DJEDDAH: Des milliers d'Iraniens sont à nouveau descendus dans les rues vendredi, alors que la vague de protestations nationales qui dure depuis six semaines ne montre aucun signe d'apaisement.
Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants à Zahedan, dans le sud-est, des dissidents ont déclaré que le régime avait perdu le contrôle de la ville kurde de Mahabad, dans le nord du pays et la moitié des membres de la célèbre milice des bassidjis à Téhéran ne se sont pas présentés au travail afin d’imposer la répression des manifestations.
Des groupes de défense des droits ont révélé que des «exécutions illégales» commises par des policiers et des soldats du régime avaient tué au moins huit personnes dans quatre provinces en 24 heures, dont deux à Baneh, près de la frontière occidentale de l'Iran avec l'Irak.
Les militants dissidents ont affirmé que plus de 400 personnes avaient jusqu’à maintenant trouvé la mort suite à la répression des manifestations par le régime qui ont commencé après la mort de Mahsa Amin, 22 ans, de la province du Kurdistan, lors d'une détention par la police des mœurs le 16 septembre.
Un porte-parole du groupe dissident MEK a indiqué: «La solidarité mondiale des Iraniens de l'étranger a incité les manifestants en Iran, alors que le soulèvement continue de surprendre les analystes et de choquer les initiés du régime, dont les plans pour contenir et pacifier le soulèvement ont échoué. Les manifestants appellent à une présence et une participation quotidiennes afin d’épuiser les forces de sécurité du régime.»
Les affrontements à Mahabad ont eu lieu alors que les personnes qui assistaient aux funérailles d'Ismail Mauludi, un manifestant de 35 ans tué mercredi soir, ont pris le contrôle du bureau du gouverneur, du commissariat de police, des banques et des entreprises liées au Corps des gardiens de la révolution islamique.
Ailleurs, des hostilités ont eu lieu près de la tombe de Nika Shahkarami, 16 ans, à l'extérieur de la ville occidentale de Khorramabad, où des dizaines de personnes ont marqué la fin de la période de deuil traditionnelle de 40 jours depuis qu'elle a été tuée par les forces de sécurité. «Je vais tuer, je vais tuer, celui qui a tué ma sœur», ont scandé les manifestants. Des dizaines d'hommes ont lancé des projectiles sous les tirs alors qu'ils repoussaient les forces de sécurité sur un pont près de la tombe de la jeune fille.
Les analystes ont soutenu qu'ils s'attendaient à ce que la violence s'aggrave. «Je doute que les forces de sécurité aient exclu de mener une répression violente à plus grande échelle», a avisé Henry Rome, spécialiste de l'Iran au Washington Institute.
«Ils font peut-être le calcul que davantage de meurtres encourageraient les manifestants au lieu de les dissuader — si ce jugement change, alors la situation deviendrait encore plus violente», a estimé Rome.
Amnesty International a exigé que des mesures soient prises de toute urgence pour mettre fin à l'effusion de sang: «L'absence d'action décisive ne fera qu'encourager les autorités iraniennes à réprimer davantage les personnes en deuil et les manifestants qui se réuniront dans les prochains jours à l'occasion des commémorations marquant le 40e jour depuis les premiers décès de manifestants.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com