NEW YORK: L'Iran a été expulsé mercredi du principal organe des Nations unies chargé des droits de la femme. Cette décision intervient alors que le régime iranien continue de réprimer brutalement les manifestants pacifiques descendus dans la rue pour la première fois il y a trois mois, après la mort en garde à vue de Mahsa Amini, âgée de 22 ans.
Plus de 350 manifestants ont été tués au cours des trois derniers mois, selon les groupes de défense des droits de l’homme, et 18 000 ont été arrêtés et risquent la peine de mort. On sait que le régime a jusqu'à présent exécuté deux manifestants, au mépris de la condamnation internationale, et l'on craint que des exécutions massives ne suivent.
Le Conseil économique et social de l'ONU, composé de 54 membres, a voté mercredi l'adoption d'une résolution, proposée par les États-Unis, demandant le retrait «avec effet immédiat de la République islamique d'Iran de la Commission de la condition de la femme pour le reste de son mandat 2022-2026».
Cette commission de 45 membres, qui se réunit chaque année en mars, s'emploie à promouvoir l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes.
Vingt-neuf membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution, huit ont voté contre et 16 se sont abstenus.
Après l'adoption de la motion, Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU, a déclaré à Arab News: «Nous avons l'impression que les Iraniens ont été déconcertés par ce geste. Le fait qu'ils étaient là (dans la salle) et qu'ils ont protesté montre qu'ils veulent clairement, pour des raisons qui ne sont pas claires pour moi, faire partie de ce conseil.
«Et maintenant, ils savent que s'ils veulent en faire partie, ils doivent changer de comportement.»
Lors du vote, Thomas-Greenfield a qualifié l'appartenance de l'Iran à l'organisme de «vilaine tache sur la crédibilité de la Commission».
«Les femmes et les activistes iraniens ont fait appel à nous, les Nations unies, pour obtenir un soutien. Ils nous ont adressé une demande claire et nette: retirer l'Iran de la Commission de la condition de la femme», a-t-elle ajouté.
Elle a remercié les militants iraniens «dans la salle, et ceux du monde entier, pour votre courage, votre clairvoyance, vos sacrifices et pour votre leadership».
Elle a souligné que le vote de mercredi était une réponse à l'appel de la société civile iranienne et qu'il «aura des répercussions dans le monde entier.»
«Maintenant, nous espérons commencer à voir certains changements de comportement. Nous avons vu la décision de dissoudre la police des mœurs; je ne crois pas que cela va changer les choses, notamment, sur le terrain. Mais cela montre qu'ils essaient de faire quelque chose, de réagir, et j'espère qu'en fin de compte ils entendront clairement le Conseil économique et social de l’ONU (CESNU) et qu'ils cesseront leur brutalité implacable contre les manifestants dans les rues.»
Le représentant permanent de l'Iran auprès des Nations unies, Amir Saeid Iravani, a qualifié la décision des États-Unis d'«illégale» et de partie intégrante de ce qu'il a appelé «la politique hostile des États-Unis à l'égard des Iraniens, en particulier des femmes iraniennes».
Les manifestations en Iran ont commencé peu après la mort d'Amini, une femme kurdo-iranienne, le 16 septembre. Elle avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs pour ne pas avoir respecté les règles strictes régissant le port du hijab. Les militants des droits de l'homme ont déclaré que sa mort était due à un passage à tabac par la police.
Les manifestations se sont rapidement étendues à la majeure partie du pays et se sont poursuivies, devenant une révolte populaire d'Iraniens issus de toutes les classes de la société et posant ce que beaucoup considèrent comme le défi le plus important à la légitimité du régime depuis son arrivée au pouvoir lors de la révolution de 1979.
Le régime iranien accuse les ennemis étrangers et leurs agents d'être à l'origine de ces agitations.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com