TEHERAN: Quinze personnes, dont une femme et trois mineurs, accusées d'avoir tué début novembre un paramilitaire lors d'une cérémonie organisée par des manifestants pour marquer le 40e jour de la mort d'une des leurs, risquent la peine de mort, a annoncé mercredi la justice iranienne.
L'Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs. Cette dernière lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.
"La première audience des agresseurs de Ruhollah Ajamian a eu lieu ce matin (mercredi) dans la province d'Alborz" près de Téhéran, a indiqué l'organe de la justice, Mizan Online.
"Quinze accusés ont été inculpés de corruption sur terre", un crime passible de la peine capitale, a précisé la même source.
Ruhollah Ajamian, membre de la milice Bassidj, liée aux Gardiens de la révolution [l'armée idéologique de la République islamique], a été tué le 3 novembre à Karaj, dans la province d'Alborz, à 30 km à l'ouest de Téhéran, alors qu'un rassemblement marquait près d'un cimetière le 40e jour de deuil après la mort d'une manifestante, selon les médias locaux.
"Les émeutiers ont attaqué cet agent de sécurité qui n'était pas armé, l'ont déshabillé, poignardé, frappé avec des poings américains, des pierres et des coups de pied, puis ont traîné son corps nu et à moitié mort sur l'asphalte de la rue et entre les voitures d'une manière horrible", avait affirmé le 12 novembre Hossein Fazeli Harikandi, chef de la justice de la province d'Alborz.
L'agence Mizan avait annoncé le même jour l'inculpation de onze individus, dont une femme, soupçonnés d'avoir assassiné Ajamian.
Mercredi, Mizan a précisé que "trois des accusés ont 17 ans" et que "leur cas sera traité par un tribunal spécial chargé des délits juvéniles".
Depuis la mi-septembre, des milliers d'Iraniens et une quarantaine d'étrangers ont été arrêtés et plus de 2.000 personnes inculpées en lien avec les "émeutes", selon les autorités judiciaires.
Parmi les inculpés, au moins six ont été condamnés à mort en première instance et leur sort dépend désormais de la Cour suprême qui doit statuer sur leur appel.
Un général iranien a fait état lundi de la mort de plus de 300 personnes depuis le début du mouvement de contestation.
Dans ce bilan figurent des dizaines de membres des forces de l'ordre tués dans des affrontements avec les manifestants ou assassinés, selon les autorités iraniennes.