La Palestine a-t-elle été le plus grand gagnant de la Coupe du monde?

Les joueurs marocains brandissent le drapeau palestinien après leur victoire spectaculaire contre l'Espagne (Photo, AFP).
Les joueurs marocains brandissent le drapeau palestinien après leur victoire spectaculaire contre l'Espagne (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 18 décembre 2022

La Palestine a-t-elle été le plus grand gagnant de la Coupe du monde?

  • Qatar 2022 montre qu'Israël a encore du chemin à parcourir avant de marquer des points dans le monde arabe
  • Avec le prochain gouvernement de Netanyahu, il sera plus difficile que jamais de gagner les cœurs et les esprits, selon les analystes

LONDRES: Cette année, la Coupe du monde de la FIFA a accueilli des fans du monde entier et l'événement quadriennal est le point de départ des reporters. De nombreux fans de football ont cependant snobé les journalistes israéliens, en signe de solidarité avec les Palestiniens.

Pendant des semaines, les fans ont afflué à Doha pour faire partie du spectacle. La Coupe du monde 2022 organisée au Qatar a marqué les esprits. Son message est celui de l'unité pour l'amour du jeu et pour la première fois, les gens dans les fan zones, les stades et même les joueurs ont exprimé leur soutien à la Palestine, en arborant le drapeau palestinien et en lançant des slogans, des chants et des chansons propalestiniens.

Bien que la Coupe du monde de cette année ait été très amusante avec l'Arabie saoudite qui a battu la grande Argentine en phase de groupe et le Maroc qui a battu les Espagnols et les Portugais avant de s'incliner il y a quelques jours, ce sont les points de vue politiques, très affichés, qui sont devenus un sujet de discussion important.

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Les supporteurs dans les fan zones, les stades et même les joueurs ont exprimé leur soutien à la Palestine (Photo, AFP).

Alors que des vols directs spéciaux ont amené les fans de Tel Aviv à Doha pour le tournoi, nombreux sont ceux qui ont choisi de faire la sourde oreille aux journalistes israéliens, comme un certain nombre de journalistes l'ont constaté et montré en direct à la télévision.   

Il y a près de deux ans, quatre États membres de la Ligue arabe ont signé les accords d'Abraham, négociés par les États-Unis, par lesquels Israël entend nouer des relations officielles avec les pays de la région. Le Qatar ne faisait pas partie de ces pays.

Des vidéos de supporters, pour la plupart arabes, évitant les médias israéliens sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Une vidéo a été partagée le 18 novembre, montrant un citoyen qatari dans le Souq Waqif de Doha refusant une interview après avoir appris que le journaliste travaillait pour une chaîne de télévision israélienne.  

Deux jours plus tard, une autre vidéo montrait un groupe de supporters libanais s'éloignant d'un journaliste lorsque celui-ci a révélé être originaire d'Israël. L'un d'eux a déclaré au journaliste de Channel 12: «Israël n'existe pas. C'est la Palestine. Israël n'existe pas», dans un rejet apparent de la normalisation.  

Le journaliste israélien Raz Shechnik, qui se trouvait à Doha pour couvrir l'actualité de la Coupe du monde de la FIFA, s’est retourné sur Twitter pour exprimer sa frustration. Il a partagé le 26 novembre des exemples dans lesquels des fans arabes se sont éloignés de lui lorsqu'ils ont découvert qu'il représentait Israël. Sa vidéo montre trois femmes et un homme portant le drapeau palestinien et disant au journaliste: «Il n'y a rien qui s'appelle Israël. C'est juste la Palestine.»

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Benjamin Netanyahu, le nouveau Premier ministre israélien (Photo, Reuters).

Dans la même vidéo, des fans marocains, qui ont d'abord posé, mais qui, en apprenant que Shechnik était originaire d'Israël, se sont éloignés avec l'un d'eux disant: «Israël, non. La Palestine, oui.» Le journaliste a crié: «Mais nous sommes en paix» et «vous avez signé les accords de paix», à propos de la signature des accords d'Abraham avec le Maroc en décembre 2020.  

Le fil Twitter du journaliste de Yedioth Ahronoth a également montré des fans interrompant une émission en direct pour scander et brandir le drapeau palestinien et d'autres Qataris refusant de lui parler, choqués d'apprendre que la chaîne était israélienne. 

Le 27 novembre, le journaliste israélien Moav Vardi a publié sur Twitter qu'il avait été interpellé la veille par un fan de football saoudien, qui a déclaré au correspondant de Kan 11 TV qu'il n'était «pas le bienvenu ici (au Qatar)» et qu’«il n'y a que la Palestine; il n'y a pas d'Israël».    

Profitant de la scène mondiale du tournoi, le drapeau palestinien — ainsi que les sentiments propalestiniens — a été omniprésent tout au long de la Coupe du monde du Qatar, attirant une attention considérable.

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Une capture d'écran montre un supporteur saoudien confrontant le journaliste israélien Moav Vardi à Doha au sujet du conflit israélo-palestinien (Photo, Fournie).

