PARIS: Des députés de La France insoumise, accompagnés de "gilets jaunes" dont Priscilla Ludosky et Jérôme Rodrigues, ont annoncé jeudi qu'ils travaillaient à faire reconnaître par l'Assemblée nationale les "mutilés" et la "répression policière" survenus durant le mouvement.
Quatre ans après le premier "acte" de ce qu'ils appellent une "révolte", la présidente du groupe LFI Mathilde Panot et les députés Raquel Garrido, Arnaud Le Gall et Andrée Taurinya ont présenté leur "plan d'action législatif" en conférence de presse au Palais Bourbon.
"Cet événement historique a provoqué une sortie de route de nos institutions côté police et justice", qui se sont "comportées de manière inhabituelle et non conforme", a estimé Raquel Garrido.
D'après le ministère de l'Intérieur, au cours des différents "actes" du samedi à Paris et sur les ronds-points de France, 1.900 manifestants ont été blessés dont certains gravement avec la perte d'un œil ou d'un membre. Onze personnes sont mortes, pour la plupart lors d'accidents à des barrages routiers.
Selon Amnesty International, entre novembre 2018 et juillet 2019, 11.203 manifestants ont été placés en garde à vue, et 5.962 manifestants libérées sans poursuites. Plusieurs milliers de condamnations ont été prononcées.
Alors que "nous voulions seulement oeuvrer pour l'amélioration de la vie des citoyens", "la seule réponse, ça a été des tartes dans la figure", s'est exclamé Jérôme Rodrigues.
"Seuls 50% des mutilés ont pu porter plainte, car ça coûte de l'argent", s'est-il indigné.
Raquel Garrido a indiqué que LFI envisageait d'utiliser son unique droit de tirage par session pour obtenir une commission d'enquête parlementaire. Ou à défaut, LFI réaliserait son propre "audit".
Avec plusieurs objectifs, a expliqué l'élue de Seine-Saint-Denis: la "reconnaissance par l'Etat des dysfonctionnements"; la création "d'un guichet où les personnes pourraient recevoir un soutien juridique, financier et psychologique"; et "obtenir des pouvoirs publics des éléments chiffrés sur les condamnations et amendes".
Arnaud Le Gall a pour sa part présenté une proposition de loi, "à améliorer" mais "qui sera déposée rapidement", pour entre autres "amnistier les +gilets jaunes+ condamnés, souvent pour outrage, ce qui est très flou".
"Ce sera la reconnaissance que c'était une révolte car il y a eu amnistie après la commune de Paris (en 1871), la guerre d'Algérie et mai 68", a rappelé le député du Val-d'Oise.