PARIS : Le gouvernement a fait monter la pression d'un cran sur la SNCF jeudi, Bruno Le Maire appelant notamment à une solution "dans les prochaines heures" à une grève des contrôleurs qui pénalise des centaines de milliers de vacanciers à Noël et menace le week-end du Nouvel An.
"Ce que nous attendons de la direction de la SNCF aujourd'hui, c'est qu'elle trouve une solution dans les prochaines heures, je dis bien dans les prochaines heures. C'est ça la responsabilité de la direction de la SNCF, elle a le soutien de l'Etat, elle doit trouver les voies et moyens de sortir de ce conflit", a déclaré M. Le Maire sur Sud Radio, faisant part de sa "colère".
Un peu plus tôt sur RTL, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou avait assuré qu'il recevrait les organisations syndicales dès vendredi matin pour trouver une issue à la crise.
"Je ne comprends pas cette grève", a concédé le patron du groupe public, rappelant qu'il n'y avait "aucun appel à la grève d'aucun syndicat".
"Pour ce week-end, c'est malheureusement trop tard (...) mais il n'y a pas de raison de punir deux fois les Français", a souhaité M. Farandou appelant à "la responsabilité des chefs de bord" vis-à-vis du dernier week-end de l'année.
Incompréhensible
La SNCF est confrontée à une grève de ses chefs de bord -- le nom officiel des contrôleurs -- menée par un collectif informel organisé sur Facebook et rejetant toute appartenance syndicale. Ce week-end, près de la moitié des contrôleurs seront en grève, provoquant l'annulation d'un train sur trois vendredi, de deux trains sur cinq samedi et dimanche.
"On a tout donné pour éviter la grève", a rappelé M. Farandou, insistant sur les négociations annuelles obligatoire (NAO) conclues début décembre qui ont entériné une revalorisation salariale moyenne de près de 6% en 2023 pour les cheminots, d'après lui.
"Et pour les chefs de bord TGV, on a même ajouté 1,5 point de plus", a-t-il souligné. "On a mis de l'emploi, on a donné la garantie qu'il y ait deux chefs de bord par TGV et on a pris des engagements de déroulement de carrière", a ensuite relevé le PDG.
Sur les ondes, les membres du gouvernement défilent depuis mercredi pour condamner le mouvement. Faire grève à Noël est "incompréhensible et injustifiable", a regretté le ministre des Transports Clément Beaune, balayant toutefois l'idée d'une réquisition des personnels.
100 millions d'euros
Le ministre a déploré le coût d'un tel mouvement social pour l'entreprise qu'il a estimé à "une centaine de millions d'euros". "On n'a pas besoin de ça en ce moment", a-t-il déclaré sur FranceInfo.
Rappelant la mesure d'un remboursement à 200% pour tout voyageur dont le train a été annulé lors du week-end de Noël, Jean-Pierre Farandou a lui évalué le geste à plusieurs dizaines de millions d'euros.
"C'est quelque chose qui va pénaliser les caisses de l'entreprise et c'est de l'argent public", a-t-il insisté. "C'est autant d'argent en moins pour faire des tarifications attractives, pour investir dans les TGV, pour mettre de l'argent sur le réseau".
"Cette situation est inacceptable", a dit de son côté le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger. "La CFDT ne soutient pas cette grève et je ne la soutiens pas à titre personnel", a-t-il ajouté.
La CFDT-Cheminots n'a pas appelé à la grève mais a malgré tout maintenu son préavis, comme la CGT-Cheminots et SUD-Rail, ce qui donne le cadre aux contrôleurs pour arrêter le travail.
"La direction de la SNCF dit ce matin il faut sauver le week- end du Nouvel An, je pense qu’il aurait fallu sauver le week-end de Noël", a déclaré le dirigeant syndical sur BFMTV-RMC.