Au Royaume-Uni, un passionné collecte les sons «presque oubliés»

Le musicien et artiste sonore Stuart Fowkes enregistre le son du passage d'une rame du métro londonien à la station de métro Blackfriars, à Londres, le 28 novembre 2022. (Photo : Ben Stansall / AFP)
Le musicien et artiste sonore Stuart Fowkes enregistre le son du passage d'une rame du métro londonien à la station de métro Blackfriars, à Londres, le 28 novembre 2022. (Photo : Ben Stansall / AFP)
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Publié le Dimanche 04 décembre 2022

Au Royaume-Uni, un passionné collecte les sons «presque oubliés»

  • «Des nouveaux sons voient le jour plus rapidement que jamais auparavant dans l'histoire, mais ils changent et disparaissent également plus vite qu'avant», affirme Stuart Fowkes
  • Le projet «sons obsolètes» rassemble plus de 150 enregistrements collectés à travers le monde et inclut des mixages de ces sons par des musiciens et artistes

LONDRES : Hormis les touristes, rares sont ceux qui accordent encore beaucoup d'importance aux emblématiques cabines téléphoniques rouges à Londres. La plupart ne fonctionnent plus, ainsi, quand Stuart Fowkes en trouve une encore en état de marche, il ne peut s'empêcher d'enregistrer sa sonnerie.

Ce son si particulier va enrichir sa collection de bruits disparus qu'il entend préserver dans le cadre d'un projet qu'il a baptisé «les sons obsolètes».

Stuart Fowkes saisit son petit microphone et passe à l'action. «J'ai toujours été curieux des sons», explique-t-il.

«Des nouveaux sons voient le jour plus rapidement que jamais auparavant dans l'histoire, mais ils changent et disparaissent également plus vite qu'avant», affirme-t-il.

Ces cinq dernières années, il a ainsi collecté et remixé sur son site «Cities and Memory» plus de 5.000 sons de 100 pays. Tous sont en train d'être archivés par la British Library.

Pour son nouveau projet, il veut collecter les bruits qui sont «presque oubliés», ceux qui selon lui ont «la plus grande résonance émotionnelle».

«Ce qui m'a frappé, c'est la façon dont les gens ont été émus par certains des enregistrements», explique-t-il.

«Vous avez des gens qui entendent le son d'une caméra Super 8 et ils se rappellent être dans leur salon en 1978 avec leur père qui montre des films amateurs pour la première fois», ajoute-t-il.

Le projet «sons obsolètes» rassemble plus de 150 enregistrements collectés à travers le monde et inclut des mixages de ces sons par des musiciens et artistes.

Présentée comme la plus importante collection du genre, elle inclut des sons de baladeurs à cassette Walkman ou des vieilles consoles de jeux vidéos, mais aussi le bruit du train à vapeur ou d'anciennes voitures de course.

Stuart Fowkes a également enregistré le bruit d'un environnement qui change rapidement, comme des glaciers en train de craquer et de fondre.

«Avant la révolution industrielle, notre environnement sonore - des clochers, des sabots de chevaux, l'industrie manuelle - n'a pas tellement changé pendant des centaines d'années», raconte M. Fowkes.

«Aujourd'hui, tout change à un rythme ridicule. Les objets n'ont que quelques années, comme les sonneries de téléphones portables, qu'ils sont déjà démodés.»

- Les bruits de la ville -

En s'engouffrant dans le métro londonien, le collectionneur de sons se remet au travail.

Pour lui, le crissement d'un train qui arrive en gare ou le bruit des portes qui s'ouvrent et se ferment n'ont absolument rien d'ennuyeux.

«J'ai toujours été quelqu'un qui écoute le monde. Dès que j'ai eu un enregistreur entre les mains, j'ai commencé à écouter le monde un peu différemment et à entendre des choses que les gens ne remarqueraient pas forcément ou n'écouteraient pas», ajoute-t-il.

Stuart Fowkes, consultant numérique, a lancé «Cities and Memory» en 2015 et a attiré quelque 1.000 collaborateurs dans le monde.

«Tous les matins je me réveille et j'ai des mails avec des sons d'endroits complètement inattendus, comme une plage à Bali ou même un métro à Pyongyang», raconte-t-il.

Et ces enregistrements de terrain sont à la mode, ajoute le passionné. Des artistes comme Björk les utilisent dans leur musique.

«Avant c'était très niche, un peu comme le comportement des +trainspotters+ (des mordus du ferroviaire, NDLR) mais désormais, tout le monde peut enregistrer de manière correcte sur son téléphone et ça devient de plus en plus +mainstream+», affirme M. Fowkes.

Le collectionneur est ravi de l'enthousiasme généré par son projet mais aimerait recevoir encore plus de sons, notamment de villes en Afrique.

Tout le monde peut participer, souligne-t-il, en «sortant simplement le téléphone par la fenêtre» avant de partager l'enregistrement sur son site.

Il continue de son côté à enregistrer les bruits du quotidien, une passion qui l'accompagne partout.

«Dès qu'on va en vacances je vais dire (à ma femme): +est-ce que tu as entendu ce passage piéton? Il faut que je l'enregistre+».


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com