KHARTOUM: Pour la deuxième fois en deux semaines, des milliers de Soudanais partisans des islamistes ont manifesté samedi devant la délégation de l'ONU à Khartoum, pour protester contre les "ingérences" internationales visant à relancer la transition démocratique dans leur pays.
Les islamistes, partisans de la dictature islamo-militaire d'Omar el-Béchir déchu en 2019 sous la pression de la rue et de l'armée, appellent régulièrement au départ de l'ONU du pays.
Ils dénoncent désormais aussi le seul plan de sortie de crise jusqu'ici apparemment envisagé par les civils et les militaires qui ont mené il y a un an le putsch qui a interrompu la transition lancée en 2019. Il s'agit d'une proposition de Constitution élaborée par l'association prodémocratie du barreau soudanais appelant à un gouvernement civil.
"On manifeste contre l'ingérence étrangère dans notre pays, on n'acceptera pas la Constitution laïque du barreau soudanais", a lancé Ahmed Abderrahmane, un manifestant.
"Nous allons sortir dans toutes les rues, sur toutes les places, tous les jours, dans toutes les villes, dans toutes les rues pour protéger ce pays, préserver son unité et sa sécurité. Non aux collaborateurs", a renchéri un autre, Louaï Moustafa.
Autour d'eux, des pancartes ont proclamé "Non aux ingérences étrangères" et "Volker dégage", en référence à l'émissaire de l'ONU à Khartoum Volker Perthes.
Les prodémocratie disent depuis un an redouter un retour à l'ancien régime de M. Béchir, aujourd'hui en prison. Ils en veulent pour preuve le fait que de nombreux islamistes ont retrouvé leurs postes au sein du pouvoir.
Mais le torchon semble désormais brûler entre le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du putsch d'octobre 2021, et les islamistes, anciens alliés sous Béchir.
Le général Burhane a appelé il y a une semaine les islamistes et le parti du dictateur déchu à "ne pas s'approcher de l'armée".
Les médiations internationales lancées depuis un an échoppent notamment sur ce point: les civils limogés lors du putsch affirment qu'ils ne reviendront à la table des négociations que si l'armée accepte l'idée de se retirer du pouvoir selon un calendrier précis et si les responsables de l'ex-régime sont définitivement écartés et jugés.
Depuis le coup d'Etat, le Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, ne cesse de s'enfoncer dans la crise politique et économique.