WASHINGTON : Donald Trump a persisté à contester sa défaite à la présidentielle américaine en limogeant mardi le patron de l'agence gouvernementale en charge de la sécurité des élections, qui défend la probité du scrutin.
Des machines qui auraient « changé » les votes pour Trump en voix pour Biden, les votes de personnes décédées...
Deux semaines après l'élection du 3 novembre, le président sortant affirme toujours qu'il a gagné et fait état, sans preuves, d'irrégularités lors de l'élection.
Il est dans cette démarche contredit par ses propres agences qui ont déclaré que la présidentielle avait été « la plus sûre de l'histoire des États-Unis ».
Le limogeage mardi de Chris Krebs, directeur de l'agence de cybersécurité et de sécurité qui s'efforçait ces derniers jours de rejeter les accusations de fraude électorale de grande ampleur, était attendu.
Il a été annoncé par Donald Trump par un bref message sur son réseau social favori.
« La récente déclaration de Chris Krebs sur la sécurité des élections de 2020 était très inexacte, puisqu'il y a eu des irrégularités et des fraudes massives », a écrit le président sur Twitter.
« C'est pourquoi, Chris Krebs a été démis de ses fonctions (...) avec effet immédiat. »
« Ce fut un honneur », a réagi l'intéressé dans un tweet assorti du mot-dièse #Protéger2020.
Son agence avait souligné dans un communiqué publié la semaine dernière, et signé par d'autres organismes américains, qu'il n'y avait « aucune preuve d'un système de vote ayant effacé, perdu ou changé des bulletins, ou ayant été piraté de quelque façon que ce soit ».
« Pathétique »
L'annonce de Donald Trump a immédiatement été dénoncée par l'opposition démocrate qui appelle à accélérer le processus de transition vers la présidence de Joe Biden.
« Il est pathétique, mais tristement prévisible, que le maintien et la protection de nos processus démocratiques soient une cause de licenciement », a dénoncé le chef démocrate de la puissante commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff.
L'ancienne candidate à la présidentielle, la sénatrice Elizabeth Warren, a qualifié pour sa part le limogeage « d'abus de pouvoir » par un président « faible et désespéré ».
Si une poignée d'élus républicains du Congrès ont rapidement reconnu la victoire du démocrate, de nombreux autres sont restés silencieux ou ont soutenu publiquement les accusations de fraudes lancées par Donald Trump.
Le 45e président des États-Unis, qui a échoué à se faire réélire, contrairement à ses trois prédécesseurs directs Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton, a, dès le jour de l'élection, adopté une posture très belliqueuse, promettant une véritable guérilla judiciaire.
Depuis l'annonce, le 8 novembre, de la victoire de Joe Biden, la plupart des dirigeants de la planète l'ont félicité, renforçant l'idée que personne – ni aux États-Unis, ni ailleurs – ne prenait véritablement au sérieux les actions en justice engagées par l'équipe Trump.
En l'absence d'éléments probants accréditant l'hypothèse de fraudes électorales massives, la plupart de ces recours ont d'ailleurs depuis été rejetés par les tribunaux.
Comme dans une réalité parallèle, ses ministres et conseillers les plus fidèles assurent pourtant préparer le terrain pour « un second mandat Trump ».
Et les partisans du président, une marée de casquettes rouges «Make America Great Again», dont Donald Trump n'a cessé de s'entourer dans les dernières heures de sa campagne, continuent d'être bombardés de demandes de participation financière pour « défendre l'élection ».
En face, Joe Biden poursuit ses préparatifs pour son futur mandat. L'ancien vice-président démocrate a nommé mardi une dizaine de membres de son équipe de campagne, dont une moitié de femmes et un influent élu noir, pour l'entourer à la Maison-Blanche où il prendra ses fonctions le 20 janvier.