Pakistan: Manifestations après les tirs sur Khan au cours d’une «tentative préméditée d’assassinat»

Sur cette photo prise le 1er novembre 2022, l’ex-Premier ministre pakistanais, Imran Khan, prononce un discours lors d’une marche antigouvernementale à Gujranwala. (AFP)
Sur cette photo prise le 1er novembre 2022, l’ex-Premier ministre pakistanais, Imran Khan, prononce un discours lors d’une marche antigouvernementale à Gujranwala. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Pakistan: Manifestations après les tirs sur Khan au cours d’une «tentative préméditée d’assassinat»

  • Imran Ismaïl, proche conseiller de l’ex-Premier ministre, a précisé que ce dernier avait été touché trois fois à la jambe gauche et qu’il «saignait excessivement»
  • Imran Khan a lancé une marche politique vers Islamabad pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il annonce des élections anticipées

ISLAMABAD: Le parti de l'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré jeudi qu'il avait échappé de justesse à une « tentative d'assassinat bien planifiée », après que l'ex-Premier ministre ait été touché à la jambe lors d'une attaque à l'arme à feu contre son convoi de la « longue marche », déclenchant des manifestations dans tout le pays.

L'attaque a eu lieu alors que Khan menait une marche vers la capitale dans le but de faire pression sur le gouvernement pour qu'il annonce des élections anticipées. Le mouvement a débuté dans la ville de Lahore vendredi dernier et s'est arrêté dans différentes villes chaque jour, en route vers la capitale, Islamabad, où le convoi devait arriver le 11 novembre. Les partisans de Khan étaient entassés dans les camions et les voitures du convoi, mais beaucoup marchaient également à pied.

Aujourd'hui, jeudi, la caravane de l'ex-Premier ministre devait s'arrêter dans la ville de Wazirabad, dans le district de Gujranwala, au Pendjab. Wazirabad se trouve à près de 200 km d'Islamabad.

Selon une déclaration publiée par son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), Khan et son proche collaborateur, le sénateur Faisal Javed, ont été blessés par les tirs d'un tireur qui se trouvait au sol, alors que les hommes politiques étaient au sommet d'un conteneur.

« C'était une tentative d'assassinat bien planifiée contre Imran Khan, l'assassin avait prévu de tuer Imran khan et la direction du PTI », a indiqué Chaudhry Fawad Hussain, l’assistant de Khan, précisant qu'une arme automatique avait été utilisée. « Il n'y a pas deux avis sur le fait que nous l'avons échappé belle. »

Le Dr Faisal Sultan, qui dirige l'équipe médicale traitant Khan, a révélé aux médias, à l'extérieur de l'hôpital Shaukat Khanum que son état était « stable ».

« Des éclats de balles sont logés dans sa jambe », a mentionné le spécialiste des maladies infectieuses à Lahore où Khan a été transféré, ajoutant qu'un os était fêlé. « Il a été transféré au bloc opératoire. »

Sultan a refusé de faire d'autres commentaires, indiquant que de plus amples informations seraient communiquées après un examen détaillé.

Des photos et des vidéos partagées par les réseaux sociaux et les chaînes de télévision ont montré des partisans de Khan descendant dans les rues dans de nombreuses villes du pays après la fusillade, notamment à Islamabad, Lahore, Karachi et Peshawar.

À Karachi, le centre financier du pays, les partisans du PTI ont bloqué Shahrah-e-Faisal, une artère principale qui traverse la ville portuaire. Des manifestations ont été signalées dans au moins 24 endroits de la ville, créant de graves embouteillages.

Les partisans sont également descendus dans les rues des villes de Lahore, dans la province du Pendjab, de Peshawar, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, ainsi que de la ville de Gilgit et de la vallée de Khaplu, dans la région reculée du Gilgit-Baltistan.

Alors que des questions se posaient dans tout le pays pour savoir si le mouvement de protestation allait se poursuivre à la lumière de l'incident, le sénateur Faisal Javed a affirmé que la marche allait continuer.

