Corruption: le Parlement européen retire à Eva Kaili sa fonction de vice-présidente

Sur cette photo prise et publiée le 7 décembre 2022 par le Parlement européen, la politicienne grecque et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili s'exprime lors de la cérémonie de remise du Prix du livre européen à Bruxelles. (Photo de Eric VIDAL / PARLEMENT EUROPÉEN / AFP)
Sur cette photo prise et publiée le 7 décembre 2022 par le Parlement européen, la politicienne grecque et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili s'exprime lors de la cérémonie de remise du Prix du livre européen à Bruxelles. (Photo de Eric VIDAL / PARLEMENT EUROPÉEN / AFP)
Sur cette photo prise et publiée le 7 décembre 2022 par le Parlement européen, la politicienne grecque et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili s'exprime lors d'une réunion à Bruxelles. (Photo de Eric VIDAL / EUROPEAN PARLIAMENT / AFP)
Sur cette photo prise et publiée le 7 décembre 2022 par le Parlement européen, la politicienne grecque et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili s'exprime lors d'une réunion à Bruxelles. (Photo de Eric VIDAL / EUROPEAN PARLIAMENT / AFP)
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Publié le Mardi 13 décembre 2022

Corruption: le Parlement européen retire à Eva Kaili sa fonction de vice-présidente

  • Cette sanction pour «faute grave» a été approuvée à la quasi-unanimité des députés présents à Strasbourg en séance plénière, soit 625 votes favorables sur 628 exprimés, un contre et deux abstentions
  • L'élue socialiste grecque incarcérée dimanche en Belgique, est soupçonnée d'avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l'émirat qui accueille actuellement le Mondial de football

STRASBOURG: Le Parlement européen a déchu mardi de sa fonction de vice-présidente Eva Kaili, l'eurodéputée mise en cause dans un scandale de corruption présumée impliquant le Qatar, un premier pas avant une réforme de l'institution jugée indispensable.

Cette sanction pour "faute grave" a été approuvée à la quasi-unanimité des députés présents à Strasbourg en séance plénière, soit 625 votes favorables sur 628 exprimés, un contre et deux abstentions.

Au cœur du scandale qui ébranle les institutions européennes, Mme Kaili occupait l'une des 14 vice-présidences du Parlement.

L'élue socialiste grecque incarcérée dimanche en Belgique, est soupçonnée d'avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l'émirat qui accueille actuellement le Mondial de football. Trois autres personnes ont été écrouées dans cette enquête menée par un juge d'instruction belge.

L'avocat d'Eva Kaili a assuré mardi qu'elle n'avait accepté aucun "pot-de-vin du Qatar". "Sa position est qu'elle est innocente. Elle n'a rien à voir avec les pots-de-vin du Qatar", a affirmé Me Michalis Dimitrakopoulos à la télévision grecque.

Mais des sacs de billets ont été découverts dans son appartement dans la capitale belge. Elle n'a pas bénéficié de son immunité parlementaire car l'infraction a été constatée en flagrant délit.

Crédibilité entamée

Le parquet fédéral belge a annoncé au total des centaines de milliers d'euros saisis, en trois lieux différents, auprès de trois suspects, au cours des 20 perquisitions déjà réalisées. La police a en outre inspecté lundi les locaux du Parlement à Bruxelles pour saisir des données de collaborateurs parlementaires.

Le scandale menace la crédibilité du Parlement européen tout entier, une assemblée souvent en pointe pour dénoncer les pratiques de corruption de certains pays, y compris à l'intérieur de l'UE comme récemment la Hongrie de Viktor Orban.

Roberta Metsola a exprimé lundi "fureur, colère et tristesse", en annonçant une "enquête interne" pour examiner tous les faits ainsi qu'une révision en profondeur des procédures de l'institution.

"Le Parlement européen va lancer un processus de réforme interne afin de garantir que la transparence et la responsabilité soient renforcées", ont promis les présidents des différents groupes politiques, dans un communiqué commun.

Ils ont évoqué "le renforcement des règles du Parlement concernant l'accès à ses locaux et à ses réunions" et plus de transparence et de contrôle concernant "le financement des organisations et des personnes" bénéficiant d'un tel accès.

Plusieurs élus ont souhaité voir avancer la proposition de la Commission européenne d'"une autorité indépendante" sur les questions d'éthique dans les institutions de l'UE.

La présidente des socialistes et démocrates (S&D, gauche) Iratxe Garcia Perez a annoncé que ce groupe politique, auquel appartenait Mme Kaili, avait décidé de se "porter partie civile" lors d'un futur procès.

«Partie émergée de l'iceberg»

Elle a souhaité que le Qatar puisse rendre des comptes. "Nous avons proposé de demander aux autorités du Qatar une collaboration dans cette enquête. Et s'il s’avère que ce pays a essayé de saper la démocratie européenne, qu'il y ait des sanctions", a-t-elle dit.

Doha a démenti être impliqué dans des tentatives de corruption.

L'ordre du jour de la session de mardi a été bouleversé et un débat doit être consacré à cette affaire, à 16h30 (15h30 GMT). A l'issue, un texte, qui devrait plaider pour plus de transparence dans les institutions européennes, sera soumis au vote jeudi.

L'eurodéputé social-démocrate allemand René Repasi redoute, comme d'autres élus, que l'affaire Kaili "ne soit que la partie émergée de l'iceberg", n'excluant pas que d'autres groupes politiques soient concernés.

Ex-présentatrice de télévision âgée de 44 ans, Eva Kaili, eurodéputée depuis 2014, s'était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué, en présence du ministre qatari du Travail, les réformes sociales de l'émirat.

Elle a déjà été exclue ces derniers jours du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) dont elle était une figure controversée ainsi que du groupe S&D. Ses avoirs ont été gelés par l'Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d'argent.

Son maintien ou non en détention, comme celui des trois autres personnes écrouées, sera examiné mercredi par la justice belge.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.