LYON : Victime de la crise sanitaire, qui a accéléré le phénomène d'érosion des recettes publicitaires constaté par les chaînes internationales d'information, Euronews est une nouvelle fois contrainte de se réinventer, avec encore des suppressions d'emploi à la clef.
Le président du directoire Michael Peters a présenté mardi aux organisations syndicales un plan de redéploiement des effectifs, qui devrait déboucher sur la perte d'une cinquantaine d'emplois.
Quelques créations de postes devraient permettre de contenir le nombre de départs dans une fourchette de 30 à 40. Le groupe Euronews emploie actuellement quelque 900 personnes - dont 500 en CDI.
M. Peters a expliqué qu'il était difficile de chiffrer plus précisément le nombre de suppressions d'emplois car des salariés vont se voir proposer une modification de leur contrat de travail, qu'ils sont libres de refuser.
La chaîne internationale, dont le siège est à Lyon, était déjà passée par cet exercice en 2017, lorsqu’elle avait abandonné son traditionnel multiplex pour proposer douze chaînes linguistiques avec chacune sa logique rédactionnelle propre. Le groupe avait à cette occasion enregistré 90 départs.
Le nouveau plan ne prévoit « aucune économie » sur la rémunération des salariés, a assuré M. Peters.
« On s'attendait à des annonces », notamment du fait de l'impact « catastrophique » de la crise sanitaire, a relevé Pierre Assemat, secrétaire du CSE de l'entreprise.
« C'est un moment compliqué à vivre pour tout le monde, surtout dans les services les plus impactés, comme la régie et la vidéothèque, où il n'y a pas de possibilité de reclassement », a ajouté l'élu CGT (majoritaire). « Certains refusent ce plan mais il sera difficile d'inverser la tendance », a-t-il concédé.
Chute de la pub
Sur la base de ses contacts avec ses homologues des autres chaînes d'info internationales, le patron d'Euronews estime que la profession a dû faire face depuis le début de la crise sanitaire à une chute de 35% à 50% de ses recettes publicitaires.
Mais l'épidémie n'a fait qu'accélérer une tendance de fond, selon lui: « aujourd'hui, les marques n'ont plus envie d'associer leur nom à de l'information qui n'est +que du malheur+, qui parle de guerre, d'épidémies, de corruption... »
Or, si la chaîne a vu ses recettes publicitaires chuter, en dépit d'audiences « qui n'ont jamais été aussi bonnes », elle n'a pas pu réduire ses coûts en proportion et n'a pas bénéficié d'aides publiques.
« Il nous faut continuer à investir des dizaines de millions dans la production de +hard news+ qui ne sont plus rentables, tout en investissant dans de nouveaux contenus qui, eux, peuvent être monétisables », résume M. Peters.
Verticales
Vu la petite taille de la société, qui réalise 80 millions d'euros de chiffre d'affaires, la solution passe donc par des redéploiements, accompagnés d'un effort de réduction des coûts, et la poursuite de la création de déclinaisons de la chaîne en franchise, estime-t-il.
Euronews, qui avait perdu au printemps le soutien de son puissant partenaire et actionnaire américain NBC, a déjà rapatrié en France la production de sa déclinaison africaine Africanews pour faire des économies.
Les nouveaux moyens humains dégagés grâce à cette restructuration seront affectés à la création de « verticales », des mini-chaînes thématiques sur le modèle de CNN Money (finances personnelles) ou CNN Travel (voyages), auxquelles « les marques de nos annonceurs pourront plus facilement s'associer ».
Euronews a déjà lancé « Living » (enjeux écologiques) et « Travel ». Dans les tuyaux: des verticales sur la culture, l'économie, les technologies. M. Peters « croit aussi beaucoup » au projet « Hope » de diffusion d'informations « positives et inspirantes ».