COP15: Encore aucune avancée majeure pour espérer un «pacte de paix avec la nature»

L'Équatorien Domingo Peas, conseiller technique et représentant sur le terrain de la Confédération des nationalités autochtones de l'Amazonie équatorienne (CONFENAIE), tient une conférence de presse à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, le 12 décembre 2022 (Photo, AFP).
L'Équatorien Domingo Peas, conseiller technique et représentant sur le terrain de la Confédération des nationalités autochtones de l'Amazonie équatorienne (CONFENAIE), tient une conférence de presse à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, le 12 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 13 décembre 2022

COP15: Encore aucune avancée majeure pour espérer un «pacte de paix avec la nature»

  • Le temps presse: un million d'espèces sont menacées d'extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées
  • La fertilité des sols et la pureté de l'eau compromises, tandis que les océans sont mis en péril par la pollution et le changement climatique

MONTRÉAL: Le monde n'a plus que huit jours pour sceller un accord historique pour enrayer la destruction de la nature. Mais à mi-parcours, la COP15 n'a enregistré aucune avancée majeure, tant sur la question brûlante du financement entre Nord et Sud que sur l'objectif phare de protéger 30% de la planète.

De l'avis général, les négociations entreront dans le dur jeudi, quand les ministres de l'Environnement des 196 membres de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) prendront à Montréal le relais de leurs délégués.

Mais les chances d'aboutir le 19 décembre à l'approbation d'un ambitieux "pacte de paix avec la nature" – une vingtaine d'objectifs pour stopper la destruction des eaux, des forêts et du vivant d'ici la fin de la décennie – sont compromises si le projet d'accord reste en l'état.

Malgré des dizaines d'heures de travail pour les 5 000 délégués depuis le 3 décembre, le texte est très en retard, plombé par des dizaines de points toujours en négociations. Seuls cinq des 22 ou 23 objectifs envisagés avaient été tranchés.

"Les gouvernements progressent, mais pas assez vite pour préparer un texte propre à l'arrivée des ministres", regrette Alfred DeGemmis, haut responsable de la Wildlife Conservation Society (WCS).

Le temps presse: un million d'espèces sont menacées d'extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées, la fertilité des sols et la pureté de l'eau compromises, tandis que les océans sont mis en péril par la pollution et le changement climatique.

"Nous sommes encore très loin du but, mais nous voyons la lumière au bout du tunnel", veut croire Marco Lambertini, patron du WWF international, qui constate "une implication plus constructive" qu'au début du sommet.

"On voit se dessiner un marché où les pays du Sud disent qu'ils n'accepteront pas de s'engager sur des ambitions fortes sans des financements correspondant en face", résume Sébastien Treyer, directeur général du cercle de réflexion IDDRI.

Le Brésil a réitéré samedi, au nom du continent africain et de 14 autres pays dont l'Inde et l'Indonésie, leur demande de "subventions financières d'au moins 100 milliards de dollars par an ou 1% du PIB mondial jusqu'en 2030".

Fonds mondial biodiversité

Une augmentation jugée irréaliste par les pays riches, pour qui l'aide au développement dédiée à la biodiversité en 2020 représentait 10 milliards de dollars par an en 2020.

"Si aujourd'hui on est à 10 milliards, parler de 100 milliards d'un coup tétanise la conversation", prévient l'ambassadrice française à la COP15, Sylvie Lemmet, alors que les pays riches ont tenu leurs engagements de doubler l'aide au développement dans la décennie précédente.

L'Union européenne s'oppose aussi à la création d'un nouveau fonds mondial sur la biodiversité, réclamé par plusieurs pays d'ici la COP16 de 2024 en Turquie.

Une solution jugée inefficace par le Nord, qui préfère pousser à une réforme de la finance mondiale, publique et privée, et à une meilleure utilisation des ressources nationales. Ainsi qu'à la réduction des subventions négatives pour la nature, notamment à l'agriculture via les engrais et les pesticides, objet de vifs débats avec le Brésil et l'Argentine.

Les Etats-Unis, même s'ils ne font pas partie de la négociation, faute d'avoir ratifié la Convention sur la biodiversité, jouent un rôle crucial dans l'équation financière susceptible de débloquer l'accord.

"Nous avons réapprovisionné le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) cette année, la contribution américaine a été plus importante que jamais", a souligné lundi l'ambassadrice américaine pour l'environnement Monica Medina. "Sans un environnement sain, aucune économie du monde ne pourra prospérer à long terme", a-t-elle ajouté.

Pour lever les obstacles, les yeux sont tournés vers la Chine, présidente de la COP15, jugée trop "attentiste" ou "passive" dans les couloirs du sommet.

Une critique balayée par l'ambassadrice française, qui salue une "présidence chinoise très impliquée", "à l'écoute des parties" et qui "s'engage bilatéralement".

Lundi, les négociateurs ont repris à huis clos les débats. "C'est encourageant", a déclaré lundi Elizabeth Mrema, cheffe de la CDB de l'ONU, mais cela reste une "route semée d'embûches".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.