La Turquie exige que Washington «cesse tout soutien» aux YPG en Syrie

Des combattants syriens soutenus par la Turquie montent la garde à Jarablus, près de la frontière avec la Turquie, dans le nord de la province syrienne d'Alep, tenu par les rebelles, le 21 novembre 2022. (AFP)
Des combattants syriens soutenus par la Turquie montent la garde à Jarablus, près de la frontière avec la Turquie, dans le nord de la province syrienne d'Alep, tenu par les rebelles, le 21 novembre 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

La Turquie exige que Washington «cesse tout soutien» aux YPG en Syrie

  • La Russie a dit espérer que la Turquie ferait preuve de «retenue» et se garderait de «tout usage excessif de la force» en Syrie
  • Ankara accuse le PKK et les YPG d'être à l'origine de l'attentat qui a fait six morts et 81 blessés dimanche 13 novembre à Istanbul, ce que les deux groupes ont nié

ISTANBUL: La Turquie a exigé mardi que ses alliés, Etats-Unis en tête, "cessent tout soutien" aux Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, considérée comme terroriste par Ankara mais qui a été soutenue par Washington pour contrer le groupe Etat islamique.

"Nous affirmons à tous nos interlocuteurs, les Etats-Unis notamment, que les YPG équivalent au PKK [Parti des Travailleurs du Kurdistan, reconnu comme terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux, NDLR], et nous exigeons d'eux avec force que cesse tout soutien aux terroristes", a affirmé mardi le ministre turc de la Défense Hulusi Akar.

Les Etats-Unis avaient appelé plus tôt mardi à la "désescalade" en Syrie, en réaction aux propos du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a menacé lundi d'une opération terrestre dans le nord du pays après une série de raids aériens contre des positions kurdes en Syrie et en Irak et des tirs de roquettes sur le sol turc depuis le territoire syrien.

Ankara accuse le PKK et les YPG d'être à l'origine de l'attentat qui a fait six morts et 81 blessés dimanche 13 novembre à Istanbul, ce que les deux groupes ont nié.

"Nous appelons à la désescalade en Syrie pour protéger les civils et soutenir l'objectif commun de vaincre l'Etat islamique", a plaidé le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price dans un communiqué.

"Nous continuons à nous opposer à toute action militaire non coordonnée en Irak qui viole la souveraineté de l'Irak", a-t-il ajouté.

La Russie a également dit mardi espérer que la Turquie ferait preuve de "retenue" et se garderait de "tout usage excessif de la force" en Syrie.

Ankara, Moscou et Washington sont des acteurs majeurs de la guerre en Syrie, qui a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011.

L'aviation turque a lancé dimanche l'opération "Griffe Épée", une série de raids qui ont visé des positions du PKK et des YPG dans le nord de l'Irak et de la Syrie.

Selon un bilan lundi soir de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 37 personnes, dont 18 membres des forces du régime syrien, ont perdu la vie dans ces raids côté syrien.

Les tirs de roquettes depuis la Syrie ont, eux, fait deux morts lundi dans la ville turque de Karkamis (sud-est).


L'armée israélienne annonce avoir mené une « frappe ciblée» sur Beyrouth

L'immeuble est situé dans une région fortement peuplée, traditionnellement connue pour être le fief du Hezbollah. (AFP)
L'immeuble est situé dans une région fortement peuplée, traditionnellement connue pour être le fief du Hezbollah. (AFP)
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  • L'armée israélienne a annoncé avoir mené une "frappe ciblée" sur Beyrouth
  • Quatre roquettes israéliennes ont été tirées sur un immeuble d'habitation dans la banlieue sud de la capitale libanaise

BEYROUTH:  L'armée israélienne a annoncé avoir mené une "frappe ciblée" sur Beyrouth.

Quatre roquettes israéliennes ont été tirées sur un immeuble d'habitation dans la banlieue sud de la capitale libanaise. Tel-Aviv a immédiatement revendiqué l'attaque sans toutefois préciser quelle est la personnalité visée par le raid. 

L'immeuble est situé dans une région fortement peuplée, traditionnellement connue pour être le fief du Hezbollah. 

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené une "frappe ciblée" sur Beyrouth, où une source de sécurité a fait état d'une frappe israélienne sur la banlieue sud de la capitale libanaise, bastion du Hezbollah.

