Tunisie: la figue de barbarie en cosmétique, « une aubaine» pour les régions pauvres

Une photo montre une usine qui transforme des figues de Barbarie biologiques en jus, en extrait de patte et de graines pour fabriquer de l'huile, dans une ferme de figues de Barbarie à Zelfen, près de Kasserine dans le centre de la Tunisie, le 25 octobre 2022. (Photo, AFP)
Une photo montre une usine qui transforme des figues de Barbarie biologiques en jus, en extrait de patte et de graines pour fabriquer de l'huile, dans une ferme de figues de Barbarie à Zelfen, près de Kasserine dans le centre de la Tunisie, le 25 octobre 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 23 novembre 2022

Tunisie: la figue de barbarie en cosmétique, « une aubaine» pour les régions pauvres

  • Propriétaire de 420 hectares de figuiers de barbarie certifiés bio équitable à Zelfen (centre-ouest), Rochdi Bannani produit 2 000 litres par an d'huile de pépins de figues, destinés à 95% à l'export
  • Zelfen, au cœur du gouvernorat de Kasserine caractérisé par un taux de pauvreté de 33% et 20% de chômage, a trouvé avec ce fruit une source de développement local

TUNIS: Sur la route de Zelfen, en Tunisie, des champs de figuiers de barbarie s'étendent à perte de vue: cette plante est une "aubaine" pour cette région déshéritée grâce à l'huile antirides qui en est extraite, très prisée en cosmétique.

"Ici, c'est la capitale de la figue de barbarie", lance fièrement Mohamed Rochdi Bannani. C'est l'un des premiers en Tunisie à avoir investi dans la transformation des pépins des fruits de cette cactée, pour produire l'huile précieuse et chère - 350 euros le litre - de plus en plus recherchée à l'international pour ses vertus anti-âge.

Propriétaire de 420 hectares de figuiers de barbarie certifiés bio équitable à Zelfen (centre-ouest), il produit 2 000 litres par an d'huile de pépins de figues, destinés à 95% à l'export.

"Ce fruit a changé ma vie et celle de la région. Il a créé de la richesse dans une zone où la figue de barbarie était un symbole de pauvreté", confie à l'AFP M. Bannani, 52 ans, en arpentant son champ en cette fin de période de récolte.

Zelfen, au cœur du gouvernorat de Kasserine caractérisé par un taux de pauvreté de 33% et 20% de chômage, a trouvé avec ce fruit une source de développement local.

Environ 30.000 hectares, dont 3.000 hectares de figuiers bio, sont cultivés dans cette petite localité frontalière de l'Algérie.

Le secteur y emploie plus de 5.000 personnes, selon Boubaker Raddaoui, chargé de la filière pour le Projet d'accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir (PAMPAT), soutenu par l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI).

Attractivité

La Tunisie est au cinquième rang mondial en termes de surfaces cultivées en figues de barbarie à des fins commerciales avec 117.771 ha, derrière le Brésil, le Mexique, l'Ethiopie et le Maroc.

Le pays nord-africain, parvenu à une production annuelle de 550.000 tonnes de fruits, mise aujourd'hui essentiellement sur l'huile.

Près de 8.000 litres ont été exportés en 2021 pour un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros, selon le PAMPAT qui, depuis 2013, forme les producteurs et les aide à s'organiser dans les circuits professionnels.

"Les exportations ont bondi de 50% entre 2019 et 2021, ce qui nous montre l'attractivité de la filière et l'accroissement de la demande d'une année sur l'autre", souligne M. Raddaoui.

Le dynamisme du secteur est tel que le pays est passé de cinq entreprises de transformation (surtout centrées sur l'huile) au début des années 2000 à 55 en 2021, dont 11 dans la région de Zelfen, organisées en coopératives.

"Avant, tout le monde voulait partir (de la région). Aujourd'hui, c'est de l'histoire ancienne grâce à l'huile", confie Hamza Rochdi, un jeune agriculteur qui cultive les 40 hectares des terres familiales.

"Grâce à l'intérêt croissant pour ce fruit, nos conditions de travail se sont améliorées", estime Hanane Messaoudi, cueilleuse de figues depuis sept ans, payée désormais au salaire minimum (près de 500 dinars par mois, environ 150 euros).

Peu exigeant

Le figuier de barbarie présente en outre l'avantage de ne pas redouter les sols arides, pour un pays où l'eau se rarifie, comme dans toute la région.

La Tunisie est tombée largement sous le seuil de la pénurie d'eau, estimé à 1.700 m3 par habitant, avec seulement 428 m3 par habitant par an, selon les derniers chiffres officiels datant de 2004.

"Le figuier de barbarie est peu exigeant, s'adapte à plusieurs types de sols et consomme peu d'eau. C'est une aubaine écologique", souligne M. Raddaoui.

Sur les traces de Zelfen, d'autres régions s'intéressent à cette culture, à l'image de Nabeul (nord-est) et Kairouan (centre).

Cet engouement a cependant ses limites en raison de difficultés d'entrée sur des marchés très dynamiques comme le Japon ou la Corée du sud.

Pour le moment, Mohamed Rochdi Bannani ne transforme que 20% de sa production annuelle (20.000 tonnes de fruits) en huile en raison de "problèmes de commercialisation". "Les marchés ne sont pas ouverts à 100%", regrette-t-il.

En outre, même si elle se vend cher sous forme de cosmétiques, "l'huile de pépins de figues de barbarie est coûteuse à produire", note Salim Benmiled, qui a créé en 2020 une usine de transformation à Thala, près de Zelfen.

Une raison qui a poussé cet industriel de 62 ans à exploiter d'autres dérivés du fruit, comme les écorces pour l'alimentation animale ou les graines pour la fabrication de farine alimentaire.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.