Un rapport recommande de créer un institut français pour le métavers

Ce texte inédit, pour lequel plus de 80 personnalités ont été consultées, appelle à la «définition d’une véritable politique française et européenne des métavers» (Photo, Twitter).
Ce texte inédit, pour lequel plus de 80 personnalités ont été consultées, appelle à la «définition d’une véritable politique française et européenne des métavers» (Photo, Twitter).
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Publié le Mardi 25 octobre 2022

Un rapport recommande de créer un institut français pour le métavers

  • Il s'agit de l'une des dix recommandations de ce rapport né d'une mission exploratoire lancée en février par les ministères de l’Économie et de la Culture ainsi que le Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique
  • Le texte recommande de créer «un institut de recherche et coordination, sur le modèle de l’Ircam»

PARIS: La France devrait se doter d'un institut dédié aux arts immersifs qui serait un "comptoir d'expertise" pour les institutions culturelles concernées, recommande lundi un rapport sur le développement des métavers, ces univers virtuels censés prolonger le monde physique.

Il s'agit de l'une des dix recommandations de ce rapport né d'une mission exploratoire lancée en février par les ministères de l’Économie et de la Culture ainsi que le Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique.

Le texte recommande de créer "un institut de recherche et coordination, sur le modèle de l’Ircam", l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique créé par Pierre Boulez et qui allie création musicale et recherche scientifique.

Cet institut "serait à la fois un laboratoire de recherche en informatique dédié aux arts immersifs, un lieu de coordination entre chercheurs et artistes pour la création d’œuvres immersives innovantes dans les métavers et un comptoir d'expertise", indique le rapport rédigé par Camille François, chercheuse et directrice d’une société de pointe en réalité augmentée, Adrien Basdevant, avocat spécialisé et membre du Conseil National du numérique et Rémi Ronfard, directeur recherche Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique).

Ce texte inédit, pour lequel plus de 80 personnalités ont été consultées, appelle à la "définition d’une véritable politique française et européenne des métavers" et à saisir cette opportunité "pour reconquérir des positions de leader dans des services numériques mondiaux, en France et sur le continent européen".

Il recommande également d'adapter dès maintenant des textes européens aux enjeux des métavers, "de développer une analyse rigoureuse" de leurs chaînes de valeur afin de "limiter les risques de perte de souveraineté" ou encore de profiter des  JO 2024 à Paris "pour rassembler les acteurs français des métavers autour de projets concrets".


Bardella à Jérusalem, ou les «nouveaux amis» du gouvernement israélien

L'invitation à Jérusalem de figures étrangères d'extrême droite, comme le Français Jordan Bardella, pour une conférence sur l'antisémitisme témoigne de la disposition croissante d'une partie de la droite israélienne à s'allier avec quiconque soutient Israël, au nom d'intérêts convergents. (AFP)
L'invitation à Jérusalem de figures étrangères d'extrême droite, comme le Français Jordan Bardella, pour une conférence sur l'antisémitisme témoigne de la disposition croissante d'une partie de la droite israélienne à s'allier avec quiconque soutient Israël, au nom d'intérêts convergents. (AFP)
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  • Pour cette première invitation de l'extrême droite française par le gouvernement israélien pour un tel évènement, Jordan Bardella, le président du RN, sera particulièrement mis à l'honneur, l'un des rares devant prononcer un discours
  • "Ca ne fait pas la une, mais ce n'est pas passé inaperçu", résume Denis Charbit, politologue à l'Université ouverte d'Israël

JERUSALEM: L'invitation à Jérusalem de figures étrangères d'extrême droite, comme le Français Jordan Bardella, pour une conférence sur l'antisémitisme témoigne de la disposition croissante d'une partie de la droite israélienne à s'allier avec quiconque soutient Israël, au nom d'intérêts convergents.

Malgré un passif historique associé à l'antisémitisme, le Rassemblement national (RN) français ou le Fidesz hongrois comptent parmi les hôtes de ce colloque sur les moyens de lutter contre l'antisémitisme dans le monde, une des priorités affichées par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël.

"Ca ne fait pas la une, mais ce n'est pas passé inaperçu", résume Denis Charbit, politologue à l'Université ouverte d'Israël.

Les médias israéliens qui se sont intéressés à cette conférence avant sa tenue jeudi se sont surtout fait l'écho des désistements d'invités qui, à l'instar de l'intellectuel français Bernard-Henri Lévy, critiquent la présence de représentants d'extrême droite, essentiellement européens.

Les médias ont également évoqué un patronage accordé puis retiré par le président israélien, Isaac Herzog. Sollicité par l'AFP, son bureau n'a pas confirmé.

A l'honneur

"Lorsqu'un parti qui a été antisémite dans le passé déclare ne plus l'être aujourd'hui, les Israéliens réagissent en général avec méfiance. Ils demandent à voir si ce n'est pas un vernis opportuniste", souligne M. Charbit pour l'AFP.

Si le RN a oeuvré à sa dédiabolisation à l'endroit de la communauté juive française - la première d'Europe - son fondateur, Jean-Marie Le Pen était connu pour ses propos négationnistes qui lui ont valu des condamnations en justice.

Pour cette première invitation de l'extrême droite française par le gouvernement israélien pour un tel évènement, Jordan Bardella, le président du RN, sera particulièrement mis à l'honneur, l'un des rares devant prononcer un discours.

L’eurodéputée hongrois Kinga Gal, du Fidesz, participera à une table-ronde sur "l'islam radical" aux côtés de son confrère suédois Charlie Weimers, un élu anti-immigration.

"Le gouvernement israélien actuel voit le monde en noir et blanc. Les ministres ne sont plus capables de mettre dans la balance un demi-siècle d'engagement et de combat pour Israël, comme c'est le cas de Bernard-Henri Lévy, face à leurs 'nouveaux amis'", note M. Charbit.

"Il en est également qui estiment que dans la conjoncture actuelle défavorable à Israël, celui-ci a besoin de nouveaux alliés, quitte à se boucher le nez", poursuit l'universitaire. Pour lui, "cette invitation procède moins d'un réalisme politique que d'une étroite convergence idéologique".

Plus de 17 mois après le début de la guerre à Gaza, l'attention du pays est largement tournée vers l'échec du cessez-le-feu et la reprise des bombardements israéliens sur le territoire palestinien alors que 58 otages israéliens y sont encore retenus.

Des milliers de personnes manifestent aussi depuis des jours contre ce qu'ils considèrent comme une dérive autocratique de M. Netanyahu, dont le gouvernement essaie de se débarrasser du chef du Shin Bet (Sécurité intérieure) et de la procureure générale, deux personnalités critiques de la gestion des affaires par l'exécutif.

"Lecture sécuritaire" 

"Ceux qui se mobilisent actuellement contre un [projet d']Etat illibéral, ne sont pas satisfaits, et en même temps pas surpris" par la programmation de la conférence, estime M. Charbit

"Pour les mouvements progressistes, la gauche historique israélienne, qui rassemble aujourd'hui peu de personnes, il est très clair que ces extrêmes droite ne sont pas des alliées", abonde Thomas Vescovi, chercheur à l'EHESS à Paris et à l'Université libre de Bruxelles.

Mais selon ce spécialiste de la gauche israélienne, cette minorité se heurte au "profond sentiment de menace" ressenti par la société israélienne, renforcé par l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre 2023.

M. Vescovi estime que les autorités israéliennes  défendent depuis les attentats de la Seconde Intifada (le soulèvement palestinien de 2000-2005) une "vision du monde" dans laquelle Israël est "un pays occidental au coeur d'un orient menaçant, dominé notamment par des organisations islamistes", qui "dépolitise la question palestinienne et promeut une lecture sécuritaire".

