Ocean Viking: Après «l'enfer» libyen, les rêves d'une nouvelle vie en France

Des hommes et des femmes, secourus par le navire Ocean Viking, attendent leur arrivée au camp de vacances «Giens Cap Levant» à Hyères, le 11 novembre 2022 (Photo, AFP).
Des hommes et des femmes, secourus par le navire Ocean Viking, attendent leur arrivée au camp de vacances «Giens Cap Levant» à Hyères, le 11 novembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 12 novembre 2022

Ocean Viking: Après «l'enfer» libyen, les rêves d'une nouvelle vie en France

  • À peine arrivés, beaucoup de migrants, exsangues, regards dans le vide, voûtés, titubant pour certains, s'étaient installés dans un hall extérieur
  • Le centre, situé au bout de la presqu'île encadrée de pins et baignée de soleil en ce vendredi après-midi, appartient à une structure sociale

HYÈRES: Le jeune Ibrahim desserre les lèvres et dévoile la dent qui lui manque. Stigmates des sévices endurés et laissés "pour toujours" derrière lui en Libye, depuis qu'il a débarqué vendredi du navire humanitaire Ocean Viking dans le sud de la France: "un rêve" inattendu.

Le Gambien de 17 ans fait partie des premiers rescapés à être descendus du bateau de l'ONG SOS Méditerranée, qui a accosté le matin même à Toulon, au terme d'un blocage homérique qui a fracturé les relations entre la France et l'Italie, dont les ports lui sont restés fermés.

Comme les 229 autres migrants à bord, il a été transféré dans un village-vacances de la presqu'île de Giens, à Hyères.

Le centre, situé au bout de la presqu'île encadrée de pins et baignée de soleil en ce vendredi après-midi, appartient à une structure sociale. Mais pour ces rescapés, c'est une "zone d'attente internationale" créée spécialement pour qu'ils ne soient pas considérés comme étant en France, et dont il leur est interdit de sortir avant une première évaluation de leur demande d'asile.

Ibrahim n'en a que faire. "Tout ce que je voulais, c'était quitter la Libye, l'enfer". Un enfer où il a "survécu" deux ans et huit mois.

Il y a travaillé comme électricien et vécu "comme un noir qu'on peut frapper", raconte-t-il en jaugeant une parka à col fourré que lui proposent des humanitaires dans le centre, palliant les besoins élémentaires de migrants dont nombre déambulent encore pieds nus ou en chaussettes.

Nouvelle vie

Comme beaucoup, Ibrahim pensait arriver en Italie, mais se retrouve en France où il "adorerai(t) rester, commencer (s)a vie".

Il faudra avant cela passer par des contrôles de sécurité sur cette zone d'attente improvisée, notamment ceux des renseignements intérieurs français, avant des entretiens avec l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), dont les agents seront chargés de vérifier si son profil est compatible avec le droit d'asile.

Dans les dédales fleuris et bordés d'arbustes du centre, cadenassé par un imposant dispositif sécuritaire pour empêcher toute sortie, des policiers interrogent déjà certains migrants sur les tables de terrasses d'ordinaire destinées aux apéritifs.

Dans ces bâtiments d'un étage aux toits de tuiles et au confort rudimentaire, la police aux frontières a également établi ses quartiers généraux, pour passer en revue les profils.

"On a travaillé dans l'urgence. Il fallait trouver un lieu capable d'accueillir plus de 230 personnes, disponible tout de suite et pour au moins 20 jours, à proximité de Toulon et Hyères... Le choix a été vite fait", raconte Richard Evence, préfet du département du Var, en faisant visiter les lieux.

Dans une chambre-dortoir de six couchages, avec lits superposés et kitchenette, un membre de la Protection civile résume: "C'est basique, mais il y a tout ce qu'il faut".

Migrations: Macron ne veut pas traiter que les «symptômes»

"En ce moment, on a un débat en France sur les sujets migratoires, débat très important qui suppose des réponses très fortes, rigoureuses, etc.", a souligné le président français lors du Forum de Paris pour la paix.

"Mais ce débat, nous ne le règlerons jamais, d'abord si on n'a pas une vraie organisation européenne qui fonctionne, et encore moins si on ne sait régler les problèmes des inégalités avec le continent africain et les autres rives de la Méditerranée", a-t-il poursuivi. "Parce qu'il se trouve que la France n'est pas une île, et ne le deviendra vraisemblablement pas dans les années qui viennent".

"Si on n'arrive pas à mettre le débat public sur le coeur de tout ça - on a besoin de coopération pour prévenir les migrations, et de lutter contre les inégalités qui les produisent - on passera un temps fou et une énergie folle à essayer d'avoir un traitement simplement des symptômes", a ajouté M. Macron. "La coopération internationale est nécessaire", a-t-il insisté.

