Le Parlement européen ébranlé par un scandale de corruption

La politicienne grecque et vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, s'exprime lors d'une réunion à Bruxelles (Photo, AFP).
La politicienne grecque et vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, s'exprime lors d'une réunion à Bruxelles (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

Le Parlement européen ébranlé par un scandale de corruption

  • La présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, devrait s'exprimer à 17H00 (16H00 GMT), à l'ouverture de la session plénière mensuelle rassemblant tous les eurodéputés à Strasbourg
  • Une réunion des présidents de groupes politiques a été convoquée pour évoquer cette enquête judiciaire belge dévoilée vendredi

BRUXELLES: Le Parlement européen était sous le choc lundi, contraint de réagir fortement après l'incarcération de l'élue grecque Eva Kaili, une vice-présidente, inculpée pour corruption dans une affaire liée au Qatar qui menace de ternir l'image de l'institution.

Mme Kaili et trois autres personnes ont été écrouées dimanche à Bruxelles, deux jours après avoir été interpellées dans le cadre d'une enquête visant d'importants versements d'argent qu'aurait effectués le pays organisateur du Mondial-2022 pour influencer la politique européenne.

"Ces allégations sont extrêmement préoccupantes. C'est une question de confiance dans les personnes au coeur de nos institutions", a réagi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, rappelant avoir proposé la création d'une "autorité indépendante" sur les questions d'éthique.

La présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, devrait s'exprimer à 17H00 (16H00 GMT), à l'ouverture de la session plénière mensuelle rassemblant tous les eurodéputés à Strasbourg (France).

Une réunion des présidents de groupes politiques a été convoquée pour évoquer cette enquête judiciaire belge dévoilée vendredi, selon deux sources au sein du Parlement européen.

Eva Kaili n'a pas bénéficié de son immunité parlementaire car l'infraction a été constatée "en flagrant délit", a expliqué une source judiciaire belge, en précisant que des "sacs de billets" ont été découverts dans l'appartement de l'élue socialiste grecque.

La chambre du conseil devra se prononcer sur son maintien en détention, comme sur celui des trois autres personnes écrouées, dans un délai de cinq jours.

«Autorité indépendante»

Doha a démenti de son côté être impliqué dans des tentatives de corruption. "Toute allégation de mauvaise conduite de la part de l'Etat du Qatar relève d'informations gravement erronées", a affirmé samedi un responsable du gouvernement qatari.

Le Parlement européen est en tout cas ébranlé.

"Il va falloir muscler en urgence notre institution pour lutter contre le poison de la corruption", a réclamé l'eurodéputée française Aurore Lalucq, membre du deuxième groupe politique du Parlement, les Socialistes et démocrates (S&D, gauche) dont Eva Kaili a été suspendue dès ce week-end.

L'ordre du jour de cette dernière session plénière de 2022 risque d'être bouleversé par le scandale et le débat prévu mercredi sur "la défense des démocraties contre l'ingérence étrangère" promet d'être agité.

Face au "pire scandale de corruption de l'histoire" du Parlement européen, l'élue française Manon Aubry (La France Insoumise), co-présidente du groupe de la gauche radicale, a "exigé la démission de la vice-présidente prise la main dans le sac, l'organisation d'un débat avec résolution et l'ouverture immédiate d'une commission d'enquête sur les défaillances du Parlement dans cette affaire".

"Il s'agit vraiment d'un incident incroyable qui doit maintenant être élucidé sans équivoque et avec toute la rigueur de la loi", a réagi la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, avant une réunion avec ses homologues à Bruxelles.

La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a elle aussi souhaité que "toute la lumière soit faite" sur cette affaire "qui semble être particulièrement grave".

Soupçons de corruption: «la démocratie européenne est attaquée», selon la présidente du Parlement européen

"La démocratie européenne est attaquée", a affirmé lundi la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, exprimant "fureur, colère et tristesse".

"Il n'y aura aucune impunité (...) rien ne sera mis sous le tapis", a-t-elle promis dans l'hémicycle de Strasbourg, en annonçant une "enquête interne" pour examiner tous les faits liés au Parlement européen et faire en sorte que l'institution se réforme. 

Mme Metsola s'est montrée très affectée, évoquant "des jours parmi les plus longs de sa carrière". 

Mais elle s'est dit convaincue que le Parlement européen sortirait plus fort de la crise. 

"Ces acteurs malveillants, liés à des pays tiers autocratiques, ont apparemment utilisé des ONG, des syndicats, des individus, des assistants et des députés européens comme des armes dans le but de soumettre nos processus. Leurs plans malveillants ont échoué", a-t-elle affirmé. 

"Nos services, dont je suis incroyablement fière, travaillent avec les autorités judiciaires et policières nationales compétentes pour démanteler ce réseau criminel présumé", a-t-elle dit. 

"Nous allons lancer un processus de réforme pour voir qui a accès à nos locaux, comment ces organisations, ONG et personnes sont financées, quels liens ils entretiennent avec des pays tiers, nous demanderons plus de transparence sur les réunions avec des acteurs étrangers", a promis Mme Metsola. 

La présidente du Parlement européen souhaite également mieux protéger les lanceurs d'alerte. 

"Nous protégerons ceux qui nous aident à dénoncer la criminalité et je m'emploierai à examiner nos systèmes de dénonciation pour voir comment ils peuvent être renforcés", a-t-elle déclaré. 

Avoirs d'Eva Kaili gelés

Eva Kaili a été exclue dès vendredi soir du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) dont elle était déjà une figure controversée. Ses avoirs ont été gelés lundi par l'Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d'argent.

Le Parlement européen compte quatorze vice-présidents issus de différents groupes politiques.

Eva Kaili s'était vue samedi soir retirer toutes les tâches déléguées par la présidente Roberta Metsola dont celle de la représenter dans la région Moyen-Orient.

En cas de "faute grave", les responsables des groupes politiques peuvent, à une majorité de trois cinquièmes, proposer au Parlement de mettre fin à la fonction d'un vice-président. Les eurodéputés doivent ensuite voter cette proposition à une majorité des deux tiers des suffrages exprimés.

En 2011, le Parlement européen avait été secoué par un autre scandale quand trois eurodéputés et anciens ministres - roumain, autrichien et slovène -, avaient été piégés par des journalistes de l'hebdomadaire Sunday Times se faisant passer pour des lobbyistes. Ils avaient accepté de déposer des amendements sur des projets de loi européens, en particulier dans le secteur bancaire, en échange de rémunérations allant jusqu'à 100 000 euros.

Ils ont tous trois été condamnés par la justice de leur pays à des peines allant de deux ans et demi à quatre ans de prison ferme.

Corruption: Orban se moque des déboires du Parlement européen

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban se frottait les mains lundi devant le scandale de corruption qui frappe le Parlement européen, toujours prompt à dénoncer les atteintes à l'Etat de droit dans ce pays d'Europe centrale.

"Bonjour au Parlement européen!", a-t-il lancé sur son compte Twitter.

"Et là, ils ont dit qu'ils étaient vivement préoccupés par la corruption en Hongrie", a-t-il ironisé, dans un message accompagné d'une photo de 1981 où l'on voit les anciens présidents américains Ronald Reagan et George Bush rire aux éclats.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.