PARIS : «C'est pour elle qu'on ne doit pas craquer»: la famille et l'entourage de Cécile Kohler, enseignante et syndicaliste française détenue en Iran depuis mai dernier, s'est exprimée dimanche pour la première fois, dans un journal régional, quelques jours avant la création d'un comité de soutien.
«Est-on sûr qu'elle est en vie alors qu'on ne sait même pas où elle est retenue ? Leur intérêt n'est pas de la tuer et elle est sûrement mieux traitée que les détenus iraniens sur le plan matériel mais ce traitement est inhumain», a déclaré son père, Pascal Kohler, au quotidien Les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA).
Sa famille, qui vit à Soultz près de Strasbourg dans l'est de la France, n'a aucun contact avec elle depuis son arrestation, et aucun représentant consulaire français n'a pu la voir, expliquent les DNA. Une situation «insupportable» pour les parents, Pascal et Mireille, qui s'inquiètent de «l'état psychologique» de Cécile.
Un comité de soutien sera lancé mardi à Strasbourg, jour de la Sainte-Cécile. Noémie Kohler, sa sœur, en sera la porte-parole.
Cécile Kohler, 38 ans, a été arrêtée avec un autre Français, Jacques Paris, alors qu'elle voyageait en Iran, pays qu'elle rêvait de visiter «depuis longtemps».
Ses proches ont décidé de s'exprimer publiquement après la diffusion début octobre par Téhéran d'une vidéo présentée comme des «aveux», selon laquelle Cécile Kohler travaillait pour les services secrets français. Paris avait dénoncé une «mise en scène indigne» et évoqué pour la première fois des «otages d'Etat».
Le ministère français des Affaires étrangères a appelé début novembre les Français de passage en Iran à «quitter le pays dans les plus brefs délais compte tenu des risques de détention arbitraire auxquels ils s'exposent».
Famille, amis et collègues souhaitent aussi faire connaître Cécile Kohler. Syndicaliste en charge des relations internationales chez Force ouvrière, cette agrégée de lettres modernes a choisi de continuer à enseigner pour «rester au contact du terrain, de ses collègues et de ses élèves», reprennent les DNA.
L'Organisation internationale du Travail (OIT) a demandé cette semaine sa libération «sans délai», ainsi que celle de Jacques Paris, et qu'ils puissent bénéficier d'une «assistance consulaire immédiate».
Cécile est «la dévotion incarnée» selon ses proches, une enseignante «toujours volontaire pour les classes réputées difficiles», décrit Marine, une collègue et amie. «Une personne avec une joie de vivre immense» pour Anthony, ancien colocataire.
Saliha, agent d'entretien au lycée Les Pierres Vives à Carrières-sur-Seine en région parisienne où travaille Cécile Kohler, témoigne d'une professeure «pas hautaine» qui «donnait à nous, agents d'entretien, autant d'importance que les professeurs».