KABOUL : Des centaines de prisonniers talibans libérés par le gouvernement afghan dans le cadre d’un accord de paix historique sont retournés au champ de bataille, ont déclaré mercredi à Arab News des responsables à Kaboul.
Des membres du gouvernement accusent le groupe d’insurgés d’avoir violé l’accord conclu en février 2020. «Il y a des commandants talibans parmi les 580 prisonniers qui sont retournés au champ de bataille. Avant d’être libéres, ils avaient juré sur le Saint Coran qu’ils ne retourneraient pas au combat», indique Tariq Aryan, porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Le gouvernement afghan n’a pas signé l’accord entre les Talibans et Washington. L’accord prévoit un échange de prisonniers entre l’administration du président Achraf Ghani et le groupe d’insurgés.
Sous pression des États-Unis, Kaboul a relâché au moins 6 000 prisonniers talibans pendant trois mois dans le cadre des efforts pour entamer des pourparlers importants avec les militants.
Les responsables du gouvernement affirment que 580 anciens prisonniers talibans ont rejoint l’insurrection jusqu’à présent, la plupart ayant participé à des attaques dans les provinces de Helmand et de Kandahar ces dernières semaines. Près de 40 000 personnes ont été déplacées à la suite de ces combats.
Dawa Khan Minapal, porte-parole de M. Ghani, affirme que le déploiement d’anciens prisonniers par le Taliban viole l’accord de paix.
«Les informations de nos forces de défense et de sécurité montrent que certains talibans libérés de prison ont rejoint les combats, ou du moins ont été persuadés de le faire. C'est une violation de l'accord de paix», a déclaré M. Minapal.
Les affirmations du gouvernement soulèvent davantage de doutes sur l’avenir des négociations de paix de l’Afghanistan, qui ont débuté à Doha le 12 septembre et n’ont fait aucun progrès jusqu’à présent.
Fawad Aman, porte-parole du ministère de la Défense, a noté que les services de renseignement pensent que certains prisonniers qui sont retournés au combat ont été tués.
Mir Dad Nijrabi, membre du comité de défense et de sécurité parlementaire, a déclaré que quatre anciens prisonniers ont été tués lors d'affrontements dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul.
«Ceux qui ont été libérés ont volontairement rejoint les Talibans ou ont été recrutés de nouveau. Si l’un des 6 000 anciens prisonniers connaît dix personnes qu’il peut convaincre d’aller combattre, cela aura un impact et renforcera les Talibans», souligne-t-il.
Toutefois, aucun des responsables qui se sont entretenus avec Arab News n’a pu offrir des preuves à ces accusations, rejetées d’ailleurs par Zabihullah Mujahid, un porte-parole taliban, qui les a qualifiées de «propagande»
M. Mujahid a accusé les forces du gouvernement d’avoir arrêté ou tué des prisonniers libérés durant les raids.
«On a ordonné à ces prisonniers de rejoindre leurs familles, et les informations selon lesquelles ils sont retournés au combat ne sont que de la propagande gouvernementale», dit-il à Arab News.
Le général retraité Attiquallah Amarkhail a confié que des responsables du gouvernement l’ont informé que certains insurgés talibans sont retournés au champ de bataille, mais qu'il n'avait pas été en mesure de vérifier les informations lui-même, ajoutant qu'il était «probable que certains l’aient fait. C’est une guerre idéologique. Un combattant idéologique agira selon ses convictions, même s’il a été libéré après avoir passé 40 ans en prison », dit M. Amarkhail.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com