MONTREAL : La police canadienne a annoncé lundi l'arrestation d'un ancien chercheur de la compagnie d'électricité Hydro-Québec pour espionnage industriel au profit de la Chine, dans un contexte de tensions entre les deux pays.
Yuesheng Wang, 35 ans, "est accusé d'espionnage pour avoir obtenu des secrets industriels dans le cadre de ses fonctions au sein d'Hydro-Québec", a indiqué David Beaudoin, inspecteur de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC).
Il a annoncé qu'il s'agissait d'une première au Canada, qui a récemment durci le ton contre Pékin après un rapport faisant état d'interférence lors d'élections et de la présence de postes de police chinois illégaux dans le pays.
Yuesheng Wang est soupçonné d'avoir partagé des renseignements au "profit de la République populaire de Chine et au détriment des intérêts économiques du Canada".
Il est accusé d'obtention de secrets industriels, de fraude et d'abus de confiance par un fonctionnaire. M. Wang doit être présenté mardi matin à un juge.
Selon la police, ce chercheur aurait publié des articles scientifiques et brevets pour le compte d'une université ainsi que des centres de recherche chinois à l'insu de son employeur, entre février 2018 et octobre 2022.
"Hydro-Québec fait partie des infrastructures essentielles et constitue un intérêt stratégique à protéger", a ajouté la police.
Le suspect a été arrêté à son domicile, dans la banlieue de Montréal.
Le dépôt d'une plainte d'Hydro-Québec avait conduit à l'ouverture d'une enquête en août 2022.
Hydro-Québec a précisé que l'homme travaillait sur des sujets "liés aux matériaux de batterie" au Centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie (CEETSE) jusqu'à son récent licenciement "pour manquements graves au Code d'éthique de l'entreprise".
"L'ensemble de ses accès lui ont été retirés dès les premiers soupçons", a expliqué l'entreprise.
Les relations entre la Chine et le Canada se sont fortement dégradées ces dernières années, notamment après l'arrestation par le Canada à la demande des Etats-Unis de la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou en 2018.
Malgré une détente relative après sa libération et celle de deux Canadiens arrêtés en représailles, ces dernières semaines ont été marquées par un nouveau durcissement des relations.
Le Premier ministre Justin Trudeau a récemment estimé que la Chine se livrait à des "jeux agressifs" avec les démocraties et les institutions canadiennes.