PARIS: Les Larmes de la Seine est un film d’animation français qui se penche sur le massacre des Algériens commis par la police de Paris lors d’une manifestation pacifique, le 17 octobre 1961, contre le couvre-feu qui leur a été imposé par la Préfecture de police. Cette journée tragique a été marquée par une répression policière sanglante qui s’est soldée par des centaines de morts, dont de nombreuses personnes jetées dans la Seine sur ordre du préfet Maurice Papon. Soixante-et-un ans plus tard, ces événements tragiques restent méconnus de la société française, notamment des jeunes.
Interrogé par Arab News en français sur le choix de la thématique du court-métrage, Yanis Bélaïd, coréalisateur et scénariste du film, raconte: «J’ai voulu traiter ce sujet car j’ai souvent entendu mon grand-père parler de la guerre d’Algérie, de ce qui se passait en France, et plus précisément des événements du 17 octobre 1961. Ce projet se penche sur un événement lourd qui reste, aujourd’hui encore, un sujet tabou en France. Il a été porté par mon école Pole 3D et par tous les membres de notre équipe, dont certains en ignoraient les faits. En première année, nous avons entamé l’écriture du scénario, le développement des personnages et la définition du style graphique. La seconde année a été consacrée à la production du court-métrage, totalement réalisé en 3D. C’est un processus de production audiovisuelle qui inclut la création artistique des personnages, des images et des effets spéciaux. C’est un travail fastidieux et très long.»
L’équipe du film
Yanis Bélaïd, Eliott Benard, Alice Letailleur, Nicolas Mayeur, Étienne Moulin, Hadrien Pinot, Philippine Singer et Lisa Vicente
Un appel à la communion
Selon les réalisateurs, Les Larmes de la Seine relate des faits tragiques de l’histoire mais appelle aussi à la communion. «Notre intention n’était pas de pas mettre de l’huile sur le feu. Nous voulions transmettre un message plus actuel, c’est pourquoi nous avons divisé le film en deux parties: la première est ancrée dans la réalité des faits lors de la manifestation des Algériens et le drame qui s’ensuivit, et la seconde bascule vers le poétique, le lyrique, accompagnée de la musique d’Ibrahim Maalouf afin d’apporter un message de communion et d’avenir, celui qui consiste à dire qu’il est important de connaître le passé pour comprendre le présent», explique Yanis Bélaïd.
Festivals en France et à l’étranger
Le film a été sélectionné pour plusieurs festivals en France et à l’étranger. «Nous avons de la chance que notre film soit sélectionné dans de nombreux pays en Europe, dont la France, ou en Afrique, et nous sommes chanceux de pouvoir nous déplacer pour de nombreux événements phares comme le Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand en France, ou au British Academy of Film and Television Arts et, plus récemment, aux Oscars des étudiants à Los Angeles aux États-Unis», poursuit Yanis Bélaïd.
Sélectionné parmi les finalistes par l’Académie des Oscars des étudiants de Los Angeles, le court-métrage a été récompensé par la médaille de bronze. «La Cérémonie était grandiose, on bascule vers un autre monde, c’est un véritable show à l’américaine, avec de très belles rencontres avec des personnalités influentes de cet univers. On sent vraiment que tout est possible et réalisable. Les Larmes de la Seine a été réalisé à Roubaix; on ne s’imaginait pas arriver à Los Angeles un an plus tard. Pour nous, recevoir une distinction de la part de ces professionnels chevronnés représente un rêve américain qui se réalise», conclut-il.