LAHORE/ISLAMABAD: Assis dans un fauteuil roulant, les jambes bandées, l’ex-Premier ministre Imran Khan, blessé par balle lors d’une attaque contre son convoi pendant une manifestation, a affirmé vendredi qu’il attribuait cette attaque à trois responsables: le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif; le ministre de l’Intérieur, Rana Sanaullah; et le directeur général de la Direction pour le renseignement inter-services, le général de division Faisal Naseer. Il a promis de redescendre dans la rue dès qu’il sera rétabli.
M. Khan tenait une conférence de presse à l’hôpital Shaukat Khanum Memorial de Lahore, un jour après avoir reçu au moins une balle à la jambe, jeudi, alors qu’il saluait la foule depuis un conteneur posé sur un camion d’où il menait une marche de protestation vers la capitale, Islamabad, pour réclamer la tenue d’élections anticipées et la démission du Premier ministre Sharif.
«Dès que je me sentirai mieux, je redescendrai dans la rue et je lancerai à nouveau un appel [à une marche de protestation]», a-t-il lancé d’un ton provocateur.
Évoquant ce qu’il appelle une tentative d’assassinat, M. Khan a déclaré que «trois personnes ont conçu ce plan», nommant MM. Sharif, Sanaullah et Nasser.
«Je voudrais demander au général [Qamar Javed] Bajwa, chef de l’armée: est-ce que votre prestige augmentera ou diminuera si vous prenez des mesures contre les personnes qui infligent des violences aux gens?»
«La haine va grandir», a prévenu M. Khan, si les trois personnes qu’il a nommées ne sont pas tenues pour responsables.
«Tant que ces trois personnes n’auront pas démissionné, comment pourra-t-il y avoir une enquête?»
Il a demandé aux travailleurs de son parti et à ses partisans de protester jusqu’à ce que ces trois personnes démissionnent.
«La Constitution vous donne le droit de vous révolter contre l’oppression et pour votre liberté», a poursuivi M. Khan. «Vous devez tous participer à la manifestation.»
L’ancien Premier ministre a averti le chef de l’armée que ces «moutons noirs» nuisaient à l’armée pakistanaise.
«Ne traitez pas les humains comme des animaux. Ils se révolteront à un moment donné. Cette nation s’est révoltée», a souligné M. Khan. «Il y aura soit une révolution pacifique, soit une révolution sanglante.»
Pendant que M. Khan s’exprimait, ses partisans organisaient des manifestations dans tout le pays, bloquant les routes principales des grandes villes et affrontant la police et les forces de sécurité.
Les partisans d’Imran Khan ont commencé à se rassembler tôt dans la journée de vendredi à l’endroit où il a été abattu, dans l’est du Pakistan, et ont exhorté l’ex-Premier ministre – connu par des millions de personnes dans le monde entier en tant qu’ancien joueur de cricket vedette et capitaine de l’équipe nationale – à reprendre sa marche vers Islamabad.
Dans la ville de Lahore, dans l’est du pays, où M. Khan se fait soigner, des groupes de manifestants ont brûlé des pneus et bloqué les routes principales dans les principaux quartiers de la ville.
Ils se sont également rassemblés devant le bureau fortifié du gouverneur de la province du Pendjab et ont jeté des pierres sur le portail, détruisant les caméras de surveillance et les barrières, selon un reportage télévisé.
De même, les chaînes d’information locales ont montré la police utilisant des gaz lacrymogènes à Islamabad et à Karachi pour disperser les manifestants qui avaient bloqué les routes.
Les manifestants ont aussi bloqué des routes dans la ville de Peshawar, dans le nord-ouest du pays.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com