A l'autre bout du spectre politique, le chercheur rappelle qu'une "partie de la droite israélienne perçoit le monde comme antisémite, donc ce qui compte pour eux c'est d'abord de savoir qui soutient Israël".

Or, en défendant "ces idées liées au choc des civilisations", l'extrême-droite israélienne converge avec d'autres mouvements, notamment européens.

"Quand on voit pour qui les Israéliens votent, on voit qu'une partie de la société israélienne partage ces idées réactionnaires ou d'extrême droite", conclut le chercheur, "une partie significative mais pas majoritaire".

 


Bayrou s'exprimera la semaine prochaine sur le débat «être Français»

Fin février, François Bayrou avait annoncé dans un entretien au Figaro qu'il allait lancer des "conventions citoyennes décentralisées" au premier semestre pour débattre de ce sujet qui, une nouvelle fois, divise la classe politique autour de l'immigration.  Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social". (AFP)
Fin février, François Bayrou avait annoncé dans un entretien au Figaro qu'il allait lancer des "conventions citoyennes décentralisées" au premier semestre pour débattre de ce sujet qui, une nouvelle fois, divise la classe politique autour de l'immigration. Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social". (AFP)
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  • Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social"
  • Concernant sa prise de parole, le Premier ministre "choisira bien l'endroit où est faite cette déclaration", a précisé la porte-parole

PARIS: Le Premier ministre s'exprimera "tout début avril" sur le débat "qu'est-ce qu'être Français?", annoncé il y a près de deux mois, a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.

"Aujourd'hui, le Premier ministre est en train de travailler sur les modalités" de ce débat, dont l'idée avait été lancée début février au lendemain de l'adoption par les députés d'une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, a précisé Mme Primas, qui s'exprimait sur Public Sénat.

Fin février, François Bayrou avait annoncé dans un entretien au Figaro qu'il allait lancer des "conventions citoyennes décentralisées" au premier semestre pour débattre de ce sujet qui, une nouvelle fois, divise la classe politique autour de l'immigration.

Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social".

Concernant sa prise de parole, le Premier ministre "choisira bien l'endroit où est faite cette déclaration", a précisé la porte-parole.

Par ailleurs, sur d'autres sujets, François Bayrou annoncera "dans les jours qui viennent" de "nouvelles mesures" pour lutter contre les déserts médicaux, et "à la fin de la semaine", "des mesures très structurantes" pour redorer l'attractivité du métier d'enseignant, a annoncé Sophie Primas.

Certes, ce ne sont pas thématiques "nouvelles", a-t-elle reconnu, mais "ce n'est pas de l'immobilisme de faire bouger des thématiques qui sont profondes et importantes", a-t-elle insisté face aux accusations d'immobilisme lancées par les oppositions, mais aussi par des responsables de formations participant au gouvernement, comme Edouard Philippe ou Laurent Wauquiez.


L’inquiétude des Français face à l’imminente publication d’un manuel de survie

Des visiteurs prennent des photos de l'horizon de la ville et de la Tour Eiffel depuis le belvédère de la Tour Montparnasse à Paris, le 15 septembre 2024. (AFP)
Des visiteurs prennent des photos de l'horizon de la ville et de la Tour Eiffel depuis le belvédère de la Tour Montparnasse à Paris, le 15 septembre 2024. (AFP)
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  • Cette initiative gouvernementale semble cristalliser l’anxiété collective
  • Le manuel de survie est-il un simple outil de prévention ou le préambule d’un basculement dans une ère de menaces accrues?

PARIS : Alors que la tension internationale ne cesse de croître, au sujet de la guerre en Ukraine, le gouvernement français s’apprête à distribuer, dans les prochaines semaines, un manuel de survie à tous les foyers français.

Loin de rassurer, cette initiative suscite une vague d’inquiétude et d’interrogations, totalement justifiée.

