Procès du crash du Rio-Paris: Airbus plaide l'absence de responsabilité

Le logo de l'avionneur européen Airbus est vu au Forum international de la cybersécurité à Lille, dans le nord de la France, le 8 juin 2022. (Photo, AFP)
Le logo de l'avionneur européen Airbus est vu au Forum international de la cybersécurité à Lille, dans le nord de la France, le 8 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 novembre 2022

Procès du crash du Rio-Paris: Airbus plaide l'absence de responsabilité

  • Jugé depuis le 10 octobre pour homicides involontaires, Airbus fait face aux questions d'un tribunal parisien, jusqu'à mardi, par la voix de son représentant
  • L'ancien pilote d'essai a répondu pendant plus de six heures, disant son ignorance sur certaines questions, répondant longuement à la plupart

PARIS: Le représentant d'Airbus a plaidé l'absence de responsabilité du constructeur dans le crash, le 1er juin 2009, du vol Rio-Paris, qui a causé la mort de 228 personnes, lors de son interrogatoire au procès de la catastrophe à Paris.

Jugé depuis le 10 octobre pour homicides involontaires, Airbus fait face aux questions d'un tribunal parisien, jusqu'à mardi, par la voix de son représentant.

L'ancien pilote d'essai a répondu pendant plus de six heures, disant son ignorance sur certaines questions, répondant longuement à la plupart.

"L'accident commence par le givrage des sondes", rappelle d'abord l'une des trois juges, qui fait circuler dans la salle d'audience trois sondes Pitot, de fins tubes métalliques fixés à l'extérieur de l'avion.

Le 1er juin 2009, déstabilisés par le givrage de ces sondes mesurant la vitesse de l'appareil et surtout par ses conséquences en chaîne dans le cockpit, les pilotes de l'AF447 ont perdu le contrôle de l'appareil qui a heurté l'océan en moins de cinq minutes.

Au cours des mois précédents, les obstructions similaires de sondes par des cristaux de glace s'étaient multipliées, quasi intégralement sur un seul modèle de Pitot, le modèle Thalès AA.

Pourquoi Airbus n'a pas pris en charge le remplacement de ces sondes sur les avions, en appliquant un "principe de précaution statistique" ? demande la magistrate.

"A ce moment-là, on ne comprend pas ce qui se passe vraiment", fait valoir Christophe Cail. "Avant l'accident, les éléments que l'on a ne nous montrent pas une dangerosité particulière, et on est encore dans la phase où on veut comprendre".

Le constructeur est poursuivi pour avoir sous-estimé la gravité de cette panne et surtout ses conséquences sur les pilotes. Il lui est aussi reproché de ne pas avoir suffisamment averti les compagnies aériennes afin qu'elles forment leurs équipages.

Pour Airbus, au contraire, il existait trois "portes de sortie" qu'auraient pu emprunter les pilotes pour sauver l'avion: ce n'est donc pas l'appareil et son fabricant qui sont en cause.

Le constructeur estime aussi avoir largement "communiqué" sur la panne: dans sa revue "Safety First", lors de conférences de sécurité, de maintenance, à l'occasion de sessions d'entraînement.

Des "actions assez générales", relève la magistrate: "est-ce qu'il n'aurait pas été possible d'avoir une réponse plus ciblée ?"

"On n'a pas fait un message ciblé là-dessus, sauf à Air France et Air Caraïbes (...)" qui avaient sollicité Airbus, admet M. Cail.

"Vous estimez que c'était de la compétence des compagnies ?", questionne la juge.

"On distribue Safety First, c'est quasiment peut-être le seul moyen qu'on a d'avoir un contact direct avec les pilotes. Sinon ce sont les compagnies aériennes à qui on distribue. Charge à elle de redistribuer (...)", résume-t-il.

Air France, qui opérait le vol, est jugée avec Airbus pour homicides involontaires.

Lors de son interrogatoire mercredi et jeudi, le représentant de la compagnie s'est défendu de toute faute, en refusant de charger les pilotes ou de se défausser sur Airbus.

Des experts aéronautiques ont estimé que la "procédure" mise en place par Airbus pour réagir au givrage des sondes Pitot, et donc à la perte des indications de vitesse dans le cockpit, n'était pas "adaptée".

Les pilotes de l'AF447 y étaient formés, mais ils ne l'ont jamais appliquée. Ils n'ont pas non plus diagnostiqué l'origine de la panne.

Dans la soirée, M. Cail a estimé en conclusion que l'enchaînement des actions des pilotes reste en partie mystérieux. "Je ne dis pas que ce sont des mauvais pilotes", dit-il. "C'est l'équipage qui n'a pas marché".


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.