BEYROUTH: Les termes de l'accord de 1989 négocié en Arabie saoudite pour mettre fin à la guerre civile au Liban et ramener le pays à la normalité politique doivent être appliqués dans leur intégralité, a déclaré un ancien ministre.
Les commentaires de Rachid Derbas font écho à ceux du président du Parlement, Nabih Berri, qui a déclaré lundi que l'accord de Taëf avait agi comme une Constitution garantissant l'égalité entre les Libanais.
Leurs remarques font suite à un forum organisé récemment par l'ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari, au palais de l'Unesco à Beyrouth, à l’occasion du 33e anniversaire de la conclusion de l'accord.
Les intervenants ont unanimement souligné la nécessité d'appliquer les dispositions de l'accord qui n'ont pas encore été adoptées et ont réitéré leurs objections à leur modification.
«L'accord de Taëf doit être appliqué dans son intégralité. Les circonstances sont différentes aujourd'hui, avec l'absence de la Syrie au Liban, et toutes les parties ont exprimé leur adhésion à l'accord de Taëf», a indiqué M. Derbas.
Le renouvellement public du consensus sur l'accord de Taëf fait suite à une invitation à dîner, le 8 novembre, adressée par l'ambassadrice suisse au Liban. Bien que le rendez-vous prévu ait été annulé par la suite, certains pensent que la date du dîner avait été fixée comme prélude au lancement d'un dialogue libanais à Genève sous le parrainage de la Suisse.
Berri a réagi aux dispositions de l'accord de Taëf qui n'ont pas été mises en œuvre. «Nous avons échoué par trois fois à mettre en place la Commission nationale pour abolir le confessionnalisme, la loi électorale en dehors des restrictions confessionnelles, et le Sénat.»
Le Parlement libanais devrait se réunir à nouveau jeudi dans une nouvelle tentative d'élire un nouveau président.
«Notre priorité absolue est d'élire un président, 80 % des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté et nous sommes toujours confrontés à une crise de l'électricité, alors que nous avons dépensé des dizaines de milliards de dollars dans ce secteur», a ajouté Berri.
«Et nous devons également reprendre les négociations avec le Fonds monétaire international. C'est pourquoi nous devons élire un président le plus rapidement possible.»
«Le Liban peut supporter encore quelques semaines (de vacance du pouvoir), mais pas plus. Le Liban et les Libanais ne peuvent pas supporter davantage d'effondrement.»
«Tous les points de désaccords par lesquels le Liban est passé ont été résolus par le dialogue et le consensus. La situation sécuritaire au Liban reste solide, et les Libanais sont plus intelligents que de se laisser prendre à des tentatives d'attiser les conflits», a-t-il affirmé.
Les participants au forum ont souligné l'importance de nommer un nouveau président libanais fidèle à l'accord de Taëf.
Des représentants de tous les partis politiques libanais, à l'exception du Hezbollah, ont participé au forum, y compris la députée du mouvement, Amal Enaya Ezzedine.
«Le forum est une action proactive, validant la Constitution et prouvant que personne n'est sur le point de modifier l'accord», a indiqué Derbas à Arab News.
«La présence du candidat à la présidence Sleiman Frangié au forum a été très importante, tout comme la présence équilibrée des chrétiens, des sunnites et des druzes, celle des représentants de l'ONU et de l'ancien président (libanais) Michel Sleiman», a-t-il poursuivi.
«Boukhari a également tenu à souligner que la France ne comptait pas organiser un quelconque dialogue qui porterait atteinte à l'accord de Taëf. Chaque détail du forum était significatif et portera un résultat positif», a-t-il soutenu.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com