Le président russe Vladimir Poutine a brandi à nouveau la menace nucléaire, à l’adresse des pays européens alliés de l’Ukraine.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a considéré dans son allocution télévisée du 5 mars, que la Russie est une menace, tout en appelant à un «débat stratégique» sur la protection des alliés européens.

Ces déclarations plutôt alarmantes interviennent alors que l’Europe, et la France en tête, sont sommées de se réarmer et de consolider leurs moyens de défense, à la suite du désengagement franc, exprimé par le président américain Donald Trump.

Il n’en faut pas plus pour qu’un climat anxiogène submerge les Français et ébranle la certitude jusque-là ancrée dans leur esprit, selon laquelle leur pays et leur continent, sont un espace de paix, garanti et protégé par la solidité historique des relations transatlantiques.

Or depuis le changement d’alliance brutal, opéré par le président américain, à la faveur de la Russie, cette garantie devient caduque et doit être compensée par les Européens eux-mêmes, alors que la recherche des moyens pour financer cet effort vire au casse-tête.

C’est dans ce contexte particulièrement délicat que le gouvernement français a dévoilé son intention de distribuer un manuel de survie aux crises, information accueillie avec circonspection par les Français.

S’agit-il d’une simple mesure préventive ou d’un signe avant-coureur d’un danger imminent?

Cette annonce ne fait qu’amplifier les craintes de la population française, confirmée par les sondages successifs.

Ils sont 76 pour cent à se dire inquiets par les évolutions de la guerre russe en Ukraine, et craignent une extension du conflit, selon un sondage de l’institut CSA pour la chaîne d’information CNEWS.

Dans un sondage de l’institut IFOP pour le journal 20 minutes, ce pourcentage de Français inquiets grimpe à 92 pour cent, même si le gouvernement a fait savoir que la publication du manuel était à l’étude dès le lendemain de la pandémie de Covid-19 et qu’il n’a rien à voir avec la situation de guerre en Ukraine.

Baptisé «France Résilience» ou «Tous résilients», ce manuel élaboré par le ministère de la Défense est en attente de validation par le Premier ministre François Bayrou.

Il s’inspire des manuels en vigueur dans les pays nordiques tels que la Suède ou la Finlande et il est conçu pour être pratique et accessible, et comprend trois axes.

Premier axe, les gestes de survie, ou comment se protéger, évacuer ou s’abriter selon la nature de la crise.

Deuxième axe, l’identification des signaux d’alerte, comme reconnaître les sirènes et se tenir informé à travers les médias et suivre les consignes officielles.

Troisième axe, l’engagement civil dans les différents dispositifs de volontariat tel que la Croix-Rouge, la sécurité civile ou autres.

Cependant, ce qui frappe surtout les esprits dans le manuel, c’est la constitution d’un kit de survie permettant à chaque individu de tenir en autonomie pendant trois jours.

Le manuel dresse une liste des principaux produits à stocker, dont l’eau en bouteille, les conserves et autres denrées alimentaires de base, les médicaments requis pour chacun ainsi que des médicaments de base, en plus des torches électriques et des piles.

«Est-on face à une mesure de prévention ou un signal d’alerte?», s’interrogent les Français sur les réseaux sociaux.

La publication de ce manuel ne fait pas l’unanimité, certains y trouvent une bonne décision permettant à chacun de mieux se préparer à d’éventuelles crises, mais d’autres ont à l’esprit le «timing» de sa publication.

Les plus suspicieux voient dans le manuel un aveu d’impuissance de l’État face aux risques, mieux encore pour d’autres, ce n’est qu’une manière de préparer les Français à une augmentation de leurs impôts, pour financer l’effort de réarmement.

Alors que la Russie intensifie sa guerre en Ukraine et que la France réaffirme son rôle de puissance nucléaire en Europe, cette initiative gouvernementale semble cristalliser l’anxiété collective.

Le manuel de survie est-il un simple outil de prévention ou le préambule d’un basculement dans une ère de menaces accrues?