Le prochain Sommet du G20 sera véritablement historique : il sera le premier à être présidé par un pays arabe, et se tiendra dans le contexte exceptionnel de la pandémie de coronavirus (Covid-19) et de la période particulièrement difficile que nous connaissons aujourd’hui, période durant laquelle la coopération et la solidarité sont plus importantes que jamais.
En convoquant un Sommet extraordinaire des dirigeants le 26 mars pour faire face aux conséquences de la pandémie, l’Arabie saoudite a traité de la gravité de la crise sanitaire mondiale.
Pour la première fois également, le Royaume a réussi à organiser le sommet de novembre en mode virtuel.
Depuis décembre dernier, la présidence saoudienne du G20 a été exemplaire et je félicite l’Arabie saoudite pour les décisions éclairées qu’elle a prises et la responsabilité dont elle a fait preuve durant ces derniers mois.
La pandémie de COVID-19 a eu un impact sans précédent sur l’économie mondiale et sur les conditions de vie des populations du monde entier. Elle a aussi révélé des faiblesses dans notre préparation et notre réponse et a mis en valeur les difficultés communes.
Le G20 devait faire face à ce défi historique. C’est pourquoi le président français Emmanuel Macron a plaidé pour un G20 ambitieux qui serait capable de traiter des problèmes mondiaux que d’autres pays n’ont pas pu résoudre tout seuls mais seulement grâce à une coopération internationale accrue.
Le défi le plus urgent était d’organiser la réponse internationale à la pandémie.
La France considère que l’OMS est le cadre approprié dans lequel nous devons élaborer et mettre en œuvre notre réponse collective à la pandémie ; il est important que le G20 soutienne pleinement cette organisation.
Notre réponse à une pandémie ne peut pas se baser sur le nationalisme ou la concurrence : nous encourageons donc l’accès équitable et abordable aux tests, traitements et vaccins contre la Covid-19 et soutenons le dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT) et son COVAX, ainsi que la concession volontaire de licences de propriété intellectuelle.
Les économies les plus vulnérables du monde, notamment en Afrique, ont été fortement touchées par la pandémie. Certains pays du continent risquent aujourd’hui de retomber dans une spirale de pauvreté et de surendettement.
Durant des années, la France a constamment demandé au G20 de s’engager pour soutenir l’Afrique. Nous avons réussi, en étroite collaboration avec la présidence saoudienne, à établir un moratoire sur la dette des pays les plus pauvres jusqu’à 2021.
Le G20 doit être une occasion pour réaffirmer l’importance de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Ludovic Pouille
Cependant, ce moratoire n’est qu’un aspect du problème : afin d’éviter que la dette n’entrave le développement, nous devons nous assurer qu’elle est soutenable. Nous proposons donc que les règles du Club de Paris s’appliquent au reste du monde.
La pauvreté ne peut être combattue efficacement sans croissance économique, mais ces dernières années ont montré que la croissance pouvait s’accompagner d’une augmentation des inégalités. La pandémie a eu un impact dévastateur sur les marchés du travail alors que des millions de travailleurs continuent de subir des pertes d'emplois et de revenus. Nous ne pouvons pas permettre qu'une partie de la population se retrouve dans une situation aussi vulnérable.
Fidèle à sa tradition de justice sociale, la France promeut l'accès à une protection sociale globale, robuste et adaptative pour tous.
Étant donné que les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par la crise, il existe un risque réel que les inégalités entre les sexes se creusent davantage si nous ne prenons collectivement des mesures vigoureuses.
En collaboration avec la présidence saoudienne, la France a visé des engagements forts en faveur de l’égalité des sexes et de la promotion de l’autonomisation des femmes et des filles. Des progrès énormes ont été réalisés au cours des dernières décennies, mais ils restent fragiles: il nous appartient de les rendre irréversibles.
Mais tous ces efforts seront vains si nous ne répondons pas à l'urgence climatique. Alors que nous nous remettons de la pandémie, nous nous engageons à protéger notre planète et à bâtir un avenir plus respectueux de l'environnement et plus inclusif pour tous.
La prévention de la dégradation de l'environnement, la conservation, l'utilisation durable et la restauration de la biodiversité, la préservation de nos océans, l'air pur, la qualité de l'eau, la réponse aux catastrophes naturelles et aux événements météorologiques extrêmes, et la lutte contre le changement climatique sont parmi les défis les plus urgents de notre époque.
En proclamant que la seule façon de lutter contre le réchauffement climatique est de s’unir, l'Accord de Paris a constitué un grand pas en avant.
Le G20 doit être une occasion pour réaffirmer l’importance de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
La France compte sur les pays participants pour améliorer ou maintenir leurs contributions déterminées au niveau national, tout en reconnaissant que de nouveaux efforts mondiaux sont nécessaires.
À quelques jours seulement du sommet des dirigeants du G20, qui marquera la conclusion de la présidence saoudienne, j’espère que les discussions y verront des niveaux d'ambition qui correspondent à la nature et l'ampleur exceptionnelles des défis auxquels nous avons été confrontés au cours de l’année écoulée.
Pour conclure, je voudrais, en ma qualité d’ambassadeur de France en Arabie saoudite, souligner l’importance que nous accordons au partenariat stratégique global entre nos deux pays pour faire face à ces défis mondiaux.
• Ludovic Pouille est l’ambassadeur de France en Arabie saoudite.