NEW YORK: L'unité du monde arabe constitue «la raison d'être de la Ligue arabe» et cette dernière est «aujourd'hui plus indispensable qu'elle ne l'a jamais été», alors que nous assistons à des divisions géopolitiques de plus en plus profondes. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est exprimé en ces termes mardi dernier.
«La division permet aux puissances étrangères de s'immiscer et au terrorisme, à la manipulation ainsi qu’aux conflits sectaires de se répandre», a-t-il déclaré.
«Grâce à leur unité, vos dirigeants parviennent à bâtir une région capable de tirer le meilleur parti de son énorme potentiel. Elle repose sur la résolution des divergences par le dialogue et trouve ses racines dans le respect et l'intérêt mutuels.»
Dans ce monde qui traverse «des épreuves et des défis de taille» et dont les inégalités qui ne cessent de se creuser, la coopération reste le seul outil pour aller de l'avant; les organisations régionales telles que la Ligue arabe jouent un rôle fondamental dans ce domaine.
M. Guterres a par ailleurs déclaré qu'il encourageait le groupe des Vingt (G20) à mettre en place un programme de relance pour dynamiser les investissements consacrés aux pays en développement et accélérer l'allègement de leur dette.
Il s'exprimait à l’occasion de l'ouverture du sommet de deux jours de la Ligue arabe en Algérie. Il a entamé son discours en évoquant «les souffrances que connaît actuellement le peuple palestinien». Il a appelé à mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens et à relancer les pourparlers de paix.
«Nous poursuivons tous le même objectif: la solution à deux États. Israël et la Palestine doivent vivre ensemble dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États», a-t-il affirmé.
Le dirigeant des Nations unies a pressé les dirigeants de fournir un soutien «généreux» à l'Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Ce programme constitue, selon lui, un «pilier essentiel de la stabilité régionale». Il a toutefois dénoncé la crise financière qui l'affecte et «qui compromet les droits et le bien-être des réfugiés palestiniens».
Il a demandé par ailleurs que soit davantage renforcé «le partenariat solide» entre les Nations unies et la Ligue arabe. Il s'est engagé à poursuivre cette collaboration en vue de relever les défis, notamment en ce qui concerne les crises qui sévissent en Syrie, au Liban, au Yémen, en Libye, en Somalie et au Soudan.
«Les conflits perdurent et les besoins humanitaires ne cessent de croître», s'est-il inquiété. «Nous sommes tenus de poursuivre nos efforts communs en vue de parvenir à des solutions multilatérales qui satisferont les attentes légitimes des peuples qui aspirent à la paix, à la liberté et à la justice.»
Les injustices continuent de se faire sentir partout dans le monde. Cependant, ce sont les pays du Sud qui en souffrent le plus, a affirmé Antonio Guterres.
«Le monde arabe, l'Afrique et d'autres régions encore [les pays en développement] reçoivent des coups de toutes parts; ils sont affaiblis par les conflits, meurtris par la pandémie de Covid-19 et ébranlés par le changement climatique», a-t-il indiqué.
Les crises qui frappent les gouvernements ont gagné en intensité en raison de la guerre en Ukraine, de la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, de la flambée de l'inflation et du fardeau écrasant de la dette «dans la moitié des pays du monde, y compris dans la région arabe et l'Afrique», qui, selon M. Guterres, ne reçoivent pas les financements nécessaires.
«J'appelle à initier un plan de relance [basé sur les objectifs de développement durable] sous l'égide du groupe des Vingt [G20]. L'objectif de ce plan est d'encourager l'investissement dans le développement durable au profit des économies émergentes, d'accroître les liquidités, d'alléger les dettes à un rythme accéléré et de restructurer ces dettes de manière globale, efficace et équitable», a-t-il soutenu.
Quelques jours auparavant, la Russie avait suspendu sa participation à l’accord sur les céréales de la mer Noire conclu sous l'égide des Nations unies et destiné à rétablir les exportations de céréales depuis les ports d'Ukraine; ces dernières avaient été interrompues en raison de la guerre. Les efforts qui visent à préserver et à prolonger l'accord ainsi qu'à éliminer tous les obstacles qui entravent encore les exportations de cultures et d'engrais russes se poursuivent «sans relâche», selon Antonio Guterres.
«Les hausses des prix des denrées alimentaires, aussi minimes soient-elles, plongent encore plus de personnes et de communautés dans la pauvreté et la faim», a-t-il ajouté.
«Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prolonger l’accord sur les céréales de la mer Noire de manière à soulager les personnes dans le besoin, notamment dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Ces populations dépendent d'aliments et d'engrais, accessibles et abordables, en provenance d'Ukraine et de la Fédération de Russie.»
La Conférence des nations unies sur le changement climatique (COP27), qui démarre dimanche prochain dans la ville de Charm el-Cheikh, en Égypte, offre une nouvelle occasion de rétablir la confiance entre les pays développés et les pays en développement, a déclaré M. Guterres.
«Les pays les plus riches doivent montrer l'exemple en réduisant leurs émissions de CO2 durant cette décennie. Cette approche permettra d'empêcher que la température de la planète n'augmente de plus de 1,5 °C par rapport aux niveaux de l'ère préindustrielle, a-t-il expliqué. «En outre, ces pays doivent privilégier les énergies renouvelables et mobiliser 100 milliards de dollars par an [1 dollar = 1,01 euro] pour soutenir les efforts des pays en développement destinés à améliorer leur résilience face au changement climatique.»
«La moitié des fonds alloués à la lutte contre le changement climatique doit être consacrée à l'adaptation», a exposé M. Guterres. «Il nous incombe de remédier d'urgence aux impacts du changement climatique que les pays ne sont pas en mesure de maîtriser.»
«La COP27 doit accorder une attention particulière aux pertes et dommages, qui constituent une obligation morale. Il est immoral et déraisonnable de faire payer le prix des conséquences du changement climatique à des communautés qui ne sont nullement responsables du réchauffement de la planète», a-t-il ajouté.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com