«Pas le choix»

À peine arrivés, beaucoup de migrants, exsangues, regards dans le vide, voûtés, titubant pour certains, s'étaient installés dans un hall extérieur sur des chaises en plastique blanches devant une tente de la Croix-Rouge.

Parmi eux, un jeune Pakistanais de 18 ans, Imran (prénom d'emprunt), est "tellement fatigué" qu'il ne sait même pas ce qu'il attend.

Il sait juste qu'il est en France. "Mais pour combien de temps?", interroge-t-il. "On ne nous a rien dit... De toute façon, Italie, France... Du moment qu'on n'est plus ni en Libye, ni en mer, tout me va. J'avais besoin d'être sur la terre ferme."

Lui dit avoir passé 21 jours en mer, après avoir quitté la Libye où il n'a passé que cinq mois. "Je travaillais comme peintre en bâtiment, mais pendant cinq mois on ne m'a jamais payé et le patron m'a confisqué mon passeport. Je n'avais pas le choix", jure-t-il, en serrant dans ses bras un sac-poubelle noir noué comme un baluchon, d'où s'échappent ses maigres affaires.

Pour lui, l'urgence est de prévenir sa famille qu'il est "vivant".

Ibrahim vient de le faire et se sent "libéré", confie-t-il tandis que le soleil décline derrière les pins. La seule ombre au tableau? "La vue", glisse le Gambien. Du menton, il montre la Méditerranée.


Madagascar: Macron annonce la signature d'accords économiques ambitieux

Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs accords importants seront scellés" lors de cette visite, citant "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme"
  • "La France a toujours été proche de Madagascar", a renchéri Andry Rajoelina, en souhaitant qu'elle "s'investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-Etat de l'océan Indien

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo.

Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs accords importants seront scellés" lors de cette visite, citant "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme".

"La France a toujours été proche de Madagascar", a renchéri Andry Rajoelina, en souhaitant qu'elle "s'investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-Etat de l'océan Indien.

Emmanuel Macron a annoncé un accompagnement financier de l'Agence française développement (AFD) ainsi qu'un prêt du Trésor français pour la réalisation d'un barrage hydroélectrique à Volobe, dans l'Est du pays, dans les tuyaux depuis près d'une décennie.

Un accord devrait aussi être signé pour l'entrée du géant de l'électricité français EDF au capital de la Compagnie générale d'hydroélectricité (CGHV) malgache, a appris l'AFP auprès d'une source proche des discussions.

Alors que la France était le premier client et troisième fournisseur de Madagascar en 2024, Emmanuel Macron a évoqué un "accompagnement financier" et un "soutien technique" pour la rénovation de voies ferroviaires, ainsi que "des accords importants en termes de sécurisation des apports en blé".

Il a aussi souhaité un "partenariat en matière de terres rares stratégiques", ces métaux nécessaires aux technologies de la transition énergétique que l'île a dans son sous-sol.

Accompagné de son épouse Brigitte, il est aussi venu renforcer la place de la France dans l'océan Indien, en dépit de contentieux persistants hérités de la colonisation.

C'est le premier président français depuis Jacques Chirac en 2005 à se rendre dans l'ancienne colonie qui compte 30 millions d'habitants.

La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie dans cette partie du monde, entend consolider son statut de puissance régionale.

Mémoire 

Madagascar revendique les îles Eparses tout comme les Comores revendiquent l'archipel de Mayotte. Ces deux territoires français occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, une voie de transit majeure pour le commerce international, riche en hydrocarbures.

"Ces demandes de rétrocession, c'est un enjeu d'identité nationale, d'accès aux ressources et un moyen de pression pour obtenir autre chose" de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l'université Paris-Nanterre.

Les îles Éparses seront "évoquées", a indiqué l'Elysée. Paris privilégie une solution de type "cogestion". Des souverainistes malgaches souhaitent à l'inverse que le président Rajoelina remette la question de la rétrocession sur la table, comme celle obtenue des Britanniques par l'île Maurice pour l'archipel des Chagos en 2024.

La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au coeur de la relation franco-malgache. Le président Macron s'est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels.

Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l'occasion de la visite.

Des descendants du roi s'opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a demandé aussi que le tombeau du roi, récemment profané, soit restauré avant d'accueillir dignement les restes humains.

Les Malgaches réclament des gestes mémoriels plus forts de Paris. Comme la mise en place "d'une commission pour faire toute la lumière sur ce qu'on appelle les violences coloniales", relève Jeannot Rasoloarison, historien à l'université d'Antananarivo.

Le président français défendra jeudi l'intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l'océan Indien (COI), à l'occasion du cinquième sommet de l'organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.

"La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI", a martelé lundi le président à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd'hui représenté.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.