« Imran Khan est en sécurité », a-t-il assuré dans des commentaires aux médias devant un hôpital, vêtu d'un shalwar kameez blanc couvert de sang, un pansement sur le visage. « Le moral du [PTI] est bon et si Dieu le veut, ce mouvement ne s'arrêtera pas. »

Dans les images de la fusillade partagées sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux, un homme muni d'une arme de poing a été attrapé par derrière par un partisan de Khan lors du rassemblement. Il a ensuite tenté de s'enfuir.

Plus tard, les chaînes de télévision ont montré des images d'un homme qui, selon elles, est suspecté d’être le tireur, et qui semblait avoir entre 20 et 30 ans. Il a avoué qu'il voulait tuer Khan et qu'il avait agi seul.

« Khan trompait les gens, et je ne pouvais pas le supporter », a admis le suspect dans la vidéo.

Le ministre de l'Information a confirmé que les images ont été enregistrées par la police.

Personne n'a encore été inculpé pour cette attaque.

«Saignant énormèment»

Imran Ismail, proche collaborateur de Khan et ancien gouverneur, a déclaré à Geo News que Khan avait été touché trois fois à la jambe gauche. Il a rendu hommage à la bravoure de son leader, affirmant que pendant le chaos qui a suivi la fusillade, le chef du PTI a essayé de calmer ses partisans en leur demandant « de ne pas céder à la panique ».

Il a signalé que Khan « saignait énormément » et qu'un bandage avait été attaché à la jambe de l'ancien Premier ministre avant qu'il ne soit transféré à un hôpital de Lahore.

Le sénateur Javed Ismail a indiqué qu'il avait été touché au visage et à la main.

Des images télévisées ont montré Khan, un bandage à la jambe, entassé dans une voiture blindée, et les médias ont rapporté qu'il était transporté d'urgence à l'hôpital. D'autres images ont montré Khan grimaçant porté par des partisans hors du conteneur.

Dans un message sur Twitter, le Premier ministre, Shehbaz Sharif, a condamné l’attentat « dans les termes les plus forts » et a prié pour le rétablissement de Khan. Il a également demandé au ministre de l'Intérieur, Rana Sanaullah, et au chef de la police du Pendjab d'ouvrir une enquête.

Shireen Mazari, leader du PTI et ancienne ministre des Droits de l'homme, a accusé Sanaullah de menacer Khan, affirmant qu'il devrait être arrêté pour tentative de meurtre.

« Les tireurs de ficelles, l’Establishment seront également tenus responsables par la nation de cette attaque meurtrière contre Imran Khan », a-t-elle déclaré sur Twitter, en faisant référence aux puissants militaires.

Khan, autrefois largement considéré comme soutenu le puissant establishment militaire pakistanais, est désormais considéré comme s'étant brouillé avec l'armée depuis son éviction par un vote de confiance du Parlement en avril.

L'ancien Premier ministre, ainsi que les membres et les partisans de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), ont critiqué l'armée pakistanaise, qui a dirigé ce pays d'Asie du Sud pendant près de la moitié de ses soixante-quinze ans d'histoire, ainsi que le chef de l'armée, pour ne pas être intervenus afin d'empêcher son éviction, qui, selon lui, fait partie d'une « conspiration étrangère » soutenue par Washington.

Washington, les rivaux politiques de Khan qui sont aujourd'hui au pouvoir, ainsi que l'armée, nient ces allégations.

Dans une déclaration publiée après l’attentat, l'aile médiatique de l'armée a adressé ses « prières sincères » à Khan pour son « prompt rétablissement et son bien-être ».

Le Pakistan a une longue histoire de violence politique. L'ancienne Première ministre Benazir Bhutto a été assassinée en décembre 2007 dans un attentat à la bombe après avoir tenu un meeting électoral dans la ville de Rawalpindi, à côté d'Islamabad.

Son père et ancien Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto a été pendu dans la même ville en 1979 après avoir été renversé par un coup d'État militaire.

 

Contributions supplémentaires de Saima Shabbir et Aamir Saeed à Islamabad, Naimat Khan et Zulfiqar Kunbhar à Karachi, Rehmat Mehsud à Peshawar, Nisar Ali dans la vallée de Khaplu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »