PARIS: En ce temps de grandes tensions qui règnent à l’intérieur de l’Irak aussi bien que dans son entourage proche, toute tentative de dégager une voie de dialogue constitue un réel défi. C’est dans ce contexte que se tient mardi, sur les bords de la mer morte, la conférence dite du format «Bagdad» ou «Bagdad II».
À l’invitation du roi de Jordanie Abdallah II, et co-organisée, comme dans sa première version en Août 2021, par la France et l’Irak, la tenue de cette conférence qui a pour but est d’apporter un soutien à la stabilité, la sécurité et la prospérité de l’Irak était loin d’être acquise tant le contexte régional s’est dégradé au cours des mois précédents.
L’Irak d’aujourd’hui n’est plus dans la même configuration dans laquelle il était à l’été 2021: Des soubresauts ont désormais mené au renforcement du poids des forces pro-iraniennes et l’arrivée de l’un de leurs proches, Mohamed Al-Soudani à la tête du gouvernement.
Loin de voir en lui une entrave aux avancées positives, l’Elysée souligne le contraire: «le Premier ministre irakien co-organise avec nous cette conférence, il y a donc de sa part une volonté de continuité qui est à relever».
L’Élysée insiste également sur le but d’assurer la pérennité du concept qui consiste à réunir autour d’une même table des représentants de pays qui ont des approches différentes concernant l’Irak et les problèmes régionaux, «pour échanger et avancer».
À travers cette approche, l’Elysée donne l’impression de vouloir éviter tout ce qui fâche, et ne se prononce notamment pas sur les affinités iraniennes d’Al-Soudani, passibles de freiner toute volonté saoudienne à s’engager plus ouvertement en Irak.
L’Elysée souligne à cet égard que l’organisation de la deuxième édition de cette conférence qui s’inscrit dans la continuité de la première tenue l’année dernière «consiste à identifier des chemins possibles pour rapprocher les points de vues».
Quant au niveau de représentation que l’Arabie saoudite réservé à cette conférence, les sources de l’Elysée ont affirmé qu’elles laissent aux «Saoudiens le soin de répondre à cette question», tout en indiquant qu’ils «ont été représentés par le ministre des Affaires étrangères Faisal ben Farhane lors de la conférence de 2021, et sont invités à Bagdad II», qualifiant leur présence de «signe d’une approche positive et constructive».
Manifestations en Iran
Paris adopte une même tonalité tempérée concernant l’Iran où les manifestations des opposants au régime font face à une répression féroce. «On s’explique très régulièrement sur ce sujet», ont indiqué les sources de l’Élysée, en affirmant que «le président Macron l’a fait très clairement il y a peu de temps», et en ajoutant que l’Iran «est un acteur régional majeur» de la région. Pour Paris, «l’intérêt du format de Bagdad est de rassembler autour d’une même table les principaux acteurs de la région en lien avec l’Irak pour échanger des nombreux problèmes en lien avec ce pays et qui sont communs à la région».
Déroulé de la conférence
Concernant le déroulé de la conférence, elle se tient au centre de convention du Roi Hussein ben Talal, et selon le même format de 2021, avec en plus la participation cette année de Bahreïn et du sultanat d’Oman, absents de la première édition qui avait réuni l’Egypte, la Turquie, l’Iran, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes Unis, l’Irak, la Jordanie et la France.
Elle s’articulera comme la conférence précédente en deux parties, une première, publique durant laquelle chacun des participants aura l’occasion de s’exprimer. La deuxième partie sera à huis clos, consacrée à des échanges entre les participants.
Pour ce qui est de la délégation française, l’Elysée indique que la ministre des Affaires étrangères et européennes Catherine Colonna en fera partie, ainsi que des chefs d’entreprises et des personnalités concernées par la région.
Parallèlement, la conférence est également l’occasion d’une visite bilaterale lors de laquelle le roi Abdallah II s’entretiendra en tête à tête avec Emmanuel Macron qui précèdera une rencontre élargie avec l’ensemble de la délégation française qui accompagne le président français.
Ce déplacement présidentiel s’achèvera, selon l’Élysée, par une soirée de Noël que le président Macron passera auprès des forces armées à bord du porte avion Charles de Gaulle soit en Méditerranée orientale soit en mer Rouge.