ISTANBUL: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accepté vendredi de recevoir le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, qui s'était dit prêt la veille à se rendre "immédiatement" en Turquie pour obtenir un feu vert d'Ankara à l'adhésion de son pays à l'Otan.
"Le nouveau Premier ministre suédois a demandé à être reçu. J'ai dit à nos amis: +Donnez-lui rendez-vous afin qu'il vienne+", a déclaré le chef de l'Etat turc lors de son vol retour d'Azerbaïdjan, selon des propos rapportés par plusieurs médias turcs.
M. Erdogan, qui menace de bloquer l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan, a de nouveau prévenu que le Parlement turc ne ratifierait pas l'adhésion des deux Etats nordiques tant que les demandes d'extradition formulées par Ankara ne seraient pas honorées.
"Ces terroristes (...) doivent être appréhendés et nous être livrés", a déclaré le président turc.
Le chef de l'Etat accuse la Suède et la Finlande de protéger notamment des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par Ankara.
A ce jour, 28 Etats membres - sur trente - de l'Alliance atlantique ont ratifié l'adhésion de la Suède et de la Finlande.
Seules la Hongrie et la Turquie doivent encore donner leur accord final.
Venu en Finlande pour sa première visite officielle depuis la prise de fonctions de M. Kristersson, le nouveau chef de la diplomatie suédoise Tobias Billström a salué la nouvelle "très positive" de la visite à Ankara.
"Il y aura un cadre large de négociations" sur l'accord signé en juin entre les trois parties.
Lors du sommet de l'Otan à Madrid fin juin, la Suède, la Finlande et la Turquie avaient signé un mémorandum ouvrant l'accès des deux nations nordiques à l'Otan.
Mais le président turc avait immédiatement brandi la menace d'un veto dans l'éventualité où certaines conditions ne seraient pas remplies.
Aucune date n'a été fixée dans l'immédiat.
Selon un diplomate occidental interrogé par l'AFP, il y a une "chance raisonnable" qu'un accord soit trouvé avec Ankara avant les élections en Turquie prévues en juin.
"Erdogan a réussi à sensibiliser à ses intérêts. Beaucoup autour de lui se relaient pour lui faire valoir que c’est dans l’intérêt du pays" de dire oui à la Suède et à la Finlande.
L'universitaire Paul Levin, spécialiste des relations suédo-turques à l'université de Stockholm, s'est dit "prudemment optimiste" sur la possibilité d'une avancée lors de la future rencontre.
"Je pense que les choses peuvent bouger. Même si les mots côté turc ont jusqu'ici été assez durs, ils l'étaient aussi avant le sommet de Madrid (...) or il y a eu un accord", souligne l'expert à l'AFP.
Pour la première fois dans l'histoire politique suédoise, le gouvernement de droite de M. Kristersson s'appuie sur une majorité incluant le parti d'extrême droite des Démocrates de Suède, habitué à des déclarations anti islam.