TUNIS: Durant le premier semestre de l’année 2022, une vingtaine d’entreprises ont sollicité le soutien de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) pour implanter une filiale en France, révèle son directeur général, Habib Gaïda, lors du séminaire sur l’internationalisation des petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes, organisé au début du mois de novembre 2022 par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). L’une de ces entreprises tunisiennes envisage de racheter une entreprise française opérant dans son secteur, la fabrication du cahier scolaire.
Ce boom ne se limite pas aux secteurs économiques traditionnels comme l’industrie. Segment le plus dynamique du tissu entrepreneurial, les jeunes pousses des technologies de l’information et de la communication sont de plus en plus nombreuses à traverser la Méditerranée pour créer une filiale en France. D’après un rapport de Smart Capital, sur les treize start-up qui se sont internationalisées en 2022, six ont opté pour le pays de Marianne.
Le flux des investissements tunisiens vers la France ne date pas d’hier. Les premiers à avoir osé sauter le pas l’ont fait dans les années 1980. L’un d’entre eux est le groupe Lotfi Abdennadher (sanitaire et céramique) qui a ouvert un point de vente dans la proche banlieue de Paris. De nombreux autres groupes lui ont depuis emboîté le pas, dont d’importantes infrastructures.
Nous pouvons citer Altea Packaging, leader de l’emballage flexible dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), qui, en juillet 2007, a racheté une entreprise française, Roland Emballage. Quelques mois plus tard, OneTech (fabricant de circuits imprimés) entrait en 2008 au capital de SLFG (conception et la réalisation de solutions innovantes robotisées ou automatisées) basé à Clermont-Ferrand.
Les autres secteurs ne sont pas en reste. La Banque internationale arabe de Tunisie (Biat), la première banque du pays, a planté son drapeau à Paris en 2015. Un an plus tard, AfricInvest, l’un des plus importants fonds d’investissement africains – présent, en plus du pays d’origine, la Tunisie, au Maroc, en Égypte, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et à l’île Maurice – l’y a rejoint pour cibler les PME françaises voulant investir en Afrique. Le groupe Studi (ingénierie), l’un des acteurs majeurs dans son secteur en Afrique, s’est également implanté en France dès 2005.
Désormais, c’est parmi les start-up tunisiennes que l’on retrouve cet appétit pour la France. À ce jour, vingt-sept d’entre elles s’y sont installées, dont des étoiles montantes telles que Vneuron, InstaDeep, Enova Robotics, et Cynapsys.
Cette tendance devrait s’accélérer à l’avenir. D’abord, parce que les autorités semblent décidées à faciliter la tâche des entreprises qui veulent investir à l’étranger, notamment en matière de financement. Au mois de mai dernier, le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, a promis un nouveau Code des changes opérationnel à partir du mois de juillet. Il n’a pas encore été promulgué. Mais il devrait l’être bientôt.
Ensuite, les entreprises ayant des projets de développement à l’international ont reçu, à l’occasion du séminaire sur l’internationalisation des PME, un soutien inattendu de la CTFCI. Jusqu’ici dédiée principalement au développement de l’investissement français en Tunisie, cette structure met désormais son réseau à travers le monde (vingt-sept Chambres de commerce françaises ainsi que la fédération des sociétés privées dédiées au développement international des entreprises [OSCI]) à la disposition des entreprises tunisiennes pour les accompagner dans leur expansion à l’étranger