Macron en Jordanie pour la conférence «Bagdad II» sur fond de tensions régionales

Le président français Emmanuel Macron salue le roi Abdallah II de Jordanie (à droite) lors de la conférence de Bagdad dans la capitale irakienne, le 28 août 2021. M. Macron entend souligner le rôle de la France dans la région et sa détermination à poursuivre la lutte contre le terrorisme, a indiqué son bureau. (Photo de Ludovic Marin / Pool / AFP)
Le président français Emmanuel Macron salue le roi Abdallah II de Jordanie (à droite) lors de la conférence de Bagdad dans la capitale irakienne, le 28 août 2021. M. Macron entend souligner le rôle de la France dans la région et sa détermination à poursuivre la lutte contre le terrorisme, a indiqué son bureau. (Photo de Ludovic Marin / Pool / AFP)
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Publié le Mardi 20 décembre 2022

Macron en Jordanie pour la conférence «Bagdad II» sur fond de tensions régionales

  • L’Élysée insiste sur la nécessité de réunir des représentants de pays qui ont des approches différentes concernant l’Irak
  • Le déplacement de Macron s’achèvera par une soirée de Noël auprès des forces armées soit en Méditerranée orientale soit en mer rouge

PARIS: En ce temps de grandes tensions qui règnent à l’intérieur de l’Irak aussi bien que dans son entourage proche, toute tentative de dégager une voie de dialogue constitue un réel défi. C’est dans ce contexte que se tient mardi, sur les bords de la mer morte, la conférence dite du format «Bagdad» ou «Bagdad II».

À l’invitation du roi de Jordanie Abdallah II, et co-organisée, comme dans sa première version en Août 2021, par la France et l’Irak, la tenue de cette conférence qui a pour but est d’apporter un soutien à la stabilité, la sécurité et la prospérité de l’Irak était loin d’être acquise tant le contexte régional s’est dégradé au cours des mois précédents.

L’Irak d’aujourd’hui n’est plus dans la même configuration dans laquelle il était à l’été 2021: Des soubresauts ont désormais mené au renforcement du poids des forces pro-iraniennes et l’arrivée de l’un de leurs proches, Mohamed Al-Soudani  à la tête du gouvernement.

Loin de voir en lui une entrave aux avancées positives, l’Elysée souligne le contraire: «le Premier ministre irakien co-organise avec nous cette conférence, il y a donc de sa part une volonté de continuité qui est à relever».

L’Élysée insiste également sur le but d’assurer la pérennité du concept qui consiste à réunir autour d’une même table des représentants de pays qui ont des approches différentes concernant l’Irak et les problèmes régionaux, «pour échanger et avancer».

À travers cette approche, l’Elysée donne l’impression de vouloir éviter tout ce qui fâche, et ne se prononce notamment pas sur les affinités iraniennes d’Al-Soudani, passibles de freiner toute volonté saoudienne à s’engager plus ouvertement en Irak.

L’Elysée souligne à cet égard que l’organisation de la deuxième édition de cette conférence qui s’inscrit dans la continuité de la première tenue l’année dernière «consiste à identifier des chemins possibles pour rapprocher les points de vues».

Quant au niveau de représentation que l’Arabie saoudite réservé à cette conférence, les sources de l’Elysée ont affirmé qu’elles laissent aux «Saoudiens le soin de répondre à cette question», tout en indiquant qu’ils «ont été représentés par le ministre des Affaires étrangères Faisal ben Farhane lors de la conférence de 2021, et sont invités à Bagdad II», qualifiant leur présence de «signe d’une approche positive et constructive».

Manifestations en Iran

Paris adopte une même tonalité tempérée concernant l’Iran où les manifestations des opposants au régime font face à une répression féroce. «On s’explique très régulièrement sur ce sujet», ont indiqué les sources de l’Élysée, en affirmant que «le président Macron l’a fait très clairement il y a peu de temps», et en ajoutant que l’Iran «est un acteur régional majeur» de la région. Pour Paris, «l’intérêt du format de Bagdad est de rassembler autour d’une même table les principaux acteurs de la région en lien avec l’Irak pour échanger des nombreux problèmes en lien avec ce pays et qui sont communs à la région».

Déroulé de la conférence

Concernant le déroulé de la conférence, elle se tient au centre de convention du Roi Hussein ben Talal, et selon le même format de 2021, avec en plus la participation cette année de Bahreïn et du sultanat d’Oman, absents de la première édition qui avait réuni l’Egypte, la Turquie, l’Iran, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes Unis, l’Irak, la Jordanie et la France.

Elle s’articulera comme la conférence précédente en deux parties, une première, publique durant laquelle chacun des participants aura l’occasion de s’exprimer. La deuxième partie sera à huis clos, consacrée à des échanges entre les participants.

Pour ce qui est de la délégation française, l’Elysée indique que la ministre des Affaires étrangères et européennes Catherine Colonna en fera partie, ainsi que des chefs d’entreprises et des personnalités concernées par la région.

Parallèlement, la conférence est également l’occasion d’une visite bilaterale lors de laquelle le roi Abdallah II s’entretiendra en tête à tête avec Emmanuel Macron qui précèdera une rencontre élargie avec l’ensemble de la délégation française qui accompagne le président français.

Ce déplacement présidentiel s’achèvera, selon l’Élysée, par une soirée de Noël que le président Macron passera auprès des forces armées à bord du porte avion Charles de Gaulle soit en Méditerranée orientale soit en mer Rouge.


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.