AMMAN: Les chauffeurs de camion de la ville de Maan (sud de la Jordanie) ont conclu un accord avec des membres du Parlement pour mettre fin à la grève qui se poursuit depuis dix-sept jours. Cette situation a perturbé le trafic et les chaînes d'approvisionnement et elle a provoqué la mort d'un officier de police de haut rang.
En vertu de cet accord signé par six membres du Parlement, les chauffeurs se sont engagés à évacuer les routes principales et à reprendre leurs activités. En contrepartie, leurs revendications seront honorées.
Les chauffeurs sont pour la plupart originaires des villes de Maan, Tafilah et Karak, dans le sud du pays. Ils réclament une baisse des prix du carburant et l'annulation d'une taxe portant sur les dérivés du carburant.
En effet, le prix du carburant, et plus particulièrement celui du diesel et du kérosène, a fortement augmenté en Jordanie au cours des derniers mois. Le gouvernement attribue cette tendance à la situation des marchés internationaux.
De son côté, le gouvernement affirme que la taxe sur les dérivés du carburant a généré près d'un milliard de dinars jordaniens (soit 1,4 milliard de dollars: 1 dollar = 0,94 euro).
L’accord, qu'Arab News a pu consulter, n'a pas dissuadé certains protestataires, parmi lesquels des chauffeurs de bus et de taxi d'autres villes de Jordanie, de poursuivre leur grève.
Plusieurs chauffeurs de camion de la ville de Maan ont confié au site d'information Jo24 qu'ils poursuivraient leurs manifestations «pacifiques» tant que leurs revendications ne seraient pas satisfaites.
Dans le même temps, des chauffeurs de bus et des passagers voyageant depuis la ville portuaire d'Aqaba pour se rendre à Amman via Maan ont affirmé à Arab News que le calme régnait sur l'autoroute du désert dimanche, avec une forte présence des forces de sécurité.
S'exprimant anonymement, un chauffeur a précisé que les camions se sont retirés de la route qu'ils jalonnaient depuis deux semaines.
Ces manifestations ont perturbé la circulation. Elles ont également entraîné la mort d'un officier de police de haut rang, tué par balle lors d'un affrontement avec des manifestants dans le quartier Al-Husseiniya de Maan, selon les autorités jordaniennes.
Il s'agit du colonel Abdel Razzaq al-Dalabeeh, chef adjoint de la police de Maan. Les heurts ont fait trois autres blessés parmi les officiers.
Le gouvernement a tenu une conférence de presse à la suite des funérailles du colonel Al-Dalabeeh, vendredi. Il a annoncé que les services de sécurité adopteraient une «approche stricte» pour faire face aux émeutes et aux actes de violence. Il a assuré toutefois le respect du droit des citoyens à manifester de manière pacifique.
Selon le ministre de l'Intérieur, Mazen Farayeh, certains sit-in tenus à Maan et dans d'autres régions encore ont pris une tournure violente; des manifestants ont bloqué des rues et attaqué des institutions gouvernementales.
Selon les chiffres du département de la sécurité publique, quarante-quatre personnes accusées de participer aux protestations contre la hausse des prix du carburant ont été arrêtées au cours du week-end dernier.
«Nous avons arrêté quarante-quatre personnes ayant participé aux émeutes dans un certain nombre de régions du Royaume et elles seront traduites en justice», déclare-t-il dans un communiqué.
Dans l’intervalle, la plate-forme TikTok a été temporairement bloquée en Jordanie par l'unité chargée de la cybercriminalité au sein du ministère. Cette mesure est motivée par «l'utilisation inappropriée de la plate-forme et l'incapacité de celle-ci à contrôler les messages incitant à la violence».
Les équipes de police enquêtent sur les messages publiés sur plusieurs plates-formes de réseaux sociaux. Elles soupçonnent que ces messages sont liés à des discours de haine, à des incitations à la violence, au recours à la violence contre les forces de l'ordre et aux attaques contre les biens.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.