PARIS: Les juges d'instruction antiterroristes français chargés de l'enquête sur les "Barjols", un groupe proche de l'extrême droite identitaire soupçonné d'avoir envisagé une attaque contre Emmanuel Macron en 2018, ont renvoyé 13 personnes devant la justice.
Ces 11 hommes et deux femmes seront jugés à Paris entre le 17 janvier et le 2 février pour le délit d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme, a appris mercredi l'AFP de source proche du dossier.
L'information judiciaire avait été ouverte peu après l'arrestation le 6 novembre 2018 de plusieurs sympathisants de l'extrême droite radicale.
Dans leur ordonnance datée du 8 novembre, dont l'AFP a eu connaissance, les magistrats écrivent que ce groupe "d'ultradroite, nationaliste", "projetaient de prendre part à un projet de putsch militaire, avec prise de l'Elysée et renversement du gouvernement par la violence" et "ne cessaient d'annoncer la guerre civile qui se profilait en France".
Outre le projet d'assassinat de M. Macron, les mis en cause, dont certains ont suivi des entraînements paramilitaires, avaient aussi évoqué lors de leurs réunions d'autres projets d'action violente : brûler des mosquées, assassiner des migrants dans des camps, enlever des députés ou fabriquer des explosifs.
Les magistrats soulignent qu'"il est établi que les projets d'actions violentes conçus par les membres du groupe des Barjols (...) visaient exclusivement à troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur".
Et ce, d'une part, "en conduisant des actions violentes à l'encontre du chef de l'Etat et des membres du gouvernement afin de renverser par la force les institutions et d'autre part en visant des lieux symboliques tels que des mosquées ou des groupes spécifiques tels que les migrants afin d'infléchir la politique conduite par le gouvernement".
Selon l'ordonnance, les enquêteurs s'étaient décidés à intervenir après avoir appris le déplacement de l'un des administrateurs du groupe Facebook, Jean-Pierre Bouyer, un retraité isérois, dans l'est de la France où Emmanuel Macron se trouvait pour son périple mémoriel sur le centenaire de la fin de la Grande guerre.
Dans une conversation interceptée par les policiers, ce retraité avait évoqué l'idée de s'en prendre au chef de l'Etat avec un couteau en céramique, non détectable par les contrôles de sécurité. Dans le véhicule avec lequel il s'était rendu en Moselle avaient été découverts notamment un poignard dans son étui et une bible.
Sollicitée par l'AFP, son avocate n'a pas souhaité faire de commentaires.
Un dossier de «gilet jaunes»
"Ce dossier, en réalité, est ni plus ni moins qu'un dossier de gilets jaunes", a dit pour sa part Me Jennifer Madar, avocate du seul suspect encore en détention provisoire, né en 1979, qu'elle a qualifié de "détenu politique" selon elle à l'époque "parfaitement isolé et anti-gouvernement Macron".
Dans les discussions des suspects, "où tout est très confus", "il y a beaucoup de fantasme dans tout ce qu'il disent, ils exagèrent le propos pour intégrer un groupe, alors qu’aucun n'avait les moyens de ses prétentions", a assuré Me Madar.
"Tout est interprété de manière très à charge. L'association de malfaiteurs terroriste n'a pas été pensée pour des gens qui disent 'à mort Macron'", a-t-elle estimé.
Un groupe Facebook avait été créé en 2017, puis une association déclarée en préfecture en août 2018.
Depuis 2017, une dizaine de procédures en lien avec l'ultradroite ont été ouvertes au pôle antiterroriste de Paris. Une menace "prise très au sérieux" et qui "monte en puissance", selon un magistrat antiterroriste parisien.