Aux portes de Schengen, les illusions perdues des Roumains et Bulgares

Des camions font la queue pour entrer au poste frontière de Giurgiu-Ruse entre la Roumanie et la Bulgarie, près de Giurgiu, en Roumanie, le 6 décembre 2022 (Photo, AFP).
Des camions font la queue pour entrer au poste frontière de Giurgiu-Ruse entre la Roumanie et la Bulgarie, près de Giurgiu, en Roumanie, le 6 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 décembre 2022

Aux portes de Schengen, les illusions perdues des Roumains et Bulgares

  • Devant le nouveau rejet de leur adhésion jeudi à Bruxelles, l'amertume gagne ces deux pays tentés par l'euroscepticisme
  • Pour Alexandru Birnea, routier depuis 13 ans, l'entrée dans Schengen faciliterait la vie de milliers de transporteurs

GIURGIU: Plus de dix ans que la Roumanie et la Bulgarie patientent dans l'antichambre de Schengen. Devant le nouveau rejet de leur adhésion jeudi à Bruxelles, l'amertume gagne ces deux pays tentés par l'euroscepticisme.

Le Premier ministre roumain Nicolae Ciuca a fait part de sa "profonde déception". "L'unanimité n'a pas été possible car un seul Etat, l'Autriche, a refusé notre candidature", a-t-il réagi devant des journalistes à Bucarest.

En Bulgarie, le président Roumen Radev a regretté que soient "érigées des frontières intérieures au sein de l'Union européenne (UE)".

Attente interminable aux frontières


Ne pas faire partie de cette vaste zone de libre circulation permettant de voyager sans contrôles aux frontières, se traduit par des attentes sans fin aux divers points de passage.

Chaque jour, une file de poids lourds de plusieurs kilomètres se forme dès l'aube.

Blasés, des chauffeurs interrogés par l'AFP début décembre à Giurgiu, côté roumain, égrènent les longues heure d'attente sur la route menant au contrôle douanier vers la Bulgarie.

Pour Alexandru Birnea, routier depuis 13 ans, l'entrée dans Schengen faciliterait la vie de milliers de transporteurs.

"On aimerait éviter de perdre autant de temps et donc d'argent dans ces queues interminables afin de retourner plus vite auprès de nos familles", explique le chauffeur de 36 ans aux airs de rocker, qui ne faisait guère d'illusions sur l'issue du vote.

Veto de l'Autriche


La Commission européenne réclame pourtant cet élargissement de longue date et avait renouvelé son appel en novembre. Si la touristique Croatie a obtenu le précieux feu vert, la Roumanie (19 millions d'habitants) et la Bulgarie (6,5 millions) se heurtent à de tenaces réticences.

Les deux anciens pays communistes ont pourtant rejoint l'UE avant elle, dès 2007, et remplissent les critères techniques depuis 2011, mais il leur a été demandé des progrès en matière de justice et de lutte anti-corruption.

Placés sous la loupe du Mécanisme de coopération et de vérification, un dispositif de surveillance renforcé, ils en sont sortis en 2019 pour Sofia et le 22 novembre dernier pour Bucarest. De quoi raviver pour un temps les espoirs.

Las, l'Autriche a durci son discours, dénonçant un afflux de demandeurs d'asile qui s'aggraverait en cas d'élargissement de l'espace Schengen.

"Ils ne passent pas par la Roumanie", mais majoritairement par la Serbie, a réagi le ministre roumain de l'Intérieur Lucian Bode, faisant référence aux près de 140.000 migrants comptabilisés depuis janvier par l'agence européenne Frontex sur la "route des Balkans de l'Ouest".

Le refus de Vienne "se base sur des chiffres que nous considérons comme incorrects", a renchéri jeudi le Premier ministre Ciuca.

En réalité, ce veto "reflète surtout des enjeux de politique intérieure", dans un contexte de montée de l'extrême droite dans les sondages, relève le professeur de sciences politiques Sergiu Miscoiu.

L'impossible


Les Pays-Bas, longtemps hostiles, ont eux modéré leur position et ont donné leur feu vert à la Roumanie mais restent "préoccupés" par "la corruption et les droits humains" en Bulgarie.

"Je veux qu'on m'assure qu'on ne peut pas franchir la frontière avec un billet de 50 euros", a souligné la semaine dernière le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Le ministre de l'Intérieur bulgare Ivan Demerdjiev a rejeté des propos "insultants", l'absence "d'exigences concrètes", rappelant "les efforts exceptionnels déployés pour répondre aux exigences des partenaires européens".

"On attend l'impossible du pays le plus pauvre et le plus corrompu de l'UE", résume l'hebdomadaire bulgare Capital.

Pour M. Miscoiu, "le vote négatif renforcera les eurosceptiques, notamment en Bulgarie qui a déjà eu quatre élections ces deux dernières années".

Le président roumain Klaus Iohannis a lui aussi mis en garde contre un rejet qui "risque de compromettre l'unité et la cohésion européennes, dont nous avons tant besoin, surtout dans le contexte géopolitique actuel".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.