Des Ukrainiens qui voient l'espoir changer de camp près de Kherson

Un militaire ukrainien pilote un drone à côté d'autres militaires, dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 30 octobre 2022, alors que la Russie envahit l'Ukraine. (AFP).
Un militaire ukrainien pilote un drone à côté d'autres militaires, dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 30 octobre 2022, alors que la Russie envahit l'Ukraine. (AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 30 octobre 2022

Des Ukrainiens qui voient l'espoir changer de camp près de Kherson

  • Les forces russes ont réduit en miettes le travail d'une vie lors de leur deuxième tentative en juillet pour prendre le port fluvial de Mykolaïv (Sud de l'Ukraine), tout proche
  • Depuis, les débuts en août d'une contre-offensive ukrainienne, la route entre Mykolaïv et Kherson est devenue l'un des principaux axes de la guerre qui a débuté le 24 février avec l'invasion russe

KOTLIAVERE : Les explosions des frappes ukrainiennes qui passent par dessus sa tête pour viser les Russes dans leur bastion méridional de Kherson, juste au bout de la route, donnent à Oleksandre Prikhodko des raisons d'espérer.

Cet homme de 42 ans à l'énergie débordante se tient dans les ruines couvertes de suie du magasin familial qu'il avait bâti de ses mains, en bordure de terres que la Russie s'est soudainement appropriées.

Les forces russes ont réduit en miettes le travail d'une vie lors de leur deuxième tentative en juillet pour prendre le port fluvial de Mykolaïv (Sud de l'Ukraine), tout proche.

Depuis, les débuts en août d'une contre-offensive ukrainienne, la route entre Mykolaïv et Kherson est devenue l'un des principaux axes de la guerre qui a débuté le 24 février avec l'invasion russe.

Oleksandre Prikhodko a grandi au bord de cette route, dans le village de Kotliareve où l'usine locale a été bombardée par les Russes.

"Nos vies dépendent de nos soldats", glisse-t-il alors que se multiplient les tirs de roquettes. "Entendre les nouvelles de nos succès procure un grand soulagement psychologique".

"Même des petites choses comme voir un véhicule militaire aller vers le front puis revenir sans encombres, ça te fait sentir mieux", ajoute-t-il.

Dans le Nord du pays, plus industriel, la contre-offensive ukrainienne a permis de reconquérir depuis septembre des territoires concédés presque sans combats par les forces russes.

Approche méthodique

Aucun des belligérants --les villageois de Kotliareve non plus-- ne s'attend à ce qu'il en aille de même à Kherson, première ville ukrainienne d'importance prise par les Russes au début de leur invasion.

La ville et sa région éponyme constituent une porte d'entrée vers la Crimée, région ukrainienne annexée par la Russie en 2014, et la mer d'Azov. Sa chute laisserait le président russe Vladimir Poutine quasiment les mains vides après une guerre qui a fait de lui un paria aux yeux d'une bonne partie du monde et renvoyé la Russie à l'isolement de l'ère soviétique.

La bataille livrée par l'Ukraine pour Kherson a débuté par un assaut méthodique livré avec des missiles à longue portée que Washington a accepté, après des réticences, de commencer à livrer fin mai.

Les Ukrainiens ont visé avec succès les dépôts d'armement et les routes d'approvisionnement utilisés par la Russie pour ses soldats à Kherson. L'idée était de forcer les Russes à se contenter des armes dont ils disposaient et de les empêcher d'en obtenir d'autres. Puis ils se sont mis à les pilonner.

Les échos de la guerre autour de Kotliareve suggèrent que la stratégie de l'Ukraine porte ses fruits.

Les Russes répondent aux tirs de barrage des Ukrainiens par des salves sporadiques qui ne font guère d'effet sur les villageois, endurcis par huit mois de guerre.

"Ils tirent beaucoup moins sur nous maintenant", observe  Viktor Romanov, 44 ans, qui travaillait aussi pour l'usine locale.

«Comme un grand huit»

Avec son épouse Irina, il est revenu comme chaque semaine inspecter son domicile et nourrir les chiens et les chats de la maison, livrés à eux-mêmes. Le couple préfère rester à Mykolaïv: il s'y sent plus en sécurité et l'approvisionnement en gaz et électricité devrait y être plus fiable.

"On était pleins d'espoir avant et puis on a vu les bombes nous tomber sur la tête", remarque Irina. "On se sent comme sur un grand huit, avec l'humeur qui monte et qui descend", ajoute-t-elle pour évoquer sa confiance dans la capacité de l'Ukraine à faire reculer les Russes.

Une attaque de drones samedi matin contre la flotte russe de la mer Noire stationnée dans la baie de Sébastopol, en Crimée annexée, semble correspondre à une approche plus déterminée de l'Ukraine sur son front Sud.

Né à Kherson, Oleksiï Vasselenko --un russophone qui s'est battu contre les forces pro-russes dans l'Est de l'Ukraine en 2014-- se fait du souci.

