PARIS: L'Iran s'est vu imposer de nouvelles sanctions vendredi après avoir procédé, la veille, à une première exécution liée au mouvement de contestation violemment réprimé depuis près de trois mois, entraînant de nouveaux appels à manifester.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé pour sa part que la République islamique faisait preuve "de la plus grande retenue face aux émeutes", en réponse à l'indignation de pays occidentaux face à la pendaison de ce jeune homme.
L'Iran est confronté à des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique.
Exécuté jeudi, Mohsen Shekari, 23 ans, avait été condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au début des manifestations, à l'issue d'une procédure judiciaire dénoncée comme un procès-spectacle par des organisations de défense des droits humains.
L'annonce de son exécution a provoqué de multiples condamnations à l'étranger ainsi que de l'ONU.
Au Royaume-Uni, le chargé d'affaires iranien a été convoqué au ministère des Affaires étrangères jeudi, après cette exécution, "une action totalement disproportionnée, qui vise à intimider les Iraniens ordinaires et à étouffer les voix dissidentes", selon un communiqué du Foreign office.
Londres a également indiqué vendredi avoir sanctionné 30 entités ou personnalités originaires de 11 pays parmi lesquels l'Iran, incluant des responsables iraniens accusés d'infliger des "peines choquantes" à des manifestants anti-régime.
Le Canada a lui sanctionné 22 hauts responsables de la magistrature, de l'administration pénitentiaire et de la police iraniens, ainsi que des collaborateurs de haut rang du guide suprême, l’ayatollah Khamenei.
L'Union européenne s'apprête, elle, à ajouter sur sa liste noire 20 personnes et une entité iraniennes pour sanctionner les violations des droits humains commises en Iran lors de la répression des manifestations, ont indiqué vendredi des sources diplomatique à Bruxelles.
Amnesty International s'est dite "horrifiée" par la pendaison de Mohsen Shekari, qui "met en évidence l'inhumanité" du système judiciaire de l'Iran où "de nombreuses autres personnes risquent de subir le même sort".
Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, a de son côté appelé à une forte réaction internationale pour dissuader la République islamique de procéder à d'autres exécutions.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué jeudi soir que l'Iran avait fait preuve "de la plus grande retenue face aux émeutes".
"Mort au dictateur"
Mohsen Shekari a été enterré 24 heures après son exécution en présence de quelques membres de sa famille et des forces de sécurité dans le cimetière Behesht-e Zahra de Téhéran, a rapporté le site 1500tasvir.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des manifestants sont descendus dans la rue où il avait été arrêté, en criant "Ils ont emmené notre Mohsen et ont ramené son corps", selon une vidéo publiée par ce média en ligne.
Au cours d'un autre rassemblement dans le quartier de Chitgar à Téhéran, des manifestants ont notamment scandé "Mort au dictateur", en référence au guide suprême.
Hamed Esmaeilion, un militant irano-canadien qui a organisé des manifestations de masse à Berlin, à Paris et dans d'autres villes, a annoncé d'autres rassemblements ce weekend: "Quelles que soient les croyances et les idéologies, rejoignons ces rassemblements pour protester contre l'exécution terrifiante de #MohsenShekari", a-t-il tweeté.
L'exécution de Shekari s'est produite avec une telle précipitation que sa famille attend toujours de connaître le résultat de son appel, a relevé 1500tasvir, qui a diffusé des images présentées comme le moment où sa famille a appris la nouvelle de l'exécution devant sa maison à Téhéran. Elles montrent une femme criant maintes fois "Mohsen!"
Selon l'IHR, les forces de sécurité iraniennes ont tué au moins 458 manifestants depuis le début du mouvement de contestation. Une dizaine de personnes au moins risquent également la pendaison après avoir été condamnées à mort pour leur implication dans les manifestations, ont averti des ONG de défense des droits humains.