PARIS : "Il faut faire le ménage dans nos institutions", a estimé mercredi Raphaël Glucksmann, président de la commission spéciale sur l'ingérence étrangère au Parlement européen, au cœur d'un scandale de corruption impliquant le Qatar.
"Nos institutions ont été bien trop ouvertes aux intérêts de régimes étrangers qui sont en plus richissimes et corrupteurs", a dénoncé le député européen sur France 2 en citant comme exemples "le Qatar, la Russie, la Chine, l'Azerbaïdjan".
M. Glucksmann a vivement critiqué "une sorte de Far-West où des régimes étrangers peuvent venir faire leur shopping".
Si "on pouvait s'attendre" à un scandale de corruption selon Raphaël Glucksmann, "le mode opératoire est surprenant, jamais je n'aurais pensé que des sacs de billets pouvaient circuler entre le Parlement européen".
Début décembre, plusieurs centaines de milliers d'euros en liquide ont été retrouvés au domicile de Éva Kaïlí, ancienne vice-présidente du Parlement européen qui a été écrouée dans cette affaire. La justice belge la soupçonne d'avoir agi, en échange, en faveur des intérêts qatari au sein de l'instance européenne.
L'ex-député européen et président de la commission des droits de l'homme Antonio Panzeri est aussi mis en cause alors que la justice belge continue d'enquêter.
Évoquant "un immense choc", l'eurodéputée Renaissance Fabienne Keller a également reconnu sur Sud Radio que ce scandale mettait en lumière "la question de l'influence de l'ingérence" étrangère dont selon elle le Parlement européen est "conscient depuis plusieurs années".
Elle a évoqué plusieurs pistes pour lutter contre ce phénomène: mieux contrôler la circulation au Parlement des représentants d'entreprises, de nations ou d'ONG inscrits au "registre de transparence", imposer aux députés européens de "déclarer les rendez-vous" qu'ils prennent avec des représentants d'intérêts ou encore instaurer une "déclaration de patrimoine au début et à la fin du mandat, comme c'est fait en France".