Biden devrait cesser de livrer des armes au gouvernement israélien d'extrême droite, selon d'anciens diplomates

Daniel Kurtzer (à gauche), et Aaron David Miller (à droite) avertissent les États-Unis: «Ne traitez pas avec Ben-Gvir et Smotrich» (Photo, AFP)
Daniel Kurtzer (à gauche), et Aaron David Miller (à droite) avertissent les États-Unis: «Ne traitez pas avec Ben-Gvir et Smotrich» (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 01 décembre 2022

Biden devrait cesser de livrer des armes au gouvernement israélien d'extrême droite, selon d'anciens diplomates

  • L'éditorial du Washington Post appelle à une action «sans précédent» pour freiner l'annexion de la Cisjordanie et soutenir la solution à deux États
  • Daniel Kurtzer et Aaron David Miller avertissent les États-Unis: «Ne traitez pas avec Ben-Gvir et Smotrich»

LONDRES: Deux anciens diplomates appellent le président américain, Joe Biden, à suspendre les livraisons d'armes à Israël si celles-ci sont utilisées à des fins offensives contre les Palestiniens.

Décrivant la nouvelle administration de Benjamin Netanyahou comme «le gouvernement le plus extrémiste de l'histoire de ce pays», Daniel Kurtzer, ancien ambassadeur américain en Israël, et Aaron David Miller, négociateur américain pour la paix au Moyen-Orient, ont écrit dans le Washington Post que Biden devrait prendre la décision «sans précédent et sujette à controverse» de reconsidérer le soutien militaire de Washington à Israël.

Ils ont prévenu que le gouvernement de Netanyahou pourrait chercher à annexer ou à «changer le statut de la Cisjordanie» et à «construire des infrastructures pour les colons conçues pour exclure la possibilité d'une solution à deux États», ajoutant qu’il «faut dire à Israël que, si les États-Unis continueront à soutenir les exigences de sécurité légitimes de leur allié, ils ne fourniront pas d'armes offensives ou d'autre assistance pour des actions israéliennes malveillantes, à Jérusalem ou dans les Territoires occupés.»

Les deux diplomates ont également écrit que Biden devrait mettre fin à la protection d'Israël par Washington dans les forums diplomatiques internationaux, tel que le Conseil de sécurité de l'ONU, où les États-Unis opposent souvent leur veto aux motions critiquant Israël.

Ils ont précisé que cette rupture avec le protocole était justifiée, Netanyahou ayant «donné vie aux partis d'extrême droite radicaux, racistes, misogynes et homophobes» pour former sa coalition, et notamment Itamar Ben-Gvir comme ministre de la Sécurité nationale, qu'ils ont décrit comme un «incitateur reconnu à la haine et à la violence» qui jouira dans le cadre de ses attributions d’«une autorité étendue sur la Cisjordanie, Jérusalem et les villes mixtes arabo-juives en Israël».

L'accession de Bezalel Smotrich à un rôle potentiel de supervision de l'administration civile a également été critiquée, ce dernier ayant «appelé à l'expulsion des Arabes». Il aura désormais son mot à dire dans la gestion de la Cisjordanie.

«Biden devrait également indiquer clairement à Israël que son administration n'aura pas de relations avec Ben-Gvir, Smotrich ou leurs ministères s'ils continuent à adopter des politiques et des actions racistes», ont affirmé Kurtzer et Miller.

«Pour un président américain, faire pression sur un gouvernement israélien démocratiquement élu serait sans précédent et sujet à controverse. Cependant, Israël ne s'est jamais engagé dans une voie aussi dangereuse. La volonté politique compte, et c'est le moment pour Biden de montrer la force et la détermination américaines.»

La présence de Ben-Gvir au sein du gouvernement a suscité de nombreuses critiques dans le pays et à l'étranger, le ministre israélien de la Défense sortant Benny Gantz avertissant que la police des frontières israélienne armée par les États-Unis pourrait être utilisée comme une «armée privée» dans les Territoires occupés.

L'article du Washington Post a ajouté que la Maison Blanche ne devrait pas se concentrer uniquement sur Israël, ajoutant que l'administration de Biden devait exercer des pressions sur les Palestiniens pour «freiner la violence et le terrorisme», et ouvrir la voie à la tenue d'élections libres et impartiales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com