui eux-même n'appellent pas à la grève.

Beaucoup tentent, depuis mercredi, de trouver une alternative pour rejoindre famille ou amis : changer de train, prendre le bus, covoiturer... La première solution est la plus hasardeuse, car les trains sont bondés en cette période, sans compter que jongler avec les billets n'est pas simple.

"Je n'ai pas pu annuler que l'aller, il a fallu que j'annule le retour aussi, même s'il y aura peut- être un train finalement. Je les avais achetés il y a trois mois, ils m'ont coûté une fortune et je ne serai remboursée que dans cinq jours, alors qu'il faut que je repaie pour prendre le bus", raconte Murielle, que la situation énerve "très fortement".

"Il va falloir que je passe sept heures et demie dans un bus à l'aller, et puis après neuf heures dans un autre au retour, pour être sûre de pouvoir rentrer chez moi... Y a un moment, faut arrêter", lâche-t-elle.

Certains ont anticipé les difficultés, à l'instar de Fabienne qui va passer Noël en Bretagne.

"Je me suis directement orientée vers les bus quand j'ai entendu parler des grèves. C'est beaucoup moins cher que le train. Il y avait aussi le covoiturage mais c'est une première pour moi, j'y vais en douceur... J'ai pris aussi mon billet pour le retour", indique-t-elle.

Bouteilles à la mer

"Quand il y a la grève, il y a du monde, ça fait le bonheur de Blablacar et Flixbus", assure un chauffeur à la gare routière. "On a deux fois plus de réservations que la semaine précédente, on sera sans aucun doute sur un record pour les fêtes, ça ne fait aucun doute", confirme un porte-parole de l'entreprise de covoiturage.

D'autres voyageurs ont adapté leurs jours de trajet en train.

"J'ai décidé de partir un jour avant, en posant un congé, et de décaler aussi mon retour, en faisant du télétravail", explique Xavier, qui rejoint Bayonne depuis Paris.

Mélanie, une autre voyageuse, se rend elle à Toulouse: "tous les ans ça arrive donc j'ai fait exprès de partir en milieu de semaine. En partant aujourd'hui et en revenant mercredi, j'évite les grèves mais j'écourte mes vacances, j'aurai dû rester jusqu'au Nouvel An."

Pour la Fédération nationale des associations d'usagers des transports, le système D a cependant ses limites et "certains vont annuler tout simplement leurs voyages", regrette son président en Nouvelle-Aquitaine, Christian Broucaret.

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a exigé jeudi de la direction de la SNCF qu'elle résolve le conflit "dans les prochaines heures".

En attendant, certains jettent des bouteilles à la mer.

"Mon train a été annulé, je cherche une personne faisant Paris-Bordeaux le 24 décembre en fin journée", écrit Marie sur un groupe Facebook.

"Le train de mes deux enfants est annulé, Paris-Bordeaux vendredi, ils vivent à Rouen. Si quelqu'un peut m'aider, ça fait trois ans que je n'ai pas fêté Noël avec eux", écrit Christine.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.