JERUSALEM : Les députés israéliens élus aux législatives du 1er novembre doivent prêter serment mardi, au moment où se poursuivent les difficiles tractations sur la formation d'un gouvernement mené par l'ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui pourrait être le plus à droite de l'histoire du pays.
Avec 64 sièges sur les 120 du Parlement, le bloc de droite de M. Netanyahu est arrivé en tête des élections, le cinquième scrutin en trois ans et demi dans un pays polarisé.
Au pouvoir de 1996 à 1999 puis de 2009 à 2021, le Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël a été mandaté dimanche pour former le nouveau gouvernement, malgré son inculpation pour corruption dans une série d'affaires.
Son parti, le Likoud, a obtenu 32 sièges aux législatives, ses alliés ultra-orthodoxes 18 et l'alliance d'extrême droite "Sionisme religieux" 14, un record.
En face, le camp de son rival centriste Yaïr Lapid, qui l'avait chassé du pouvoir en juin 2021, n'a lui obtenu que 51 sièges, tandis qu'un parti arabe non-aligné en a récolté cinq.
La cérémonie d'investiture, qui doit débuter à 16H00 (14H00 GMT), se tiendra ainsi dans une Knesset aux rangs de gauche clairsemés. Le parti Meretz, qui disposait de six sièges sous l'ancienne mandature, n'a pas atteint le seuil d'éligibilité et sera pour la première fois absent de l'hémicycle. Le parti travailliste est lui passé de sept à quatre sièges.
Marchandages
Benjamin Netanyahu a promis d'être "le Premier ministre de tous", à la tête d'un gouvernement "stable et performant", mais déjà des inquiétudes sont nées, localement et à l'étranger.
L'attention se focalise sur la liste "Sionisme religieux" de deux ténors de l'extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, qui réclament des portefeuilles ministériels importants.
Connu pour ses diatribes anti-palestiniennes, M. Ben Gvir cible le ministère de la Sécurité intérieure tandis que M. Smotrich souhaite la Défense.
Mais selon la presse, M. Netanyahu est réticent à confier ce portefeuille très sensible, en première ligne du conflit israélo-palestinien, à M. Smotrich, qui serait prêt à accepter le ministère des Finances.
Problème: le chef du parti séfarade ultra-orthodoxe Shass, Arieh Dery, reconnu coupable de fraude fiscale en 2021 et auparavant emprisonné pour corruption mais revigoré par ses 11 sièges, lorgne lui aussi sur les Finances ou l'Intérieur, d'après la presse.
"Impasse dans les négociations de la coalition", titrent mardi les journaux israéliens Yediot Aharonot et Maariv.
"Smotrich a indiqué au Likoud qu'il n'avait pas l'intention de renoncer aux demandes de son parti. Dans le même temps, les négociations n'ont pas avancé et les partis commencent à parler d'une impasse dans les discussions", écrit Anna Barsky dans Maariv.
Violences
Les tractations en vue d'un nouveau gouvernement se déroulent sur fond de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Mardi, deux Israéliens ont été tués dans une attaque près d'une colonie dans le nord et l'assaillant a été abattu.
L'armée israélienne a multiplié ces derniers mois les raids en Cisjordanie, dans la foulée d'attaques anti-israéliennes meurtrières. Ces opérations, et les heurts qui y sont parfois associés, ont fait plus de 120 morts palestiniens, le bilan le plus lourd depuis sept ans, selon l'ONU.
MM. Smotrich et Ben Gvir affirment que les forces israéliennes devraient avoir plus de pouvoirs pour lutter contre le "terrorisme".
Mardi, l'actuel ministre des Finances, Avigdor Lieberman, a affirmé à la radio publique Kan que des "amis à Washington" l'avaient informé que les Américains ne coopéreraient pas avec MM. Smotrich et Ben Gvir s'ils entraient au gouvernement.
Aussitôt après les résultats des élections, plusieurs pays occidentaux parmi lesquels les Etats-Unis ont appelé à la "tolérance" et à respecter "les groupes minoritaires".
M. Netanyahu a 28 jours pour former son équipe ministérielle, avec un supplément de 14 jours si nécessaire.
Il revient aux affaires malgré son inculpation pour corruption et alors que son procès est en cours. En Israël, le Premier ministre ne dispose d'aucune immunité judiciaire mais n'a pas à démissionner ni à se retirer pendant la durée de son procès.