PARIS : La France a dénoncé mardi le blocage de l'unique route reliant l'Arménie et la région Nagorny Karabakh que se disputent Erevan et Bakou, et a rappelé les engagements pris par l'Azerbaïdjan pour garantir les déplacements dans cette zone de fortes tensions.
"La France déplore les entraves mises depuis plus de 24 heures à la circulation sur le corridor d'accès reliant l'Arménie et le Haut-Karabagh, qui entraîne des conséquences humanitaires graves pour la population locale. Elle appelle au rétablissement sans conditions de l'accès et des approvisionnements" du Nagorny Karabakh, ou Haut-Karabakh, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La France "relève que conformément à la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, la République d'Azerbaïdjan s'est engagée à garantir la sécurité des déplacements des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine, dans les deux directions", ajoute le Quai d'Orsay.
Peuplée majoritairement d'Arméniens, la région montagneuse du Nagorny Karabakh, soutenue par Erevan, a fait sécession de l'Azerbaïdjan à la chute de l'URSS, entraînant une première guerre dans les années 1990 qui a causé la mort de 30.000 personnes et fait des centaines de milliers de réfugiés.
Azerbaïdjan et Arménie se sont affrontés une nouvelle fois à l'automne 2020 pour le contrôle de la région indépendantiste, un conflit qui s'est soldé par plus de 6 000 morts et une sévère défaite d'Erevan.
Après un accord de cessez-le-feu signé en novembre 2020 sous le parrainage de Moscou, la région séparatiste n'est plus reliée à l'Arménie que par le "corridor de Latchine", étroite bande de terre placée sous le contrôle de troupes russes d'interposition.
Depuis, des affrontements sporadiques ont continué d'éclater, que ce soit au Karabakh ou à la frontière reconnue entre les deux pays, comme en septembre (286 morts).
La guerre en Ukraine et les difficultés subies là-bas par la Russie ont contribué à écorner l'aura de Moscou dans le Caucase. La Russie n'est par exemple pas intervenue malgré la demande d'Erevan de venir à son aide.
"Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, le régime (d'Ilham) Aliev a envoyé ses nervis, déguisés en civils, bloquer le corridor de Latchine, la seule route reliant la République du Haut-Karabakh à l'Arménie et au reste du monde. Cette provocation a pour conséquence d'asphyxier l'enclave arménienne encerclée par l'armée azérie. Elle vise à créer un désastre humanitaire en empêchant son approvisionnement", a dénoncé mardi l'organisation des arméniens de France CCAF.
"La situation entre l'Arménie et l'Azerbaidjan peut être en train de glisser de nouveau vers un conflit", a estimé mardi sur Twitter l'analyste de Carnegie Europe Thomas de Waal, spécialiste du Caucase, relevant que les hommes bloquants la route, "des écologistes autoproclamés" étaient "manifestement envoyés sur place par le gouvernement de Bakou", dont le gouvernement est soutenu par la Turquie.