Israël: élections sous menace de cyberattaques et de manipulations étrangères

Des partisans tiennent des banderoles représentant l'ancien Premier ministre israélien et chef du parti Likud Benjamin Netanyahu sur le marché Mahane Yehuda à Jérusalem le 28 octobre 2022, avant les élections générales de novembre (Photo, AFP).
Des partisans tiennent des banderoles représentant l'ancien Premier ministre israélien et chef du parti Likud Benjamin Netanyahu sur le marché Mahane Yehuda à Jérusalem le 28 octobre 2022, avant les élections générales de novembre (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 30 octobre 2022

Israël: élections sous menace de cyberattaques et de manipulations étrangères

  • L'Autorité nationale de la cybersécurité se prépare à contrecarrer des attaques directes visant à mettre hors service les serveurs du comité électoral central et les infrastructures nationales
  • Mais une autre menace, plus élusive, suscite aussi l'inquiétude

JERUSALEM: A la veille de nouvelles législatives, Israël se prépare à des cyberattaques et des campagnes d'influence menées par des Etats ennemis, notamment l'Iran, visant à perturber le scrutin ou à polariser davantage un pays en pleine crise politique.

Une journée électorale est une "cible de choix pour les campagnes d'influence" contre l'Etat hébreu, qui tient mardi ses cinquièmes législatives en trois ans et demi, a prévenu le ministre des Communications, Yoaz Hendel.

L'Autorité nationale de la cybersécurité se prépare à contrecarrer des attaques directes visant à mettre hors service les serveurs du comité électoral central et les infrastructures nationales.

Mais une autre menace, plus élusive, suscite aussi l'inquiétude: "il y a un risque d'intervention étrangère" via des campagnes d'influence, estime Yitzhak Amit, président du comité central des élections.

"Il y a des aspects techniques comme l'attaque de sites web et il y a des questions de contenu, comme les fake news ou la délégitimation des résultats", ajoute-t-il, l'objectif étant de "nuire à la démocratie (...) de provoquer des schismes, des suspicions".

"Le principal danger est d'essayer d'influencer la société israélienne en diffusant des mensonges à contenu politique", affirme Ofir Barel, chercheur en cybersécurité à l'université de Tel Aviv, notant que les Iraniens sont "le facteur dominant ces dernières années en Israël".

"Nous voyons parfois apparaître de faux comptes iraniens, suivis par des centaines de personnes, qui diffusent des messages de division et d'incitation à la violence, ou des mensonges pour nuire à l'image d'une personnalité politique", ajoute-t-il.

"Le but n'est pas de nuire directement à un politicien spécifique, mais d'encourager la polarisation et le chaos dans la politique israélienne, qui est déjà compliquée en raison de l'impasse politique", dit-il.

Lettre à l'amer

Dans une lettre adressée à Facebook et à sa maison-mère Meta, l'association Internet israélienne (ISOC-IL), qui défend un accès sûr au Web, a ainsi mis en garde contre "l'absence de préparation suffisante des réseaux sociaux avant les élections en Israël".

Alors que Facebook et Meta ont pris des mesures contre les fausses informations, l'incitation et les campagnes d'influence étrangères dans d'autres pays tels que l'Inde, le Brésil et les Etats-Unis, Israël --peut-être en raison de sa petite population communiquant principalement en hébreu-- n'a pas bénéficié de la même attention.

En Israël, des organisations de la société civile ont joué un rôle clé pour démasquer des campagnes d'influence à l'instar du groupe Fake Reporter qui a récemment révélé un groupe d'une centaine de profils Facebook ciblant les partisans du chef de l'opposition Benjamin Netanyahu. Et un autre réseau de 40 faux comptes avait encouragé un politicien d'extrême droite à rompre avec son allié électoral.

L'Institut d'études de sécurité nationale (INSS) de l'université de Tel Aviv a récemment organisé une simulation de cyberattaques et de campagnes d'influence visant à affecter les élections et leurs résultats.

Même si le risque d'une cyberattaque pendant les élections n'est "pas élevé" car les Israéliens votent avec des bulletins en papier, les réseaux sociaux sont "ouverts et susceptibles d'être influencés par l'étranger", estime le directeur de l'INSS, Tamir Heyman, jusque récemment chef du renseignement militaire israélien.

Une telle influence pourrait servir à remettre en cause la "légitimité et même les résultats" du processus de vote dans un scrutin qui s'annonce de surcroît serré entre le "bloc de droite" de Benjamin Netanyahu et les partis susceptibles de soutenir le Premier ministre sortant, le centriste Yaïr Lapid, prévient M. Heyman.

"Il est temps qu'Israël se dote d'un organe officiel, ayant la responsabilité et l'autorité de défendre la démocratie israélienne contre les tentatives d'influence venues de l'étranger", plaide-t-il.

Si les campagnes d'influence se nourrissent de l'intérêt et de l'attention active des internautes, la multiplication récente des élections en Israël et la fatigue électorale qui en découle pourraient servir à la torpiller.

Les électeurs sont "davantage en alerte, ils ne croient pas tout ce qui est publié", souligne Ofir Barel, chercheur de l'université de Tel Aviv. "Après tant de votes en si peu de temps, les gens sont fatigués des élections et de la politique, ils ne s'en soucient plus autant".


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.