BEYROUTH : Jeudi soir, des partisans du Courant patriotique libre se sont battus avec des membres du public lors d’une émission en direct de « Sar El-Waet », (qui signifie « Il est temps » en arabe), un talk-show politique sur la chaine libanaise MTV.
Les violences se sont poursuivies à l’extérieur du studio et des coups de feu ont été tirés. Certains partisans du CPL ont été blessés au cours de la bagarre avant que l’armée n’intervienne pour calmer la situation.
Durant l’émission hebdomadaire, l’animateur Marcel Ghanem aborde des sujets politiques avec des invités et devant un public de militants et de membres de divers partis qui peuvent poser des questions.
Cette capture vidéo montre un homme qui tire avec son arme en dehors du studio.
« Microphones volés, studio vandalisé »
Bien qu’il y ait souvent eu des débats houleux au cours de l’émission, c’était en effet la première fois qu’ils se transformaient en bagarres et coups de feu, et ce, en présence de députés du CPL et de partis réformistes, dont le député de « Khatt Ahmar », Waddah al-Sadek.
La chaine MTV, dont le nom complet est Mur Television, est connue pour son soutien aux Forces libanaises, l’opposant politique du CPL.
D’ailleurs, la chaine a déclaré plus tard que « les partisans du CPL ne sont plus autorisés parmi le public de l’émission jusqu’à nouvel ordre. Cependant, les invités affiliés au CPL sont invités à exprimer leurs positions. »
L’émission en direct a été coupée durant 15 minutes après le début de la bagarre. Lorsqu’elle a repris, Ghanem a exigé que les impliqués soient retirés du studio et qu’ils rendent les microphones volés. Il a également déclaré que certaines caméras avaient été endommagées et des parties du studio vandalisées.
Il a déclaré : « Ce qui s’est passé dans le studio est inacceptable et n’est pas approprié pour un public censé garder son calme, surtout que chacun a eu la possibilité d’exprimer librement son opinion. Nous présentons nos excuses pour ce qui s’est passé à l’antenne et nous veillerons à ce que tout soit placé sous la garde des Forces de Sécurité »
Accusations de corruption
Sadek a affirmé à Arab News : « Après le mandat infructueux de six ans du président Michel Aoun, le CPL estime avoir perdu le pouvoir. Ses partisans n’avaient plus de moyens de perturber et de provoquer des tensions. Tout le monde les déteste. Lorsque des responsables du CPL ont essayé d’accuser les autres d’être corrompus, prétendant lutter contre la corruption, j’ai déclaré que Aoun devrait réévaluer son expérience en matière de gouvernance et s’excuser auprès du peuple pour son échec. »
« Les partisans du CPL dans le public ont perdu leur sang-froid durant les débats. Tout a commencé lorsqu’un partisan du mouvement Marada s’était mis d’accord avec ce qui a été dit contre le CPL. Il se sont alors mis à l’insulter et à lui donner des coups de poing. Par conséquent, la sécurité de MTV les a forcés à quitter le studio. »
Des partisans attendaient devant le siège de MTV
« Il s’est avéré que des partisans armés du CPL attendaient devant le siège de MTV et des coups de feu ont été tirés. Afin de pouvoir sortir du studio, j’ai dû sortir mon arme, escorté par des membres des Forces de sécurité intérieure et de l’armée. »
Dans des messages publiés sur les réseaux sociaux, les partisans du CPL ont déclaré avoir été pris en embuscade par MTV. La chaine les a accusés d’être venus, prêts à causer des ennuis : une femme a été filmée en train d’appeler quelqu’un, lui demandant de venir rapidement au studio.
Le CPL a ensuite publié un communiqué indiquant que le personnel de sécurité du studio a escorté les membres du parti à l’extérieur, où ils ont été battus et menacés avec des armes à feu.
Milices v/s dialogue
L’ancien premier ministre Fouad Siniora a dénoncé les comportements des partisans du CPL.
Il a ajouté « Certains partis politiques tentent de provoquer des tensions politiques et des conflits après avoir subi des pertes et des déceptions, en particulier après avoir échoué à perturber les institutions politiques et constitutionnelles. »
Siniora met également en garde contre la propagation des affrontements dans les rues, ainsi que les conséquences que cela engendrait et que le pays ne peut pas supporter.
Les Forces libanaises ont exigé que des mesures juridiques appropriées soient prises le plus tôt possible afin de tenir les auteurs de ces violences responsables, avertissant que tout retard les encouragerait à commettre d’autres actes de ce genre. Ceci menacerait le peu de stabilité qui reste au Liban.
Durant son sermon du vendredi, un religieux du Hezbollah a accusé MTV et le talk-show d’être « payés pour provoquer le public et créer des conflits. »
Le Syndicat de la presse libanaise a déclaré que l’incident allait à l’encontre du principe de préservation du caractère sacré des institutions médiatiques. Il a également mis en garde contre les répercussions des discours de haine.
L’organisation Media for Freedom a attiré l’attention sur le fait que la prédominance de l’activité des milices sur les valeurs du dialogue est le résultat d’une incitation qui motiverait le public partisan à prendre des mesures inacceptables.
Entre temps, le CPL et ses opposants politiques restent enfermés dans une vive controverse sur le vide présidentiel créé à la fin du mandat de Aoun le 31 octobre, sans qu’un accord ne soit trouvé sur son remplacement. Le CPL a refusé de céder les pouvoirs présidentiels au gouvernement intérimaire du Premier ministre Najib Mikati.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com