"L'armée israélienne a mené un frappe ciblée à Beyrouth", indique un communiqué militaire, sans préciser la nature de cette frappe ni les moyens employés. "Il n'y a pour l'heure aucun changement dans les directives (...) du Commandement du front intérieur" (la défense passive israélienne), ajoute l'armée.

 


Pour l'ambassadeur saoudien au Royaume-Uni, la région est «  plus que jamais proche de la guerre  »

Le conflit israélo-palestinien est au cœur des tensions et les deux parties ont la responsabilité d'éviter l'escalade. (AFP)
Le conflit israélo-palestinien est au cœur des tensions et les deux parties ont la responsabilité d'éviter l'escalade. (AFP)
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  • Le prince Khalid ben Bandar appelle à "redoubler d'efforts" pour mettre fin à l'escalade
  • La situation sur le terrain ne cesse de se dégrader", a-t-il déclaré à Sky News

LONDRES : Le Moyen-Orient est confronté à la plus grande menace de guerre régionale depuis 1973, a averti l'ambassadeur saoudien au Royaume-Uni.

Lors de l'émission "The World with Yalda Hakim" diffusée sur Sky News, le prince Khalid ben Bandar a déclaré qu'il fallait "redoubler d'efforts" pour mettre fin à l'effusion de sang.

"J'aimerais dire que je suis optimiste, mais il est difficile de voir d'où vient cet optimisme", a-t-il ajouté.

"La situation sur le terrain ne cesse de s'aggraver [...]. Je pense que nous n'avons jamais été aussi proches d'une guerre régionale depuis 1973".

Le conflit israélo-palestinien est au cœur des tensions, et les deux parties ont la responsabilité d'éviter l'escalade, a ajouté le prince Khalid.

"Le problème israélo-palestinien affecte les gens du monde entier comme très peu de conflits le font", a-t-il déclaré.

"On voit dans les manifestations (dans le monde entier) que tout le monde est touché et motivé par ce qui se passe sur le terrain.

"Les Israéliens et les Palestiniens ont donc une responsabilité - qu'ils le veuillent ou non - à l'égard du monde.

Le conflit pourrait avoir des conséquences mondiales, ce qui obligerait la communauté internationale à "pousser plus fort" pour tenter de mettre fin aux combats, a-t-il ajouté.

"Un conflit qui s'étend au-delà de l'endroit où il se trouve s'étend à la région. S'il s'étend à la région, il s'étend au monde, et ce n'est pas un scénario que l'on souhaite", a-t-il ajouté.

"Il est temps de redoubler d'efforts pour faire cesser les combats... La communauté internationale devrait insister davantage ."

Ces commentaires interviennent alors que le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a annoncé une "nouvelle phase" dans la lutte contre le Hezbollah à la suite de l'explosion des dispositifs de communication du groupe libanais cette semaine.

Des personnalités internationales de premier plan, dont le secrétaire général des Nations unies, ont averti que les attaques israéliennes pourraient précéder une opération de plus grande envergure au Liban.

Le Hezbollah a promis de répondre à ces attaques, qui ont fait plus de 30 morts et des milliers de blessés.

Mercredi, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré que Washington évaluait la manière dont les attaques au Liban pourraient affecter les négociations de cessez-le-feu dans la guerre de Gaza.


Le Hezbollah promet une riposte «terrible» après avoir reçu un coup « sans précédent »

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  • Le chef du Hezbollah a reconnu jeudi que la formation pro-iranienne avait reçu un coup "sans précédent", après les explosions meurtrières de ses appareils de transmission au Liban
  • Dans un discours télévisé, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête interne sur les explosions de bipeurs et de talkies-walkies qui ont fait mardi et mercredi 37 morts et près de 3.000 blessés dans ses rangs

BEYROUTH: Le chef du Hezbollah a reconnu jeudi que la formation pro-iranienne avait reçu un coup "sans précédent", après les explosions meurtrières de ses appareils de transmission au Liban, promettant une "terrible" riposte à cette attaque spectaculaire attribuée à Israël.

L'armée israélienne a de son côté poursuivi ses raids aériens dans le sud du Liban, disant avoir visé notamment des systèmes lance-roquettes du Hezbollah "prêts à être utilisés immédiatement pour tirer sur le territoire israélien".

Au total, elle a affirmé avoir frappé jeudi "environ 100 lanceurs" et d'autres infrastructures "représentant environ 1.000 canons".

