«Le Liban manque de médicaments», avertit le président de l’ordre des pharmaciens

Un changeur de monnaie compte les billets dans sa boutique à Beyrouth, la capitale libanaise, le 22 septembre 2022. (AFP).
Un changeur de monnaie compte les billets dans sa boutique à Beyrouth, la capitale libanaise, le 22 septembre 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 22 décembre 2022

«Le Liban manque de médicaments», avertit le président de l’ordre des pharmaciens

  • Les livraisons sont au point mort et les stocks devraient être épuisés d'ici à quelques jours
  • La monnaie atteint son niveau le plus bas et l'Union générale des travailleurs fait pression pour une augmentation du salaire minimum

BEYROUTH: Le Liban est sur le point de manquer de médicaments et de lait maternisé. Les livraisons sont au point mort et les stocks devraient être épuisés d'ici à quelques jours, a averti le président de l’ordre des pharmaciens du pays.

Joe Salloum a déclaré que la crise du taux de change a entraîné l'arrêt presque complet des livraisons de médicaments et de lait maternisé aux pharmacies.

«Le salut viendra d’abord de l'élection d'un nouveau président afin de garantir un niveau minimum de stabilité financière et économique et de restaurer la vie constitutionnelle et législative afin que nous puissions emprunter la voie du redressement et élaborer des plans exécutifs, notamment dans le secteur de la santé», a-t-il ajouté.

«Dans le cas contraire, nous serons confrontés à un effondrement inévitable et à la cessation forcée de l'ensemble du secteur pharmaceutique en quelques jours.»

L'avertissement de Salloum est intervenu alors que l'économiste Louis Hobeika a déclaré à Arab News que la monnaie locale se dirigeait vers un nouvel effondrement.

Elle s'est en effet progressivement dépréciée au cours des trois dernières années.

Hobeika a déclaré à Arab News: «L'horizon politique est complètement bouché et le marché libanais est petit, ce qui signifie que toute pression sur la demande de dollars affecte le taux de change.

«Personne, au Liban, ne vend ses dollars. Ceux qui sont en visite au Liban sont des expatriés libanais qui passent les vacances ici. Ils échangent de petites quantités de dollars ou paient directement en dollars dans les restaurants et les magasins.»

«Il est vrai que la situation politique est la même, mais le Liban s'enfonce chaque jour un peu plus: pas d’élection d'un président, pas de formation d'un gouvernement, pas de mise en œuvre de réformes. La chute spectaculaire de la valeur de la monnaie locale en est la preuve», a ajouté l’économiste.

Hobeika a confié que la Banque centrale n'était plus en mesure de régler la situation.

Ses réserves financières, qui sont de 10 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro) comme annoncé, et peut-être moins, ne sont plus suffisantes pour régler la situation, a précisé l'économiste.

«Toutes les deux semaines, nous sommes confrontés à des problèmes d'achat de médicaments anticancéreux subventionnés et de blé. Si la Banque centrale était capable de contrôler le taux de change, elle l'aurait déjà fait.»

Hobeika a déclaré que la crise était devenue trop importante pour que la Banque centrale parvienne à la résoudre.

Les commissions économiques devraient approuver le contenu d'un accord avec le syndicat général du travail qui porte sur le salaire minimum de 2,5 millions de livres libanaises (LBP), soit 1 650 dollars, à 4,5 millions de LBP, sur l'indemnité journalière de transport de 90 000 à 125 000 LBP, et qui doit augmenter les allocations scolaires et familiales.

Hobeika, cependant, a déclaré que le fait d'aborder la question en augmentant le salaire minimum augmentera l'inflation. Il avertit sur le fait que le taux de change pourrait atteindre 70 000 LBP ou davantage très bientôt.

«Ce n'est pas une solution... c'est du suicide.»

L'Union générale du travail avait appelé à augmenter le salaire minimum à 20 millions de LBP lorsque le taux de change du dollar équivalait à 36 000 LBP.

La valeur de la monnaie locale libanaise a atteint un plancher record mercredi.

Le taux de change a atteint 47 000 LBP à midi, chutant de 1 500 LBP en seulement deux heures et suscitant l'inquiétude des citoyens devant les prochaines hausses de prix.

Cette chute est intervenue alors que la Banque centrale a prolongé jusqu'à la fin du mois de janvier une circulaire qui permettait aux banques commerciales d'acheter un montant illimité de dollars américains sur sa plate-forme de change Sayrafa.

La baisse du taux de change s'est répercutée sur les prix des carburants.

Le prix d'un bidon de 20 litres d'essence a augmenté de 20 000 LBP, le diesel de 21 000 LBP et le gaz domestique de 13 000 LBP.

Le représentant des distributeurs de carburant, Fadi Abu Shakra, a lancé: «Nous assistons à un crime contre les citoyens libanais qui ne peuvent bénéficier de la baisse des prix mondiaux du pétrole.»

Il a poursuivi en ces termes: «Nous, en tant que distributeurs, nous achetons des dollars sur le marché parallèle pour couvrir le prix du carburant, et la Banque centrale achète également des dollars; nous faisons donc techniquement la course à notre Banque centrale, ce qui est inacceptable.»

Le taux de change devrait atteindre 50 000 LBP d'ici au début de l'année 2023, voire 100 000 LBP dans quelques mois si aucune percée politique n'est réalisée dans le pays.

Les observateurs attribuent la crise du taux de change aux opérations de contrebande et aux mafias qui contrôlent le marché noir.

L'ONU estime que, au Liban, huit personnes sur dix vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.