Agé de 32 ans, il travaillait pour l'usine maintenant détruite de Kotliareve. Il est constamment resté en contact avec des proches à Kherson, dans le secret le plus complet et en leur faisant courir un risque énorme.

"Tous ceux que je connais veulent revenir au sein de l'Ukraine. Ils souffrent vraiment", explique-t-il.

L'attaque du 8 octobre qui a endommagé le pont de Crimée reliant la Russie à la péninsule annexée, attribuée par Moscou à l'Ukraine, a également entravé l'approvisionnement.

"Ils se sentent complètement isolés", ajoute-t-il en hochant tristement la tête. "D'une certaine manière, je pense que si l'Ukraine avait eu le même soutien occidental en 2014 que celui que nous avons maintenant, rien de tout cela ne serait arrivé".


Offensif contre Trump, Carney assure que le Canada « gagnera »

Le chef libéral du Canada et Premier ministre élu Mark Carney s'exprime après avoir été élu à la tête du Parti libéral, à Ottawa, le 9 mars 2025. L'ancien banquier central est chargé de diriger la réponse d'Ottawa aux menaces du président américain, le 9 mars 2025. (Photo by Dave Chan / AFP)
Le chef libéral du Canada et Premier ministre élu Mark Carney s'exprime après avoir été élu à la tête du Parti libéral, à Ottawa, le 9 mars 2025. L'ancien banquier central est chargé de diriger la réponse d'Ottawa aux menaces du président américain, le 9 mars 2025. (Photo by Dave Chan / AFP)
Short Url
  • Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays « gagnera » et « ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit ».
  • L'ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de « bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales ».

OTTAWA : Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays « gagnera » et « ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit ».

« Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu'un lance le gant. Que les Américains ne s'y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera », a-t-il lancé dimanche soir, en référence à la rivalité sportive des deux pays, instrumentalisée récemment par Donald Trump.

« Donald Trump attaque les familles, les travailleurs et les entreprises canadiennes, nous n'allons pas le laisser réussir », a promis Mark Carney lors de son discours, après avoir été triomphalement élu à la tête du Parti libéral pour remplacer Justin Trudeau.

Le président américain a lancé une guerre commerciale avec son voisin en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu'il souhaite que le Canada devienne le « 51ᵉ État américain ».

« Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays », a-t-il mis en garde. « S'ils devaient réussir, ils détruiraient notre façon de vivre. » « Aux États-Unis (...) il n'y aura jamais de droit à la langue française », a-t-il dit dans son discours, passant régulièrement de l'anglais au français. « La joie de vivre, la culture et la langue française font partie de notre identité ».

L'ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de « bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales ».

Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent, après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission début janvier, après près de dix ans au pouvoir.

M. Carney pourrait cependant ne pas rester en poste très longtemps, puisque le Canada doit organiser des élections au plus tard en octobre.

- Élections -

Dans le centre des congrès de la capitale d'Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été installés sous des spots rouges, les militants ont exulté à l'annonce des résultats.

Pour Sean Cruz, un des militants, ce vote est « un bon résultat. Nous avons besoin d'un nouveau visage au gouvernement et d'un nouveau visage au sein du parti ».

Luzminda Longkines, vêtue de rouge, se réjouit d'avoir un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le « pays est cassé ». « Mais c'est faux et Donald Trump vient d'unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun ! »

Dans son discours d'adieu, Justin Trudeau a lui aussi mis en garde le pays, estimant que les attaques de Donald Trump représentaient un « défi existentiel ».

Mark Carney, originaire de l'ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.

« Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections », estime Cameron D. Anderson, de l'université Western Ontario.

- Félicitations internationales

Jusqu'ici, les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés, impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l'arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.

Économiste sorti à la fois de Harvard aux États-Unis et d'Oxford au Royaume-Uni, Mark Carney a fait fortune en tant que banquier d'affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d'Angleterre.

Selon un sondage de l'institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43 % des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34 % pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.

La Chine, qui entretient des relations tumultueuses avec le Canada, a félicité M. Carney, tout en disant « espérer que la partie canadienne pourra garder une vision objective et rationnelle » et « suivre une politique positive et pragmatique » à son égard, selon la déclaration d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Parmi les Européens, le Premier ministre britannique Keir Starmer se réjouit, lui, de « travailler en étroite collaboration avec lui sur des priorités internationales communes, notamment au sein du G7 », tandis qu'Emmanuel Macron a souligné qu'« au moment où nous faisons face à tant de défis, les liens entre la France et le Canada sont plus forts que jamais ».