Dans un discours télévisé, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête interne sur les explosions de bipeurs et de talkies-walkies qui ont fait mardi et mercredi 37 morts et près de 3.000 blessés dans ses rangs, exacerbant les craintes d'une guerre à grande échelle au Proche-Orient.

Israël va recevoir "un terrible châtiment", a-t-il prévenu.

Israël n'a pas commenté cette attaque survenue juste après qu'il a annoncé étendre ses objectifs de guerre à Gaza contre le Hamas palestinien jusqu'à la frontière avec le Liban pour permettre le retour chez eux des habitants du nord du pays. Ces derniers ont été déplacés par les affrontements transfrontaliers, quasi-quotidiens depuis octobre entre le Hezbollah et l'armée israélienne.

"Vous ne pourrez pas ramener les habitants du nord" chez eux, a rétorqué Hassan Nasrallah aux dirigeants israéliens.

"Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", a-t-il martelé. Le Hamas s'est dit "très reconnaissant" de ce soutien.

Le Hezbollah a revendiqué depuis jeudi matin au moins 17 attaques contre 14 positions militaires israéliennes.

Bipeurs interdits

Les opérations militaires contre le mouvement islamiste libanais "vont continuer", a affirmé jeudi soir le ministre de la Défense, Yoav Gallant, alors que l'armée a annoncé la mort de deux soldats israéliens "tombés au combat" dans le nord du pays.

Selon l'agence de presse officielle libanaise Ani, un  "drone hostile" a survolé jeudi soit plusieurs zones du sud du Liban, diffusant par hauts-parleurs des "discours incitatifs" contre le chef du Hezbollah et l'accusant de "causer une destruction totale".

Mardi, des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le Hezbollah, se sont produites dans ses bastions en banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l'est du Liban, faisant douze morts et des centaines de blessés, selon le ministère libanais de la Santé.

Le lendemain, une deuxième vague d'explosions visant cette fois des talkies-walkies a fait 25 morts, selon le ministère, portant à 37 morts et 2.931 blessés le nombre de victimes sur deux jours.

Dans ce contexte extrêmement tendu, la compagnie aérienne américaine Delta Air Lines a annoncé jeudi prolonger jusqu'à la fin de l'année la suspension de sa desserte entre New York et Tel-Aviv. American Airlines avait déjà indiqué qu'il ne l'assurerait plus jusqu'à fin mars 2025 et United Airlines l'a suspendue sine die.

Les compagnies Lufthansa et Air France ont elles aussi annoncé jeudi prolonger la suspension de leurs vols pour Tel-Aviv et Beyrouth.

Qatar Airways a de son côté annoncé, avec effet immédiat, interdire jusqu'à nouvel ordre aux passagers au départ de l'aéroport de Beyrouth de transporter des bipeurs et talkies-walkies, conformément aux directives de l'Aviation civile au Liban.

Plainte à l'ONU

Le ministre israélien de la Défense a annoncé mercredi que le "centre de gravité" de la guerre se déplaçait "vers le nord". Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.

"Nous menons nos tâches simultanément", a souligné M. Gallant.

Selon un responsable libanais de la sécurité, "les appareils (de transmission du Hezbollah) étaient préprogrammés pour exploser".

Une enquête préliminaire des autorités libanaises montre que les appareils ont été piégés avant d'entrer dans le pays, selon une lettre de la mission libanaise à l'ONU vue jeudi par l'AFP.

Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a annoncé le dépôt d'une plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU suite à "l'agression cyberterroriste israélienne qui constitue un crime de guerre".

La Turquie a accusé "Israël d'étendre la guerre au Liban", l'ONU et Washington ont mis en garde contre une "escalade" tandis que Londres a exprimé sa "profonde préoccupation".

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont promis "une réponse écrasante du front de la résistance", qui regroupe des formations armées de la région hostiles à Israël.

Le président américain Joe Biden pense néanmoins "faisable" une résolution diplomatique du conflit entre Israël et le Hezbollah: c'est "la meilleure option", a déclaré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche.

Dans la soirée, le président français Emmanuel Macron a adressé un message vidéo aux Libanais, leur assurant qu'un "chemin diplomatique existe".

Pendant ce temps, les frappes se poursuivent à Gaza, assiégée et plongée dans une crise humanitaire majeure.

Le conflit a éclaté le 7 octobre 2023, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

Plus de 41.272 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.