Le drapeau palestinien a occupé le devant de la scène à sept reprises.

L'équipe nationale de football du Maroc a soulevé le drapeau palestinien après ses victoires en Coupe du monde, notamment celle du 6 décembre contre l'Espagne, lorsqu'elle s'est qualifiée pour les quarts de finale malgré la normalisation des relations entre le gouvernement de ce pays d'Afrique du Nord et Israël.

De même, des supporters tunisiens ont hissé une bannière sur laquelle on pouvait lire «Libérer la Palestine» lors du match Australie-Tunisie du 26 novembre, tandis que des supporters qataris ont brandi des drapeaux de la Palestine de différentes tailles lors du match Qatar-Pays-Bas du 29 novembre.  

Et ce, malgré les campagnes de relations publiques menées par Israël dans la région après la signature en 2020 des accords de paix négociés par les États-Unis avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, puis avec le Soudan et le Maroc. Après la signature de ces accords, Eliav Benjamin, haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères, a exprimé, lors d'un briefing, l'espoir de normaliser les relations avec «tous les pays de la région, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord».

Daoud Kuttab, ancien professeur de journalisme à l'université de Princeton et fondateur et ancien directeur de l'Institut des médias modernes de l'université Al-Quds, a déclaré à Arab News: «Ce que nous avons vu se produire lors de la Coupe du monde montre sans aucun doute que le public arabe — et même la plupart des peuples du monde — sont de véritables partisans du droit des Palestiniens à être libres.» 

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Une fan scande son soutien à la Palestine (Photo, AFP).

Kuttab a ajouté: «Les pays qui ont signé les accords d'Abraham ont affirmé à l'époque qu'ils espéraient pouvoir influencer la politique israélienne à l'égard des Palestiniens, mais sur le terrain, un nombre record de Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens et une célèbre correspondante de télévision, qui porte la nationalité américano-palestinienne, a été abattu sans que l'armée israélienne n'accepte même d'enquêter sur cette affaire.»

Un journaliste saoudien qui suit de près les événements à Doha a révélé: «Il est intéressant de voir le maniérisme typiquement qatari avec lequel la Coupe du monde a été traitée. Alors qu'en arabe, les commentateurs qataris défendaient la cause palestinienne et refusaient de reconnaître Israël, en anglais et en hébreu, ils accueillaient les supporters et les reporters israéliens et leur offraient des souvenirs devant les caméras.

«Normalement, les déclarations politiques sont interdites ou du moins désapprouvées lors d'événements sportifs, surtout dans un pays non démocratique comme le Qatar. Cependant, je dirais que la rhétorique propalestinienne a été mise en avant afin de détourner l'attention des Arabes du fait que Doha, qui n'a aucune relation diplomatique avec Tel Aviv, a autorisé l'entrée de supporters et de journalistes israéliens», a-t-il ajouté. 

«Je ne dis pas qu'il n'y a pas de solidarité arabe sincère avec les Palestiniens. Je dis que si Israël ne corrige pas le tir — et il est peu probable qu'il le fasse sous un gouvernement d'extrême-droite dirigé par Netanyahu — nous verrons beaucoup plus de cascades de relations publiques anti-israéliennes comme ce que nous avons vu à Doha», a conclu le journaliste saoudien. 

Avant le début de la Coupe du monde, la chaîne qatarie Al Jazeera Arabic a publié des articles et des messages sur les médias sociaux insinuant que Doha avait ordonné à Israël d'autoriser les Palestiniens à venir assister au match par avion. Cette affirmation semble contredire la réalité, à savoir que les compagnies aériennes et les citoyens israéliens ont été autorisés à se rendre directement à Doha.

À peu près au même moment, le Fact Check de l'AFP — le service de surveillance des fausses nouvelles de la célèbre agence de presse internationale française — a publié un rapport détaillant comment la propagande propalestinienne a été diffusée avant la coupe du monde pour atténuer le choc.  

Des images d'archives de bâtiments qataris habillés de drapeaux palestiniens ont été présentées comme récentes et de fausses histoires de personnes se convertissant à l'islam ont été diffusées pour étouffer l'affaire. 

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Une spectatrice brandit un maillot «Liberté pour la Palestine» lors de la Coupe du monde (Photo, AFP).

Certes, avec un gouvernement d'extrême-droite qui devrait être formé sous la direction du Premier ministre désigné Benjamin Netenyahu, la croisade déjà difficile d'Israël pour gagner le monde arabe ne peut que devenir plus difficile. 

Kuttab a souligné que «le gouvernement israélien du centre ou de la droite ne gagnera pas les cœurs et les esprits tant que le peuple palestinien vivra sous l'occupation et l'entreprise de colonisation.»

«Rien de ce qui se passe en Israël, à part la fin de leur occupation illégale et immorale, ne changera l'esprit des personnes libres partout dans le monde et certainement pas les opinions arabes et musulmanes», a-t-il soutenu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).