Un manifestant pro-palestinien de l'université de Columbia arrêté par les autorités américaines

Contactée, l'université n'a pas commenté l'arrestation. "Columbia continuera à respecter la loi (...) les forces de l'ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour pénétrer dans les parties non-publiques de l'université", a-t-elle indiqué dans un communiqué. (AFP)
Contactée, l'université n'a pas commenté l'arrestation. "Columbia continuera à respecter la loi (...) les forces de l'ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour pénétrer dans les parties non-publiques de l'université", a-t-elle indiqué dans un communiqué. (AFP)
Short Url
  • Un des leaders des manifestations étudiantes pro-palestiniennes de la prestigieuse université de Columbia à New York a été arrêté par les autorités fédérales américaines
  • Mahmoud Khalil, un des responsables de ces manifestations qui agitent le campus de Columbia depuis le printemps 2024, a été arrêté dimanche en soutien aux décrets du président Trump interdisant l'antisémitisme

NEW YORK: Un des leaders des manifestations étudiantes pro-palestiniennes de la prestigieuse université de Columbia à New York a été arrêté par les autorités fédérales américaines, alors que Donald Trump a promis d'expulser dans leur pays d'origine les étudiants étrangers "agitateurs".

Mahmoud Khalil, un des responsables de ces manifestations qui agitent le campus de Columbia depuis le printemps 2024, a été arrêté dimanche "en soutien aux décrets du président Trump interdisant l'antisémitisme, et en coordination avec le département d'Etat", a annoncé sur X le Department of Homeland Security (DHS), un service de police chargé entre autres du contrôle aux frontières, de l'immigration et de la lutte contre le terrorisme.

Le DHS a affirmé que M. Khalil "a mené des activités liées au Hamas, une organisation terroriste désignée", sans plus de précisions.

"Nous allons retirer leur visa ou leur green card (titre de résidence permanente aux Etats-Unis, NDLR) à tous les soutiens du Hamas aux Etats-Unis pour qu'ils puissent être expulsés", a commenté le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio sur X.

"Des agents du Department of Homeland Security ont arrêté Mahmoud Khalil, un Palestinien fraîchement diplômé de Columbia", a indiqué dans un communiqué le Syndicat des étudiants travailleurs de l'université. Selon ce syndicat, M. Khalil dispose du droit de résidence permanente aux Etats-Unis.

Contactée, l'université n'a pas commenté l'arrestation. "Columbia continuera à respecter la loi (...) les forces de l'ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour pénétrer dans les parties non-publiques de l'université", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

L'université de Columbia, établissement privé de la prestigieuse et sélective Ivy League, qui compte quelque 30.000 étudiants et où le budget pour une année de scolarité s'élève à environ 90.000 dollars, était devenue l'épicentre parfois tendu des manifestations contre les bombardements israéliens à Gaza et le soutien de l'administration Biden à Israël.

A l'appel de sa présidente, qui a depuis démissionné, la police de New York avait délogé manu militari du campus quelques dizaines de militants et étudiants pro-palestiniens le 30 avril 2024.

Tout au long de la campagne présidentielle, Donald Trump a vertement critiqué ces manifestations et les universités où elles se déroulaient.

Son gouvernement est passé à l'acte vendredi en annonçant la "suppression immédiate" de 400 millions de dollars de subventions fédérales à l'université de Columbia, l'accusant d'inaction face "à des actes antisémites".


Un homme a escaladé Big Ben à Londres avec un drapeau palestinien

Un manifestant brandissant un drapeau palestinien fait un geste depuis le côté de la tour Elizabeth, plus connue sous le nom de « Big Ben », au Palais de Westminster, qui abrite les Chambres du Parlement, dans le centre de Londres, le 8 mars 2025. (Photo par Ben STANSALL / AFP)
Un manifestant brandissant un drapeau palestinien fait un geste depuis le côté de la tour Elizabeth, plus connue sous le nom de « Big Ben », au Palais de Westminster, qui abrite les Chambres du Parlement, dans le centre de Londres, le 8 mars 2025. (Photo par Ben STANSALL / AFP)
Short Url
  • En fin de matinée, cet homme se trouve toujours à plusieurs mètres de haut sur la tour, au bord de la Tamise.
  • L'homme est vêtu d'un manteau noir et d'une casquette, tient un drapeau palestinien ainsi qu'un keffieh.

LONDRES : Un homme a escaladé samedi matin la célèbre tour où se trouve l'horloge de Big Ben à Londres, en brandissant un drapeau palestinien.

La Metropolitan Police a été alertée à 7 h 24 (locales et GMT) de la présence d'un homme grimpant la Tour Elizabeth, au Palais de Westminster, le Parlement britannique, a indiqué la police londonienne dans un communiqué.

« Des agents sont sur les lieux et s'efforcent de mettre fin à l'incident en toute sécurité », a-t-elle ajouté.

En fin de matinée, cet homme se trouve toujours à plusieurs mètres de haut sur la tour, au bord de la Tamise.

Le pont de Westminster a dû être fermé, ce qui a entraîné d'importants embouteillages dans cette zone du centre de Londres.

De nombreuses personnes se sont rassemblées à l'extérieur du cordon de sécurité mis en place par la police.

Les pompiers et des ambulances sont présents.

Trois personnes, membres des services de secours, ont été montées sur une nacelle, l'une d'elles utilisant un mégaphone pour parler à l'homme qui a escaladé la tour.

Celui-ci, vêtu d'un manteau noir et d'une casquette, tient un drapeau palestinien ainsi qu'un keffieh.