DAKAR: L'acteur français d'origine sénégalaise Omar Sy a présenté mardi à Dakar le film "Tirailleurs" de Mathieu Vadepied, hommage aux centaines de milliers d'Africains qui se sont battus pour la France pendant les guerres mondiales.
"Cette histoire lie les deux pays, le Sénégal et la France. C’est complètement mon histoire. C’est complètement aussi mon identité", a déclaré la star française lors d'une conférence de presse.
Le film, qui sort le 4 janvier en France et le 6 janvier au Sénégal, raconte l'histoire du jeune Thierno, recruté de force dans un petit village sénégalais par l'armée française en 1917, et de son père qui s'enrôle volontairement pour veiller sur lui dans ce saut vers l'inconnu, la découverte de la France plongée dans l'enfer de la Grande guerre.
Créé par Napoléon III en 1857 au Sénégal, d'où son nom, le corps d'infanterie des tirailleurs s'est ensuite élargi dans son recrutement à des hommes d'autres régions d'Afrique occidentale et centrale conquises par la France à la fin du XIXe siècle.
Les tirailleurs furent plus de 200.000 à se battre lors de la Première guerre mondiale, 150 000 pour la Seconde, 60 000 en Indochine. C'est l'une des premières fois que leur histoire est portée à l'écran.
"Aujourd’hui, notre génération a besoin de ce récit pour notre construction, de prendre l’histoire, de savoir comment on se construit par rapport à ces deux pays", a déclaré Omar Sy.
"Les générations précédentes n’avaient pas forcément besoin de ce récit là parce que c’était quelque chose de douloureux. Parfois, c’est mieux d’éteindre la douleur avec le silence", a dit l'acteur star de Lupin sur Netflix, également co-producteur du film.
"Finir avec l’Arc de triomphe, le soldat inconnu, avec une voix off en peul... A chaque fois que je vois ces images-là, je suis assez bouleversé et je suis plutôt fier d’avoir participé à une chose pareille", a confié Omar Sy, qui s'exprime en peul, sa langue maternelle, dans le film.
Les tirailleurs sénégalais et leurs héritiers déplorent un manque de reconnaissance, notamment du fait de retraites inférieures à celles de leurs frères d'armes français, ou encore de visas difficiles à obtenir pour leurs descendants.