BEYROUTH: Les élections estudiantines dans les universités libanaises ont toujours été un indicateur de la capacité des partis politiques à attirer la nouvelle génération dans leurs rangs.
Mais le triomphe des indépendants lors des récentes élections à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), à l’Université libano-américaine, à l'université Saint-Joseph, ainsi qu’à l'université Notre-Dame-de-Louaizé, indique que les choses ont changé.
«Il y a un changement majeur dans la mentalité des étudiants et les problèmes qu’ils jugent urgents ne sont plus les mêmes. Ils ont une rancœur contre le système qui gouverne leur pays», déclare à Arab News le Dr Talal Nizameddin, le doyen des affaires étudiantes de l'AUB. Les étudiants considèrent les résultats de ces élections comme historiques.
Les partis politiques «ont perdu la confiance des étudiants», explique à Arab News le Dr Ziad Abdel Samad, expert en questions sociales et ancien secrétaire général de l'Association libanaise pour des élections démocratiques.
Les partis «sont incapables d'atteindre» les étudiants, précise-t-il, «soit en raison de l'absence de vie sur le campus dans les universités à cause de la pandémie de Covid-19, soit en raison du changement de mentalité des jeunes, qui surveillent le rôle de partis au pouvoir, leur corruption et les crises économiques et sociales auxquelles ils ont conduit le pays».
Il ajoute: «La plus grande question demeure: ce changement parmi les étudiants est-il le signe d'un changement de mentalité de tous les Libanais? Ce qui signifie: les indépendants ou leurs partisans gagneront-ils si des élections parlementaires ont lieu?»
Mohammed Mansour, le commissaire à la jeunesse du Parti socialiste progressiste, déclare à Arab News: «La révolution et les manifestations ont affaibli tous les partis au Liban sans exception. Mais la révolution n’a pas présenté de programme clair et cohérent, garantissant une transition vers un changement réel.»
Lors des manifestations de rue de l'année dernière, le mouvement civil a abouti à la formation d'un nouveau mouvement estudiantin qui, selon le politologue Hamed Abdel-Samad, «n'a pas encore atteint le statut de parti, mais tente plutôt de jouer le rôle d'une alternative».
Il ajoute: «Ce nouveau mouvement s'exprime à travers des clubs étudiants laïcs, dont certains sont de gauche et d'autres libéraux. Les partis traditionnels ne sont plus en mesure de convaincre les générations instruites, alors ces clubs laïcs commencent à y parvenir.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com